Quel prosateur préférez-vous ?
Publié le 12/02/2012
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Je n'ai pas à m'examiner longuement : le prosateur que je préfère, c'est Louis Veuillot. Il est nombre d'ouvrages, réputes la gloire de notre littérature, dont ma foi ou la simple honnêteté m'interdisent l'accès et qui sont à mon endroit comme s'ils n'existaient pas. Mais de me voir ôter Louis Veuillot, je m'en affligerais à l'égal d'un deui, car j'admire et j'aime profondément en lui le grand écrivain, le fier chrétien, le brave homme...
«
poesie non de seconde main, mais pure et puisee a meme la source.
Et tou-
jours aussi l'aisance souveraine, l'inalterable transparence, et le mouvement,
et In vie.
Quel eerivain! Si son nom est demeure dans une demi-obscurite, la raison en est qu'il a
passe sa vie a combattre ceux-la memes qui, en vertu de leur influence, se
trouvent titre les dispensateurs de in renommee.
Ne pouvant en rigueur
refuser tout talent, sls ont noye quelques maigres eloges en des Hots de
maledictions; et le public, sur la foi de ses guides, s'est detourne vers des
idoles fragiles que 1 on dressait ailleurs, car l'admiration &tent pour la foule
un besoin, peu lui importe l'objet, pourvu que ce besoin se satisfasse.
Mais le
present a beau prendre ses mesures, it n'arrive pas a circonvenir la posterite;
un jour vient ou ses injustes arrets sont casses.
Ce jour ne serait-il point venu
pour Louis Veuillot? Ii y a quelque quarante ans, de libres esprits, ayant exhume son oeuvre du monceau d'injures oin elle gisait, ont proclame bien
haut leur surprise ravie; on apercoit de plus en plus dans i'opinion les signer
d'un mouvement de volte-face; it est lent, mais comptons qu'il ne s'arretera
que dans la pleine estime.
re Somme toute, dit Jules Lemaitre, je n'hesite pas
un moment a le compter dans la demi-douzaine des fres grands prosateurs de
ce siècle.
> Remarquez le sens a la fois elastique et précis de l'expression :
le fin critique ne se precautionnerait-il point contre un jugement probable
de l'avenir? Ce pourrait bien etre la premiere place qui lui ffit reservee, qui
salt? En tout cas, nous osons croire que L.
Veuillot est digne de la partager
.avec Chateaubriand, dont it a d'ailleurs continue et complete l'ceuvre.
J'admire sans reserve le grand ecrivain; toutefois mon affection pour lui
est surtout faite de gratitude, parce que ses ressources surabandantes, it les a
vouees au service de mes croyances.
Des l'instant de sa conversion, it prit la
croix et partit en guerre contre l'infidele; it ne xevint pas, et la croix passa
de sa poitrine sur son tombeau :
Apres la derniere priere,
Sur ma fosse plantez la erois.
Un sculpteur moderne a figure, debout, vett' de son armure, un chevalier
italant sur ses bras largement tendus le mot : Credo; personne an xir siècle
n'a miens realise que Louis Veuillot ce beau symbole.
La lutte soutint
fut veritablement Sue
mais fertile en victoires, elle le fut davantage en
sacrifices.
Essuyer la haine et les injures de l'incredule, qu'etait-ce pour lui?
sa grande douleur fut de subir les soupcons et les attaques de ses freres
d'armes.
Mais, intransigeant comme la verite, plus encore peut-etre, it n'en
voulut jamais ceder la moindre parcelle au prix meme de Pamitie.
On a constate la convenance et Poppcirtunite de son attitude agressive;
plusieurs ant critique °violemment ce gulls appelaient ses violences : it y
aurait beaucoup a repondre.
Disons seulement que le devoir seul, et non
l'inclination, le fit entrer dans sa vole et l'y maintint en depit de touter les
disgraces; son temperament le portait en effet bien plus a la paix qu'a in
lutte.
Ajoutons une remarque : si tous les chretiens sont tenus d'imiter d'une
maniere generale Jesus-Christ, it en est qui ont recu la vocation de repro-
duire specialement tele de ses vertus, tel trait de sa vie les uns remontent
son calvaire par la souffranee, les autres repetent ses paroles de benediction;
faut-il done etre scandalise que Louis Veuillot se soit consacre A chasser les vendeurs du temple et a redire quelquefois a des Bens qui le meritaient bien
e.< Hypocrites! sepuleres blanchisl langues de viperes!.) Mais la meilleure justification de son oeuvre, test son influence, e'vidente
A cette heure, et qui le deviendra davantage avec les annees surtout lorsque
la fumee du combat fenveloppe encore sera dissipee.
II a effraye un
moment les adversaires de i'Eglise et ralenti leurs insultes, Landis gull re-
jouissait et fortifiait les fideles.
Grace a lui, bien des masques soul tombes;
quantite de prejuges et de sophismes out fini de regner.
Il a mine en partie
le respect hurnain si tyrannique ii y a un cleini-siecle.
Durant deux cents ans,
notre literature etait demeuree pa erne dans l'ensemble, la religion ne
possedant guere offieiellement que Pun des cantons de Peloquence; Chateau -
1 riand donna tine sorte de religiosite suns consistance; A Louis Veuillot
revient in gloire de i'avoir convertie au christianisme integral.
Ii eprou_va la verite du t centuple promis ici-bas ».
Sit foi, augmentant la
poésie non de seconde main, mais pure et puisée à même la source.
Et tou jours a:u,ssi l'aisance.
souveraine, l'inaltérable transparence., et le mouvement, et la :vié.
Quel écrivain!.
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Si son nom est demeuré dans une demi~obscutité, la raison en est qu•n a passé sa vie à combattre ceux-là mêmes qui, en vertu de leur influence, se trouvent être les disv.ensateurs de la renommée.
Ne ~ouvant en rigueur lui refuser tout talent, Ils ont noyé quelques maigres eloges en des flots de malédictions; et le rublic, sur la foi de ses guides, s'est détourné vers des idoles fragiles que l on dressait ailleurs, car l'admiration étant pour la foule un besoin, peu lui importe l'objet, pourvu que ce besoin se satisfasse.
Mais le présent a beau prendre ses mesures, il n'arrive pas à circonvenir la postérité; un jour vient ou ses injustes arrêts sont cassés.
Ce jour ne serait-il point venu pour Louis Veuillot? Ii y a quelque quarante ans, de libres esprits, ayant :exhumé san œuvre du monceau d'injures où elle gisait, ont proclamé bien haut leur surprise ravie; on aperçoit de plus en plus dans l'opinion les signe.
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