Rivarol et la langue française
Publié le 13/09/2015
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Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c’est l’ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d’abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l’action, et enfin l’objet de cette action: voilà la logique naturelle à tous les hommes; voilà ce qui constitue le sens commun. Or cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l’objet qui frappe le premier. C’est pourquoi tous les peuples, abandonnant l’ordre direct, ont eu recours aux tournures plus ou moins hardies, selon que leurs sensations ou l’harmonie des mots l’exigeaient; et l’inversion a prévalu sur la terre, parce que l’homme est plus impérieusement gouverné par les passions que par la raison.

«
106 1 Français (langue française)
D'où le privilège et la supériorité dont dispose, aux
yeux
de Rivarol, notre langue :
«Le français, par un privilège unique, est seul resté
fidèle à
l'ordre direct, comme s'il était tout raison, et on
a beau,
par les mouvements les plus variés et toutes les
ressources
du style, déguiser cet ordre, il faut toujours
qu'il existe; et c'est en vain que les passions nous boule
versent et nous sollicitent de suivre l'ordre des sensa
tions: la syntaxe française est incorruptible.
C'est de là
que résulte cette admirable clarté, base éternelle de
notre langue.
Ce qui n'est pas clair
n'est pas français;
ce qui
n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou
latin.»
Cette force du français cependant, comme le reconnaît
Rivarol,
ne va pas sans faiblesses.
Langue de la raison
mais
non de la passion, le français est, selon lui, impro
pre à la musique et à la poésie.
Mais peu importe.
La
prose lui reste -que Rivarol justement pratique - et
qui est le chef-d'œuvre de notre langue en quoi se
marque son incontestable supériorité :
«Mais la langue française, ayant la clarté par excel
lence, a dû chercher toute son élégance et sa force dans
l'ordre direct; l'ordre et la clarté ont dû surtout domi
ner dans la prose, et la prose a dû lui donner l'empire.
Cette marche est dans la
nature: rien n'est en effet
comparable à la prose
française.»
....
On retrouve sous les plumes les plus diverses les
arguments
mêmes qui composent l'éloge de la langue
française
que Rivarol nous propose.
Cette idée selon laquelle la prose est le propre de la
France,
on la retrouve aussi bien chez Michelet dans
son
Introduction à l'histoire universelle (1831) que chez.
»
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