Devoir de Philosophie

Que symbolise le cycle des saisons dans tous les matins du monde de Pascal Quignard ?

Publié le 04/01/2012

Extrait du document

pascal

La vie de l'homme et ses oeuvres, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, sont intimement liées au cycle des saisons. Poètes et écrivains, pour en témoigner, ont de tous temps usé de la symbolique des saisons : ainsi le printemps, « primus tempus « chez les latins, premier temps qui avait le sens de « bonne saison « est l'éveil, le commencement, l'enfance, le lever de soleil, le démarrage d'une activité, sur des bases vierges, optimistes, dynamiques, volontaristes ; l'été du grec « aithein « qui signifiait « faire brûler «, et qui a donné « aither « « ciel lumineux «, représente la jeunesse, le soleil qui arrive à son zénith : les forces sont rassemblées, préparées, c'est le moment d'agir, c'est une plénitude dans la connexion avec la réalité ; l'automne « automnus « ou « auctumnus « vient « d'augeo « qui veut dire « augmenter «, c'est la saison qui est augmentée, enrichie, c'est aussi la résignation du poète, l'automne des idées, le dépérissement des forces créatives, c'est la saison des moissons mais aussi celle des regrets, le soleil commence à se pencher sur l'horizon, le temps de récolter les fruits et d'en jouir, le temps de regretter la beauté passée, c'est l'époque de l'opulence ; l'hiver enfin « hibernum tempus «, temps hivernal, est la saison qui glace les ambitions, c'est le repos qui suit la période d'activité : cela peut être la mort...

pascal

« autres scènes au printemps ou à l'été.Au chapitre XVII c'est encore l'été que Marin et Toinette sont attirés l'un par l'autre « elle lui fit signe, elledescendit.

Il faisait très chaud ».Cette lumière qui irradie les pages du roman de Pascal Quignard donne à l'histoire une teinte lumineuse.

Cependantle clair se mêle toujours à l'obscur, l'insouciance est vite entachée de gravité.

En effet, il existe de nombreusestensions entre le jour et la nuit comme le montre l'incipit. Ainsi, la lumière de l'été qui illumine la seine p.42 se mélange « à une brume rouge » qui assombrit l'eau qui coule etlui donne l'aspect d'une « blessure » qui saigne. L'hiver plus concrètement encore, est la saison qui appelle un traitement symbolique en raison de la proximité avecla mort et la disparition : le deuil de la nature s'associe aux disparitions à venir. Au chapitre XXII, « l'hiver 1684 » (p.95) la mort d'un saule annonce la maladie de Madeleine « Monsieur de SainteColombe avait été très affecté par le bris d'un saule parcequ'il coincida avec la maladie de sa fille Madeleine »(p.95).

Dans ce chapitre aussi, Sainte Colombe est envahi d'une immense tristesse, et ne fait plus rien (p.96) Le dénouement du roman se situe à la fin de l'hiver : le froid est vif, il symbolise la fixité, le non déperissement :c'est une saison symbolique qui annonce un début, un changement , une aube nouvelle. Sainte Colombe et Marin Marais jouent ensemble, une nuit particulière éclairée par la pleine lune, une nuit dontl'éclairage et la date sont emblématique puisqu'on est au début de l'année : il s'agit du 23 janvier 1689 « la lunebrillait, il n'y avait aucun nuage.

»Oh se dit Marin Marais, cette nuit est pure, le ciel plus froid et plus éternel, la luneplus ronde...

c'est peut être ce soir » (p.110) Cette première et dernière leçon de musique dure jusqu'à l'aube annoncée par la lumière jaune qui pénètre par lalucarne de la cabane : le roman se clos sur cette dernière phrase : « ce n'est qu'à l'aube que Marin Marais s'enretourna à Versailles ».

Sainte Colombe peut mourir en paix : cette aube qui éclaire la fin du roman semble pleined'espérance. On peut dire enfin qu'au cycle des saisons, Pascal Quignard superpose la succession des âges de la vie : plusieurspassages illustrent les étapes de ce parcours irrémédiable qui fait passer de l'enfance à la vieillesse, de la naissanceà la mort. Tout d'abord la métamorphose physique de l'adolescent Marin Marais, qui lui « brise » la gorge et qui le sépareviolemment du monde idéal de l'enfance « la blessure qu'il avait reçue à la gorge lui paraissait....

irrémédiable »(p.42)De même pour Toinette au moment de sa puberté lorsque les pertes sanguinolentes la contraignaient à « mettre unlinge entre ses jambes » (p.33)Enfin la dégradation physique de Madeleine qui suscite ce même constat effrayé face au passage du temps « vosjoues sont creuses, vos yeux sont creux, vos mains sont tellement maigries » s'effraye Marin Marais (p.102) Conclusion : Tout ce qui commence porte une fin en soi, le premier matin du monde, le premier lever de soleil, contiennent tousles autres qui ne sont que répétition.

Ainsi, le cycle des saisons qui rythme l'oeuvre de Pascal Quignard, place lerécit au coeur d'une problématique temporelle, le paradoxe entre le renouveau incessant de la vie et la fuiteinexorable du temps, le cycle des saisons dominé par la perte...Mais la mort est-elle réellement une fin ? Comme après l'hiver, la terre se prépare pour un nouveau printemps... Document demandé: http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-toutes-croyances-elles-irrationnelles-106623.html. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles