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Racine: l’amour interdit entre le jeune Hyppolite et sa belle-mère, Phèdre

Publié le 05/09/2018

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racine

C’est là la fonction principale de la tragédie selon Aristote. Latragédie doit avoir une fonction cathartique : le spectateur, en éprouvant de la pitié et de la terreur durant la représentation, est « purgé » de ses passions ou du moins de ce qu’elles pouvaient avoir de démesurées. La catharsis permet donc aux spectateurs de mieux maîtriser ses passions dans la vie quotidienne. Phèdre a indéniablement une fonction cathartique, et on peut dire que cette tirade à également et de façon autonome cette même fonction.
Cette tirade condense donc les grands principes de la tragédie, aussi bien dans la forme que dans la fonction qui est la leurs.

L’aveu de Phèdre à Oenone est primordial dans le progrès de l’action. On apprend ce qu’est le mal qui ronge cette femme que l’on qualifierait dans des termes moderne d’anorexique : elle est amoureuse. Amour immonde, amour interdit mais inexorable, Phèdre se débat et c’est en ceci que réside le tragique de la pièce de Racine. La tirade est tel un exorcisme, bien que vain, qui soulage un temps soit peu Phèdre de ce fardeau amoureux : la catharsis est en marche ! Racine dira de Phèdre que cette pièce est sans doute « la meilleure de [s]es tragédie ». Elle est publiée alors que Racine s’est hissé au sommet, au plus proche du roi ainsi qu’au plus haut de son art. C’est peut être par peur de faire moins bien que Racine est resté longtemps sans rien écrire ; c’est en tout cas une des hypothèse qu’il est possible d’avancer.

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« passerait presque pour un amour religieux ! Phèdre avoue son amour et décrit tous les manifestations qui en découlent.

Elle est torturée, affaiblie, pourtant Phèdre tente de se battre contre un amour impossible. Phèdre est sous l’emprise d’un amour proscrit.

Elle connaît son erreur et expose son impuissance face à cette force qui la dépasse à Oenone qui l’écoute. Phèdre fait de nombreuses tentatives pour échapper à cet amour.

D’abord des « vœux assidus » : elle fait appel à sa croyance, à la religion, pour contrer le mal qui l’accable.

Elle multiplie les actions qui pourraient être salvatrices : « bâtis un temple », « l’orne », s’entoure de « victimes », brûle de « l’encens ».

Cette accumulation d’initiatives pour sortir de son état est appuyée par la valeur des pluriels « victimes », « autels », « vœux », ainsi que par l’imparfait qui traduit la répétition de ces gestes.

Malgré ses efforts, Phèdre ne parvient pas à oublier son beau-fils. Elle tente des actions désespérées, la vigueur de son combat s’est essoufflée, on trouve ainsi le passé simple qui fait de ces actions des sursauts, sursauts de désespoir d’une Phèdre consumé par un amour trop lourd pour elle. Prier les dieux, haïr ou faire exiler Hyppolite : rien n’y fait, Phèdre l’aime d’un amour fou, irraisonné et irraisonnable.

Cette démesure est présentée dans ses agissements par des hyperboles qui soulignent la fatalité de cette amour : « cris éternels », « partout », « à toute heure ». Rien dans les actions de Phèdre ne réussit à briser l’amour : l’échec est cuisant, « d’un incurable amour remèdes impuissants ! » (vers 283).

La figure du chiasme évoque ici l’enferment de Phèdre dans ses passions, elles ne peut en sortir et en fait le constat douloureux que traduit la forme exclamative.

Phèdre est bloquée, emprisonnée, et cet état est souligné une nouvelle fois par la répétition du suffixe négatif « in » : « incurable », « impuissant », « inévitable ».

Le tragique de la situation réside dans l’inutilité d’une quelconque action, Phèdre est seule avec son désespoir et son impuissance.

Elle veut tout faire pour tenter de se libérer « je l’évitais », mais est tout de suite rattrapée par la fatalité « mes yeux le retrouvaient ». Sa raison semble perdue, noyée dans un amour qui la submerge.

Il faut se souvenir de l’hérédité fatidique de Phèdre.

Ce n’est pas au hasard qu’elle affirme reconnaître « Vénus » et qu’elle parle « d’un sang qu’elle poursuit ». Cette évocation fait référence à l’amour monstrueux de sa mère avec un taureau, amour monstrueux au même titre que celui qu’elle entretient pour le fils de Thésée.

Phèdre met donc son malheur sur le compte d’une hérédité tragique, maudite.

C’est à cause d’elle, semble t’il, que Vénus lui refuse son aide.

Les forces divines lui ont imposer Hyppolite, explication qui peut être étayée par le « coup de foudre » qui semble s’être produit au premier regard.

Phèdre descend d’une famille où s’abat le malheur amoureux, elle le sait et parle de « tourments inévitables ».

Pourtant elle a essayé de combattre ces forces divines ce dont témoignent les nombreux verbes d’action ayant « je » comme sujet.

Phèdre est pathétique, elle n’arrive à rien malgré l’ardeur qu’elle a mis à repousser le sort qui est le sien. Phèdre est donc l’héroïne tragique de la pièce de Racine.

Elle subit l’inexorabilité de son amour pour Hyppolite, de son amour honteux.

De par toute ses caractéristiques, cette tirade de Phèdre est exemplaire, elle s’inscrit de manière quasi autonome dans la tradition Aristotélicienne de la tragédie dont les fondements sont groupés dans la poétique. Dans son ouvrage, Aristote recommandait que la tragédie mette en scène « un conflit entre proches ».

Le conflit qui va se déroulé dans Phèdre à pour genèse cette tirade, cet aveu d’un amour impossible.

C’est bien entre proche que va avoir lieu l’action, entre un père et son fils, entre une femme et son beau-fils.

Mais c’est cette femme torturée, amaigrie et désespérée qui est le personnage principal de la pièce.

Cette femme qui correspond exactement aux recommandations de l’auteur de la poétique : les héros ne doivent être « ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants ».

Phèdre est de ceux-la, elle qui voue malgré elle un amour passionnel au fils de son mari, elle qui aime ce fils d’un amour monstrueux.

Elle reconnaît pourtant sa faute et la combat avec tout ce qui lui reste de force.

Cette tirade est l’aveu de son amour, Phèdre est tout à fait sincère, elle dévoile tout de sa personne.

Le spectateur est donc à même de juger cette femme : malgré cet amour rebutant, elle se bat et pour ne pas céder et se couvrir de honte, elle préfère se laisser mourir.

« Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente » nous dit Racine, c’est donc bien dans la tradition aristotélicienne qu’il veut s’inscrire en écrivant cette pièce.

La tirade est également empreinte de la fatalité propre à la tragédie.

Phèdre est victime du sort, un sort inexorable qui la poursuit quoi qu’elle fasse.

La fatalité, « cruelle destiné » s’abat sur cette femme comme sur le reste de sa. »

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