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ROIS ET TYRANS

Publié le 20/01/2020

Extrait du document

> QUESTION [4 points]

Quelles figures de rois ces quatre extraits proposent-ils ? Justifiez votre réponse.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [i6 points]

I - Commentaire

Vous commenterez le texte de Jarry (texte 1).

II - Dissertation

Comment le théâtre permet-il une représentation du pouvoir, et dans quel but ?

III - Écrit d'invention

Rédigez le monologue de Lépidus qui pourrait suivre la scène de Caligula (texte 3).

La question vous invite à considérer les figures de roi mises en scène dans ces quatre extraits. L’intitulé est à la fois bref et clair, c'est donc sur la précision et l'organisation de votre réponse que l'on vous évaluera. Il serait en effet très maladroit de faire une réponse analytique en relevant, dans chacun des textes, les traits de caractère du roi. Cette lecture analytique ne doit se faire qu'au brouillon. Une fois que vous avez relevé les traits dominants de chacune des figures royales, vous pouvez rassembler les caractéristiques communes (arbitraire des décisions, mépris du peuple gouverné, ridicule) afin d'établir un plan synthétique, puis entreprendre la rédaction sur votre copie. Vous devez alors citer et commenter chacun des textes à l'appui de ce que vous affirmez : on ne vous pardonnerait pas de ne pas faire référence au texte alors qu'il est précisé que la réponse doit être justifiée.

>CORPUS

1. A. JARRY, Ubu roi, acte III, scènes 3 et 4, 1888.

2. J.-P. SARTRE, Les Mouches, acte II, scènes 3 et 4, 1943.

3. A. CAMUS, Caligula, acte II, scène 5, 1944.

4. E. IONESCO, Le roi se meurt, 1962.

■ Texte 1 : Alfred Jarry, Ubu roi, III, 3 et 4, 1888

La scène se passe dans une Pologne imaginaire. Poussé par l’ambition de sa femme, le père Ubu fomente une conspiration contre le roi Venceslas. Parvenu à ses fins, et une fois couronné, Ubu fait régner la terreur.

Acte III, scène III

Une maison de paysans dans les environs de Varsovie.

Plusieurs paysans sont assemblés.

UN PAYSAN, entrant : Apprenez la grande nouvelle. Le roi est mort, les ducs aussi et le jeune Bougrelas s’est sauvé avec sa mère dans les montagnes. De plus, le Père Ubu s’est emparé du trône.

UN AUTRE : J’en sais bien d’autres. Je viens de Cracovie1, où j’ai vu 5 emporter les corps de plus de trois cents nobles et de cinq cents magistrats qu’on a tués, et il paraît qu’on va doubler les impôts et que le Père Ubu viendra les ramasser lui-même.

TOUS : Grand Dieu ! qu’allons-nous devenir ? le Père Ubu est un affreux sagouin et sa famille est, dit-on, abominable.

10 UN PAYSAN : Mais, écoutez : ne dirait-on pas qu’on frappe à la porte ?

UNE VOIX, au-dehors : Cornegidouille2 ! Ouvrez, de par ma merdre, par saint Jean, saint Pierre et saint Nicolas ! ouvrez, sabre à finances, corne finances, je viens chercher les impôts !

La porte est défoncée, Ubu pénètre suivi d’une légion de Grippe-Sous.

« Liban, juin 2004 Scène N 15 PÈRE UBU: Qui de vous est le plus vieux? {Un paysan s'avance.) Comment te nommes-tu ? LE PAYSAN: Stanislas Leczinski 3• PÈRE UBU : Eh bien, cornegidouille, écoute-moi bien, sinon ces messieurs te couperont les oneilles 4• Mais, vas-tu m'écouter enfin? 20 STANISLAS : Mais Votre Excellence n'a encore rien dit.

PÈRE UBU : Comment, je parle depuis une heure.

Crois-tu que je vienne ici pour prêcher dans le désert ? STANISLAS: Loin de moi cette pensée.

PÈRE UBU: Je viens donc de te dire, t'ordonner et te signifier que tu aies à 25 produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras massacré.

Allons, messeigneurs les salopins de finance, voiturez ici le voiturin à phynances 5• {On apporte le voiturin.) STANISLAS: Sire, nous ne sommes inscrits sur le registre que pour cent cinquante-deux rixdales que nous avons déjà payées, il y aura tantôt six 30 semaines à la Saint-Mathieu.

PÈRE UBU : C'est fort possible, mais j'ai changé le gouvernement et j'ai fait mettre dans le journal qu'on paierait deux fois tous les impôts et trois fois ceux qui pourront être désignés ultérieurement.

Avec ce système, j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai.

35 PAYSANS: Monsieur Ubu, de grâce, ayez pitié de nous.

Nous sommes de pauvres ciroyens.

PÈRE UBU: Je m'en fiche.

Payez.

PAYSANS: Nous ne pouvons, nous avons payé.

PÈRE UBU : Payez ! ou ji6 vous mets dans ma poche avec supplice et décol- 10 .!arion du cou et de la tête ! Cornegidouille, je suis le roi peut-être ! Tous: Ah, c'est ainsi! Aux armes! Vive Bougrelas, par la grâce de Dieu, roi de Pologne et de Lithuanie ! PÈRE UBU : En avant, messieurs des Finances, faites votre devoir.

• Une lutte s'engage, la maison est détruite et le vieux Stanislas s'enfuit seul à travers la plaine.

Ubu reste à ramasser la finance.

1.

Ancienne capitale de Pologne.

2.

Un des jurons ubuesques les plus violents.

On peuc y voir une composante sexuelle (dans le préfixe corne) et une composante digestive (gidoui!le) qui symbolisent les « appétits inférieurs " du personnage.

3.

Nom authentique d'un roi de Pologne dont la fille (Marie) épousa Louis XV.

4.

Déformation d'oreilles.

Le mor appartient au vocabulaire ubuesque comme merdre.

5.

Phynance est une invention orthographique que Jarry justifie en rapprochant le mot de physique.

6.

Ji: je.

87. »

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