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Quels genres poétiques ont été le plus cultivés et avec le plus de succès au XVIIe siècle, et pourquoi ceux-là plutôt que d'autres ?

Publié le 16/02/2012

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On peut dire que tous les genres poétiques ont été cultivés au xvne siècle; mais non avec un égal succès. Entendons-nous d'ailleurs sur ce mot. Tels vers médiocres, accueillis avec enthousiasme par les contemporains, ne sont plus célèbres que par leur niaiserie ou leur ridicule. Les sonnets de Benserade et de Voiture, qui mirent en effervescence les beaux-esprits de jadis, risqueraient de laisser froids les lettrés d'aujourd'hui. Nous envisagerons donc la question par rapport à nous, autant que par rapport aux hommes d'autrefois. Le temps a achevé son travail de discrimination : nous savons de science certaine ce qui est chef-d'oeuvre et ce qui ne l'est point. C'est à sa lumière et sous sa conduite que nous circulerons dans ce labyrinthe où le meilleur côtoie le pire....

« application superstitieuse de recettes et de procedes ne sauraient remplacer l'inspiration. Nos pokes epiques avaient aussi trap lu les romans :l'Astree, le Grand Cyrus, Cle lie, Cleoptitre, Polexandre, Artamene, etc...

Its etaient en proie a cette fringale qui n'epargnait point les meilleurs esprits.

La Fontaine s'en confesse... Etant petit garcon je lisais son roman (rAstree, d'Urfe) Et je lis encore avant la barbe grise... J'ai lu vingt et vingt fois celui de Polexandre... Alm' de Sevigne, quoiqu'elle estime le style de La Calprenede « maudit en cent endroits », s' « y laisse prendre comme a de la glu ».

A plus forte raison les esprits moyens qui s'essayent a repopee.

Its mettent en vers Polexandre.

Resultat : ils peignent des « Brutus galants » et des « Lucreces amoureuses », ce qui indigne justement rhonnete Despreaux. Mais celui-ci eut un grand tort.

Apres avoir execute les pietres epopees de ses contemporains, iI pretendit leguer a la posterite une theorie ration- nelle du genre, et condamna le « merveilleux chretien ».

Voltaire, son eleve docile, produisit la Henriade pour illustrer cette doctrine.

Et nous ne le pardonnons ni a l'un ni a l'autre. Le lyrisme, expression personnelle, imagee, enthousiaste, rythmee, de sentiments inspires par des lieux communs, n'existe, au contraire de I'esprit epique, qu'a l'etat erratique au xvii' siecle. Malherbe, en voulant reformer la poesie, a etrangle le lyrisme.

Ses odes, eloquentes et raisonnables, correctes et harmonieuses, sont assez pauvres fie vocabulaire, et de rythmes assez peu varies; elles manquent surtout de cette note personnelle en quoi reside le lyrisme.

Et cependant it passa, en son temps, pour inegalable, tandis que les gloires de la Pleiade rentraient dans l'ombre.

On connait le mot du Cardinal du Perron, le meme qui, vingt ans plus tot, prononcait reloge funebre de Ronsard : « II ne faut plus que qui que ce soit se mele de vers apres un gentilhomme de Nor- mandie, etabli en Provence, nomme Malherbe.

II a porte la poesie francaise un si haut point que personne n'en pourra jamais approcher.

» La poste- rite n'a pas ratifie ce jugement.

Maynard et Racan, ses disciples, n'etaient pas de tailie a remonter les cordes brisees de notre lyre.

Les « burlesques », les « grotesques », que nos romantiques ont tente de rehabiliter, Wont rien produit qui explique cette tentative.

Ni Theophi/e, ni Saint-Amant, chantres de la Solitude, ni Cyrano, a l'imagination drola- tique, ni Racan et ses Bergeries, ni Segrais, parfois frais at vrai, ni l'auteur de l'Ode sur la Prise de Namur ne sauraient passer pour des lyriques.

On a parfois accorde ce titre a Quinault; si ses livrets d'opera ne manquent pas d'un certain lyrisme, et si Boileau a ete pour lui trop severe, ses pro- ductions ne justifient pas l'engouement de Voltaire.

On cite encore, comme morceaux lyriques, les Stances du Cid et de Polyeucte, certains fragments de l'Imitation en vers, les chceurs d'Esther et d'Athalie.

Mais ce n'est pas le poke qui park dans les tragedies de Corneille, ce sont des personnages engages dans une action.

Il ne fait que traduire, dans l'Imitation, comme Malherbe ou Desportes dans leurs Psaurnes paraphrases.

Et Racine, dans ses poemes bibliques, fait parler une collectivite.

Non, ce n'est pas le lyrisme tel que nous Ie concevons.

Comment expliquer cette indigence relative a une époque si riche en genies personnels? Le xvir siecle kali trop penetre de raison, de psycho- logie generale, de sociabilite, de politesse pour qu'y pat fleurir l'indivi- dualisme lyrique.

L'esprit de societe condamne le « mop.

haissable », pres- crit des modeles, impose des modes.

La Iangue des salons devient abstraite, le « distingue » s'y substitue au « pittoresque », la periphrase rempIace le mat propre, trop « vulgaire ».

On n'ose faire de Ia famine, sanctuaire invio- lable, de l'enf ant, a qui est due la plus grande reverence, une matiere litte- raire.

L'homme, c'est la raison, le reste - sensibilite, imagination, tout ce qui differencie un homme d'un autre - est negligable.

L'animal n'est qu'une mecanique.

La nature inanimee n'est rien, comparee a l'homme.

La cam, pagne « sent le fumier ».

Les notions de patrie et de nation, insuffisamment ,leveloppees, ne peuvent inspirer le poke.

Le Roi absorbe toute Ia nation : application superstitieuse de recettes et de procédés ne sauraient remplacer l'inspiration.

Nos poètes épiques avaient aussi trop lu les romans : VAstrée, le Grand Cyrus, Clehe, Cleopâtre, Polexandre, Art amène, etc..

Ils étaient en proie a cette fringale qui n'épargnait point les meilleurs esprits. La Fontaine s'en confesse...

Etant petit garçon je lisais son roman (l'Astrée, d'Urfé) Et je lis encore ayant la barbe grise...

...Tai lu vingt et vingt fois celui de Polexandre...

Mme de Sévigné, quoiqu'elle estime le style de La Calprenède « maudit en cent endroits », s « y laisse prendre comme à de la glu ».

A plus forte raison les esprits moyens qui s'essayent à l'épopée.

Ils mettent en vers Polexandre. Résultat : ils peignent des « Brutus galants » et des « Lucrèces amoureuses », ce qui indigne justement l'honnête Despréaux.

Mais celui-ci eut un grand tort. Après avoir exécuté les piètres épopées de ses contemporains, il prétendit léguer à la postérité une théorie ration­ nelle du genre, et condamna le « merveilleux chrétien ». Voltaire, son élève docile, produisit la Henriade pour illustrer cette doctrine. Et nous ne le pardonnons ni à l'un ni à l'autre.

Le lyrisme, expression personnelle, imagée, enthousiaste, rythmée, de sentiments inspirés par des lieux communs, n'existe, au contraire de Fesprit épique, qu'à Fetat erratique au xvne siècle.

Malherbe, en voulant réformer la poésie, a étranglé le lyrisme. Ses odes, éloquentes et raisonnables, correctes et harmonieuses, sont assez pauvres de vocabulaire, et de rythmes assez peu variés; elles manquent surtout de cette note personnelle en quoi réside le lyrisme. Et cependant il passa, en son temps, pour inégalable* tandis que les gloires de la Pléiade rentraient dans l'ombre. On connaît le mot du Cardinal du Perron, le même qui, vingt ans plus tôt, prononçait l'éloge funèbre de Ronsard ; « Il ne faut plus que qui que ce soit se mêle de vers après un gentilhomme de Nor­ mandie, établi en Provence, nommé Malherbe. Il a porté la poésie française à un si haut point que personne n'en pourra jamais approcher. » La posté­ rité n'a pas ratifié ce jugement.

Maynard et Racan, ses disciples, n'étaient pas de taille à remonter les cordes brisées de notre lyre.

Les « burlesques », les « grotesques », que nos romantiques ont tenté de réhabiliter, n'ont rien produit qui explique cette tentative. Ni Théophile, ni Saint-Amant, chantres de la Solitude, ni Cyrano, à l'imagination drola­ tique, ni Racan et ses Bergeries, ni Segrais, parfois frais et vrai, ni Fauteur de YOde sur la Prise de Namur ne sauraient passer pour des lyriques. On a parfois accordé ce titre à Quinault; si ses livrets d'opéra ne manquent pas d'un certain lyrisme, et si Boileau a été pour lui trop sévère, ses pro­ ductions ne justifient pas l'engouement de Voltaire. On eite encore, comme morceaux lyriques, les Stances du Cid et de Polyeucte, certains fragments de Y Imitation en vers, les chœurs d'Esther et d'Athalie.

Mais ce n'est pas le poète qui parle dans les tragédies de Corneille, ce sont des personnages engagés dans une action. Il ne fait que traduire, dans Ylmitation, comme Malherbe ou Desportes dans leurs Psaumes paraphrasés.

Et Racine, dans ses poèmes bibliques, fait parler une collectivité.

Non, ce n'est pas le lyrisme tel que nous le concevons.

Comment expliquer cette indigence relative à une époque si riche en génies personnels? Le xvne siècle était trop pénétré de raison, de psycho­ logie générale, de sociabilité, de politesse pour qu'y pût fleurir l'indivi­ dualisme lyrique.

L'esprit de société condamne le « moi haïssable », pres­ crit des modèles, impose des modes. La langue des salons devient abstraite, le « distingué » s'y substitue au « pittoresque », la périphrase remplace le mot propre, trop « vulgaire ».

On n'ose faire de la famille, sanctuaire invio­ lable, de l'enfant, à qui est due la plus grande révérence, une matière litté­ raire. L'homme, c'est la raison, le reste — sensibilité, imagination, tout ce qui différencie un homme d'un autre — est négligable. L'animal n'est qu'une mécanique.

La nature inanimée n'est rien, comparée à l'homme. La cam^ pagne « sent le fumier ».

Les notions de patrie et de nation, insuffisamment développées, ne peuvent inspirer le poète.

Le Roi absorbe toute la nation :. »

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