Qu'est-ce qu’un héros?
Publié le 07/10/2018
Extrait du document
«
I.
Un personnage
exceptionnel?
1.
Héros et héroïsme
Historiquement et étymologiquement, la notion de héros vient
de la culture et de la langue grecques.
On affirme couramment
que le héros, pour les Grecs, est un demi-dieu, issu d'une
divinité et d'un être humain, à l'instar d'Héraklès (qualifié
de hérôs theos par Pindare), Achille – fils d'une déesse,
Thétis, et d'un mortel, Pélée – ou Enée, fils d'Aphrodite et
du bouvier Anchise.
Mais c'est loin d'être le cas de tous les
héros de la guerre de Troie.
En grec, le sens premier du mot
héros n'est pas théologique mais sociologique: ceux qu'Homère
qualifie ainsi, ce sont les chefs militaires, les généraux à
la tête de l'armée, tel Agamemnon – autant de rois et de
princes.
Par suite, l'Odyssée appelle « héros » tout homme qui
se distingue par son courage au combat ou par quelque talent.
Cela étant, la référence à ces personnages mythologiques n'est
pas forcément éclairante pour la définition du héros en
littérature.
En effet, Achille, Hector ou Enée, parce qu'ils
appartiennent aux croyances collectives, sont des héros
inconditionnels.
Héros a priori, pour ainsi dire, ils le
demeurent dans tout contexte, même quand ils sont tournés en
dérision sur le mode burlesque (Scarron, Le Virgile travesti).
C'est au sens où ses épistolières écrivent à des héros
consacrés (Pénélope à Ulysse, Phèdre à Hippolyte, Ariane à
Thésée, Médée à Jason ...
) qu'Ovide a pu intituler Héroïdes
l'un de ses recueils poétiques.
De même, les héros que la
tragédie met en scène sont généralement des figures
légendaires, tirées de la mythologie.
Quel que soit leur rôle
dans
l'action et quoi qu'ils fassent, Ajax (chez Sophocle), Médée,
Hippolyte, Andromaque ou Hélène (chez Euripide) sont des héros
et des héroïnes parce que la tradition les a désignés comme
tels, indépendamment de toute transposition littéraire.
A cet
égard, leur statut héroïque n'est donc pas problématique.
Si elle emprunte donc ses personnages à l'imaginaire national,
l'épopée, « poème héroïque » par excellence, n'en fixe pas
moins le type littéraire du héros, au sens le plus noble du
terme.
Une idéologie aristocratique, élitiste et guerrière,
fonde ici une topique où le héros se distingue tout à la fois
par sa naissance, sa force physique, sa vaillance au combat et
sa capacité à affronter victorieusement les épreuves.
Encore
ses exploits, aussi éclatants soient-ils, ne suffisent-ils
peut-être pas à reconnaître un héros comme tel.
Pour être
héroïque, il faut être capable de dépassement de soi:
l'abnégation, le sacrifice de son propre bonheur au salut
commun, voilà des qualités indispensables.
Critère décisif, le
héros épique ne craint pas la mort, pourvu qu'elle soit
glorieuse et qu'elle lui confère une sorte d'immortalité, dans
la mémoire des hommes.
Supérieur au commun des mortels, il
appelle alors un traitement sublime.
Ce type du héros proprement héroïque n'est pas réservé à
l'épopée ou à la tragédie (celles de Corneille notamment).
Comme le montre Bakhtine (Esthétique et théorie du roman),
tout un pan du genre romanesque est fondé sur « l'idée de
l'épreuve du héros », qui lui est « essentielle ».
C'est «
2.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Explication linéaire n°9 Madame Bovary: Dans quelle mesure cette rencontre amoureuse, bien que classique, est-elle magnifiée par le regard du héros ?
- Evolution des caractéristiques du héros de roman du XVII ème siècle au XXIème siècle
- Diptyque de latin : les héros - Tite Live Ab Urbe condita liber XXI, IV
- Un critique définit le héros cornélien de cette manière : “Des héros tout d’une pièce, immobiles et raides dans leurs grandes armures, artificieusement mis aux prises avec des événements extraordinaires et déployant des vertus presque surnaturelles ou des vices non moins monstrueux”. Qu’en pensez-vous ?
- SADKO. Il est un des principaux héros de l’épopée russe — Bylines