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Raoul de Cambrai

Publié le 19/03/2019

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Raoul de Cambrai. Cette chanson de geste a suscité beaucoup d'intérêt en raison des rapports que l'on a pu établir entre les aventures qu'elle expose et certains événements du xe siècle racontés dans les Annales de Flodoard. Par ailleurs, les monastères de Saint-Geri et de Waulsort semblent avoir joué un rôle dans l'élaboration ou l'exploitation de la légende. Enfin, la forme même de cette chanson, dont la première partie en vers est suivie d'une partie assonancée, moins bien construite, conduit à s'interroger sur les conditions de sa rédaction. Toutes ces raisons font de ce texte un exemple souvent cité à l'appui de différentes théories sur l'origine des chansons de geste. Mais le texte lui-même,
 
du moins dans sa première partie, est d'une grande qualité littéraire. Les conséquences tragiques de la démesure (Raoul, vassal frustré par le roi Louis, est entraîné dans une série d'actions défiant jusqu'à Dieu), les contradictions de la société féodale, les problèmes de la vengeance, la révolte des barons contre l'autorité monarchique, la violence dont souffre l'Église, autant de thèmes qui donnent à l'œuvre une résonance digne de la grande littérature, et la situent dans la seconde moitié du xue s. Il est probable que la Chanson de Roland a servi de modèle, l'amitié de Raoul et de Bemier rappelant celle de Roland et d'Olivier. Ainsi, une légende d'abord locale, attachée à l'histoire du Vermandois, atteint, grâce à un art épique, un peu rude mais encore vigoureux, une généralité pour ainsi dire philosophique.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)RAOUL DE CAMBRAI Des guerres sanglantes ont opposé au Xe siècle les comtes du Cambrésis et i les comtes de Vermandois.

Le jongleurBertolai de Laon s'en inspira pour composer au XIIe siècle cette chanson de geste qui fut très remaniée par la suite,puisque le texte qui nous en est parvenu est écrit, pour le début, en vers de S dix syllabes rimés et pour la fin enassonances; au total : 8.726 vers. En voici un épisode, le récit de « l'âpre et sauvage poursuite » d'Ernaut, comte de Douai, par Raoul, comte deCambrai : Le comte Raoul est homme de très grande valeur.

En sa main, il tient sa bonne épée aiguisée et frappe Ernaut surson heaume pointu; il en abat sur le sol les fleurons et les pierreries : mais le coup a dévié sur le côté gauche, et luia séparé le poing du bras, en le jetant par terre avec son écu ! Quand Ernaut se voit ainsi accablé, et voit jeté à terre son écu, avec son poing gauche pris dans les boucles decuir, et son sang vermeil répandu sur le sol, il remonte en hâte sur son cheval, et s'enfuit vers un petit bois touffu.Le blâme qui voudra ! il a perdu la raison...

Raoul, qui le suit de près, se lance à sa poursuite. « Pitié, Raoul, au nom de Dieu qui a créé le monde I Si vous souffrez de ce que je vous ai frappé tout à l'heure, jeserai votre vassal de la façon qu'il vous plaira.

Je vous cède tout le Brabant et le Hainaut, et mon héritier n'enpossédera jamais un demi-pied de terre.

» Raoul jure qu'il ne pensera à rien d'autre jusqu'à l'heure où il l'aura tué.

Ernaut s'enfuit, frappant des éperons.

Raoul,qui a un cœur de félon, le poursuit.

Ernaut regarde au haut de la plaine de sable et voit Rocoul, le noble baron quipossède la terre du côté du val de Soissons.

Ernaut le voit, éperonne son cheval vers lui de toutes ses forces et luidemander sa pitié pour qu'il lui vienne en aide... Raoul vit cela, et pensa en perdre la raison.

Avec rage, il brandit son épée d'acier, frappa Rocoul sur son heaumed'or pur, et en fit tomber à terre les pierreries et les fleurons.

La lame d'acier glissa vers la gauche, trancha et jetaà terre l'écu, coupa la jambe sous le genou ; d'un coup d'éperon, il l'abattit sur le sable : « Et maintenant, dit-il, jevais vous donner un admirable métier : Ernaut sera manchot, et vous, vous porterez une jambe de bois ; de l'un, jefais un veilleur de nuit, de l'autre un portier, et jamais vous ne pourrez venger votre honte !...

» Ernaut s'enfuit, frappant des éperons.

Raoul, qui a un cœur de félon, le poursuit.

Il jure, par Dieu qui souffrit lapassion, que pour tout l'or du monde il ne renoncera jamais à lui faire tomber la tête.

Ernaut regarde au bas de laplaine de sable, et voit venir le seigneur Herbert d'Ireçon, Wedon de Roie, Loëys, Sanson et le comte Ybert, père deBernier...

Ernaut crie, il a peur de mourir : « Seigneurs, vous devez me protéger contre Raoul qui ne veut pas mepardonner ! Il a tant fait mourir de vos parents !...

» Alors vous eussiez vu une dure mêlée : tant de lances brisées, tant de targes(l) trouées, tant de cottes démailléeset faussées, tant de pieds, tant de poings, tant de têtes coupées, tant de bons vassaux gisant la gorge ouverte lLa prairie est jonchée de corps abattus, les blessés ensanglantent l'herbe...

Ce jour-là, mainte âme a été séparéedu corps et mainte dame en a pris le nom de veuve... [Le farouche Raoul sera tué dans la bataille par Bernier, son propre neveu, et Ernaut, pour venger son poing coupé,s'acharnera sur le cadavre de Raoul.

Mais l'oncle de Raoul, Guerri d'Arras, le vengera à son tour en tuant Bernier auretour d'un pèlerinage qu'ils ont fait tous deux à Saint-Jacques de Compostelle.]. »

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