Devoir de Philosophie

Quelques aspects de l'ironie voltairienne

Publié le 26/03/2015

Extrait du document

Elle tend à ridiculiser la réalité en l'éloignant de son contexte habituel. Peu cultivé, même s'il est déjà dégrossi à son arrivée en Bretagne, l'Ingénu est naturel­lement porté à des maladresses dont s'empare l'ironie voltairienne. Sa menace, escortée d'un néologisme — « Si on me prive de la belle Saint-Yves, sous prétexte de mon baptême, je vous avertis que je l'enlève et que je me débaptise « —, trans­forme le baptême en pratique dépourvue de tout sens et pose le problème des rela­tions entre la religion, la société et la nature.

« fier sa vertu est qualifiée de« bonne amie», de« brave personne», jusqu'à ce que l'énonciateur fasse la lumière : « Cette brave personne augmentait ainsi les per­ plexités de cette âme désespérée et enfonçait le poignard dans son cœur.

» Le père Tout-à-tous est qualifié, par antiphrase*, de« bon confesseur», ce qui aide à décou­ vrir son hypocrisie et son immoralité.

Les alliances de mots L'ironie peut naître d'un rapprochement inattendu de termes connus, comme on le voit dans le titre d'un chapitre de Candide : «Comment on fit un bel autodafé pour empêcher les tremblements de terre ...

».

Elle surgit dans la description des armées abare et bulgare avec la présentation de l'orchestre, composé, comme ceux de Lulli ou de Mozart, d'instruments éclatants et graves : trompettes, fifres, haut­ bois, tambours.

Mais l'énumération se clôt sur le bruit des canons : Voltaire a feint de voir la guerre avec la naïveté de Candide, mais ironiquement il ramène le lec­ teur à la réalité.

Ill -LA RECHERCHE DE L'IMPROPRIÉTÉ, DE LA PÉRIPHRASE OU DE L'ÉTRANGETÉ 1:'.~.1::~E()~rié~ Elle tend à ridiculiser la réalité en l'éloignant de son contexte habituel.

Peu cultivé, même s'il est déjà dégrossi à son arrivée en Bretagne, !'Ingénu est naturel­ lement porté à des maladresses dont s'empare l'ironie voltairienne.

Sa menace, escortée d'un néologisme - « Si on me prive de la belle Saint-Yves, sous prétexte de mon baptême, je vous avertis que je l'enlève et que je me débaptise»-, trans­ forme le baptême en pratique dépourvue de tout sens et pose le problème des rela­ tions entre la religion, la société et la nature.

1:'..e~.P~i::!~~i:ases On retrouve l'ironie dans l'emploi de périphrases ou d'euphémismes*.

Candide et Pangloss sont« menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'étaitjamais incommodé du soleil».

Gommant les péripéties secon­ daires, on passe directement du cachot à l'autodafé : Candide y est « fessé en cadence, pendant qu'on chantait», fessé et non flagellé, euphémisme qui suscite l'ironie sur cette réalité triviale, au moment où un sort atroce va être réservé aux autres condam­ nés, et qui fait ainsi ressortir les horreurs engendrées par la superstition.

~_'-~ra~get~ L'ironie peut aussi se cacher derrière des néologismes ou des mots rares.

Dans La Princesse de Babylone, Amazan s'attaque au « grand antropokaie entouré de ses petits antropokaies »:on pense à un énorme singe au milieu de ses petits et Voltaire, qui regrettait de n'avoir fait tuer qu'un inquisiteur par Candide, donne libre cours à son imagination.

De même dans L'ingénu on découvre des« apédeutes linostoles », néologisme savant(= des ignares vêtus de lin) qui permet à !'écrivain une critique des prêtres de la Sorbonne censurant et condamnant les livres des philosophes.

Conclusion : L'ironie chez Voltaire tend toujours à l'efficacité : en obli­ geant le lecteur à découvrir les vraies et les fausses apparences du texte, elle intègre une véritable stratégie dans une écriture de combat.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles