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RACINE: L'aveu d'Hippolyte à Aricie (Acte Il, SC. 2, V. 524-560) - Phèdre

Publié le 30/07/2014

Extrait du document

racine

L'aveu d'Hippolyte

à Aricie

(Acte Il, SC. 2, V. 524-560)

Au seuil de l'acte II, le mouvement dramatique s'alimente d'un fait

nouveau, annoncé à la fin de l'acte précédent, la mort de Thésée.

La disparition du héros incarnant toutes les marques de

l'autorité, guerrier valeureux, roi, époux et père, va lever les interdits

et autoriser les développements affectifs qui font la substance

de l'acte II.

Deux démarches parallèles. Le dynamisme de cet acte

s'établit autour de deux démarches parallèles. La première initiative

est celle d'Hippolyte auprès d'Aricie : venu l'informer qu'il

soutenait ses droits à régner sur Athènes, il se laisse entraîner dans

une déclaration de ses sentiments. Deuxième démarche, selon le

même schéma, celle de Phèdre venue plaider auprès d'Hippolyte

la cause de son fils et glissant malgré elle à l'aveu de sa passion. De

ces deux histoires similaires, la première {TEXTE 3) ébauche sur le

mode galant le thème de l'asservissement amoureux qui trouvera

sa plénitude passionnelle dans la seconde (TEXTE 4).

146

(TEXTE)

HIPPOLYTE

Je me suis engagé trop avant.

525 Je vois que la raison cède à la violence.

Puisque j'ai commencé de rompre le silence,

Madame, il faut poursuivre : il faut vous informer

D'un secret que mon coeur ne peut plus renfermer.

Vous voyez devant vous un prince déplorable

530 D'un téméraire orgueil exemple mémorable.

Moi qui, contre l'amour fièrement révolté,

Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté ;

Qui des faibles mortels déplorant les naufrages,

Pensais toujours du bord contempler les orages ;

535 Asservi maintenant sous la commune loi,

Par quel trouble me voisje emporté loin de moi ?

Un moment a vaincu mon audace imprudente:

Cette âme si superbe est enfin dépendante.

Depuis près de six mois, honteux, désespéré,

540 Portant partout le trait dont je suis déchiré,

Contre vous, contre moi, vainement je m'éprouve:

Présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve ;

Dans le fond des forêts votre image me suis ;

La lumière du jour, les ombres de la nuit,

54.'i Tout retrace à mes yeux les charmes que j'évite:

Tout vous livre à l'envi le rebelle Hippolyte.

Moi-même, pour tout fruit de mes soins superflus,

Maintenantje me cherche, et ne me trouve plus.

Mon arc, mes javelots, mon char, tout m'importune ;

550 Je ne me souviens plus des leçons de Neptune ;

Mes seuls gémissements font retentir les bois,

Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix.

Peut-être le récit d'un amour si sauvage

Vous fait, en m'écoutant, rougir de votre ouvrage.

555 D'un coeur qui s'offre à vous quel farouche entretien!

Quel étrange captif pour un si beau lien !

Mais l'offrande à vos yeux en doit être plus chère.

Songez que je vous parle une langue étrangère,

Et ne rejetez pas des voeux mal exprimés,

560 Qu'Hippolyte sans vous n'auraitjamais formés.

A '7 1

(THÈMES DE COMMENTAIRE)

L'enjeu du texte

On étudiera ici une expression des sentiments conforme au style à

la mode dans les sonnets et les romans de l'époque, une certaine

rhétorique du coeur. On relèvera les clichés du lexique galant qui

dépeignent l'amour comme une faiblesse, alors même qu'il n'a

rien de coupable. Et l'on verra que, même à travers le langage le

plus convenu, les vérités de la passion sont fort bien passées.

racine

« (TEXTE) HIPPOLYTE Je me suis engagé trop avant.

525 Je vois que la raison cède à la violence.

Puisque j'ai commencé de rompre le silence, Madame, il faut poursuivre : il faut vous informer D'un secret que mon cœur ne peut plus renfermer.

Vous voyez devant vous un prince déplorable 530 D'un téméraire orgueil exemple mémorable.

Moi qui, contre l'amour fièrement révolté, Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté ; Qui des faibles mortels déplorant les naufrages, Pensais toujours du bord contempler les orages ; 535 Asservi maintenant sous la commune loi, Par quel trouble me voisje emporté loin de moi ? Un moment a vaincu mon audace imprudente: Cette âme si superbe est enfin dépendante.

Depuis près de six mois, honteux, désespéré, 540 Portant partout le trait dont je suis déchiré, Contre vous, contre moi, vainement je m'éprouve: Présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve ; Dans le fond des forêts votre image me suis ; La lumière du jour, les ombres de la nuit, 54.'i Tout retrace à mes yeux les charmes que j'évite: Tout vous livre à l'envi le rebelle Hippolyte.

Moi-même, pour tout fruit de mes soins superflus, Maintenantje me cherche, et ne me trouve plus.

Mon arc, mes javelots, mon char, tout m'importune ; 550 Je ne me souviens plus des leçons de Neptune ; Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix.

Peut-être le récit d'un amour si sauvage Vous fait, en m'écoutant, rougir de votre ouvrage.

555 D'un cœur qui s'offre à vous quel farouche entretien! Quel étrange captif pour un si beau lien ! Mais l'offrande à vos yeux en doit être plus chère.

Songez que je vous parle une langue étrangère, Et ne rejetez pas des vœux mal exprimés, 560 Qu'Hippolyte sans vous n'auraitjamais formés.

A '7 1. »

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