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Qui a le droit de juger en art ?

Publié le 04/11/2016

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L’art ancien n’était sans doute pas mieux compris en son temps que ne l’est l’art moderne aujourd’hui. Il permettait seulement à plus de personnes d’avoir l’illusion de le comprendre, parce que chacun en saisissait au moins quelque chose (la signification sociale), tandis que l’art moderne ne parle véritablement qu’à ceux qui comprennent le langage des formes.

 

Les démagogues d’aujourd’hui se plaisent à faire du fameux « homme de la rue » le suprême arbitre des questions culturelles et ils croient ou feignent de croire qu’il en a toujours été ainsi. Mais qu’est-ce que L’École d'Athènes (l) a bien pu signifier pour « l’homme de la rue du xvr siècle? Raphaël sans doute ne se posait pas même la question. Il avait à contenter le pape, quelques cardinaux peut-être. Les autres, ceux auxquels on pense aujourd’hui quand on parle du public, étaient-ils satisfaits eux aussi? Nous l’ignorons parce qu’ils n’avaient pas de voix. De même, nous savons ce que Diderot pensait de l’art de son temps, mais nous ne savons pas ce qu’en pensait son valet ou le concierge de ses voisins

Joseph-Émile MULLER, L’art moderne, 1963.

Vous ferez à votre guise, soit un résumé du texte, soit une analyse. Vous indiquerez nettement en tête de l’exercice le mot résumé ou le mot analyse.

 

Vous choisirez ensuite dans le texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé. Vous l’exposerez en précisant le point de vue de l’auteur, et vous présenterez votre avis personnel sous la forme d’une argumentation ordonnée menant à une conclusion.

1. « L’homme de la rue » peut-il, ou même doit-il, être le « suprême arbitre des questions culturelles »?

 

2. Convient-il « de refuser à « l’homme de la rue » le droit de se prononcer en matière artistique » ?

 

Autre façon de présenter le sujet :

 

Convient-il, se demande J. E. Muller, dans L'art Moderne, 1963, « de refuser à « l’homme de la rue » le droit de se prononcer en matière artistique »? C’est le problème sur lequel va être conduite la discussion.

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« Est-ce à dire qu'ü convienne de refuser à l'« homme de la rue " le droit de se prononcer en matière artistique? Nullement, mais on doit le mettre en êtat de se prononcer avec quelque compê­ tence.

Malheureusement ü est plus facile de flatter l'ignorance que de s'appliquer à l'abolir.

Aussi la par ese et la dêmagogie prêfèrent-eUes s'en prendre aux artistes, pour leur demander d'en finir avec leurs " êlucubrations abstruses ,., de faire demi-tour et d'aller à la rencontre du public.

C'êtait la solution prêconisêe, voire imposêe par les nazis qui, on s'en souvient, proclamaient que l'art a pour première obligation « de parler directement au cœur du peuple ».

Hêlas, üs ont eu des disciples dans ce domaine comme dans d'autres.

Or, à l'heure actueUe- nous sommes bien forcês de le cons­ tater -la majoritê des gens trouvent plus de goQt aux chromos qu'aux œuvres d'art et leur idêal en peinture est la photographie en couleurs.

De sorte que, si le rapprochement entre l'artiste et le peuple doit s'effectuer selon cette conception-là, ü sera payê automatiquement par la mort de l'art.

Un excès de naturalisme destine un ouvrage au musêe Grêvin (2), mais non pas au musêe du Louvre.

Une autre solution tend à sauvegarder à la fois les intêrêts de l'artiste et ceux du public.

EUe laisse sa libertê au premier et finit par enrichir le second, en lui apportant ce qu'ü n'aurait jamais songê à dêsirer lui-même.

De fait, si les artistes n'avaient toujours rêpondu qu'aux dêsirs du public, les grandes œuvres du XIX" siècle, dans leur totalitê ou presque, n'auraient jamais vu le jour.

Et ü n'y a pas que ces œuvres-là qui seraient inexistantes.

Nous n'admirerions pas non plus La Ronde de nuit (3), pour ne prendre qu'un seul exemple.

Nous en serions rêduits à nous contenter de quelque pendant du Banquet de la garde civique pour fêter la conclusion de la paix de Munster (3).

Mais que nous dit, au Rijksmuseum d'Amsterdam, le tableau de Bartholo- ( 1) L'École d'Athènes : célèbre tableau de Raphaël.

(2) Musée Grévin: célèbre musée de cire de Paris.

(3) Dans la méme salle du Rijksmuseum d'Amsterdam, sont exposées • La Sortie de la compagnie du capitaine Frans Banning Cocq •, plus couramment appelé • La Ronde de nuit •, de Rembrandt, el • le Banquet de la garde civique • pour fêter la conclusion de la paix de Munster, de Bartholomeus van der Helst.

Le premier tableau n'eut aucun succès en son lemps, à la dif érence du second.. »

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