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Romano Guardini affirme que le Prince Mychkine est « un symbole du Christ, mais où rien de divin ne se trouve mimé par le personnage ». Pour lui, « l'absence de ce côté parachève le symbole et lui donne tout son sens ». Ce jugement qui concerne l'Idiot de Dostoïevski peut-il être également appliqué à Nazarin de Galdos et au Christ recrucifié de Kazantzaki?

Publié le 08/01/2012

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christ

Romano Guardini est un théologien catholique allemand et un philosophe de la religion, il partage sa vie entre l'Italie, sa terre natale et l'Allemagne son pays d'adoption. Brillant étudiant en chimie et en économie il abandonne cette voie pour se consacrer à la religion et devient prêtre. Enseignant reconnu par ses pairs sa conviction sur sa vocation de théologien est peu commune en son temps dans le monde académique allemand. Sa visée n'est pas, en effet, de scruter minutieusement tel ou tel domaine précis de la théologie, mais d'expliciter et d'interpréter la réalité chrétienne dans son ensemble, avec bien sûr le sérieux scientifique voulu et un niveau spirituel aussi élevé que possible. Il se révèle un homme portée par la religion mais condamnant farouchement le fanatisme et les désirs de gloire. Ainsi lorsque le pape Paul VI lui propose de le faire cardinal Guardini refuse par modestie, malgré le signe de reconnaissance que cela aurait constitué pour tout son enseignement et ses intuitions. Cette épisode de sa vie nous informe sur le respect qu'il porte au dogme et nous oriente sur la nature de son engagement. 

christ

« autrui il se montre faible aux yeux des autres personnages du roman.

Il aime les gens avec une complète foi sansjamais les juger.

Il tombe amoureux d'une jeune femme qui lui semble être sous le joug d'un homme qui ne la rendraitpas heureuse, le fait de voir Nasstassia Filipovna pleurer lui est insurmontable et il ne peut se résoudre à la laisserdans la douleur, alors même qu'elle semble se jouer de lui.Le Nazarin de Benito Perez Galdos est un roman qui offre lui aussi à voir un personnage en référence au christ quibrille par sa bonté et sa dévotion à autrui.

Prêtre voulant se conformer aux principes de l'Evangile il se met auservice des pauvres et après avoir recueilli chez lui, Andara, une prostituée recherchée par la police qui mettra plustard le feu à sa maison, il part sur les routes pour venir en aide aux malheureux.Dans Le Christ recrucifié de Kazantzaki l'identification au Christ très clair.

L'histoire se déroule en effet en Anatolie,où un village s'apprête à fêter la Passion du Christ, ainsi quatre villageois vont prendre les rôles des personnages dela Bible et s'identifier jusque dans leur destin à leur vie et mort.

On assiste alors à la bouleversante transformationdu jeune Manolios qui devient une réincarnation du Christ parmi les villageois grecs.

Manolios présenté comme « unjeune berger aux yeux naïfs, bleus, pieux, réputé simple d'esprit ».

Appliquant les préceptes de l'Evangile là aussi,Manolios et quelques autres membres du village prend en pitié un groupe de grecs chassé de leur village et décidede les aider.

Son assimilation avec le Christ le fait se comporter en homme bon et généreux.Le Christ apporte sa parole d'une voix clair et utilise un langage simple qui touche directement les personnes qu'ilrencontre.Ainsi parlait Mychkine avec la simplicité, clarté, sincérité, spontanéité alimentant ainsi l'image d'un homme candide.La force du langage du cœur prend nombre de ses contemporains au dépourvu.

Il discerne ce qui se trame dansles cœurs et ne se soucie pas des complots et intrigues jugées superficielles et regrettables.De même Manolios est un personnage qui parle par parabole ou qui exprime sa pensée de manière très sure etdéterminée.

Ainsi il explique sa nouvelle vocation et ses visions simplement et fait preuve de détachement de lacritique de ses détracteurs.

« Changer du tout au tout, rompre avec le passé, accompagner le Christ au long deschemins.

Ce que je crierai, je l'ignore encore.

D'ailleurs je ne m'en soucie pas.

Quand j'ouvrirai la bouche, le Christmettra sur mes lèvres les mots qu'il faudra.

»Dans leur modes de vie les personnages des romans sont semblables à Jésus, ainsi ils vivent une vie de vagabonddésargenté.

Le prince Mychkine est pauvre au début du roman, c'est plus tard qu'il touchera son héritage, maiscette argent ne lui offrira pas la sécurité et le laissera personnage en voyage de la Suisse à la Russie, jamais danssa propre demeure.

De même Nazarin, prêtre non conformiste, voit sa maison pauvre des bas fonds de Madridbrûlée, puis vit une vie errante faite de mendicité.

Quant à lui, Manolios originairement berger abandonne son métierpour partir vivre un vie de déshérité sur une montagne stérile, auprès d'un peuple malheureux, loqueteux, famélique,dans une totale misère soutenu par un prêtre maigre et consumé par l'amour du Christ.Comme Jésus pardonne et enseigne à ses disciples à pardonner Le prince Mychkine dans sa grandeur d'âmepardonne par amour à ses « amis » les trahisons les plus cruelles celle de Lébédev par exemple, et justifie toujoursleur faute par l'ignorance ou la faiblesse.

Nazarin fait de même avec Andara la prostituée qu'il recueillait et qui a misle feu à sa maison.

Non seulement il lui pardonne mais de plus il fait d'elle une de ses disciples qui l'accompagne toutau long de sa route.

De même Manolios dans son rôle du Christ pardonne à Judas sa trahison et surtout par sonpardon n'exprime aucune rancoeur et alors qu'il est condamné et devient le bouc émissaire du village se laisse porterpar son destin fatal sans jamais montrer de colère ou de signe de haine.

Soumission également présente chezNazarin qui, par sacrifice, autre caractéristique du Christ et donc des trois personnages des romans, devient unpersonnage presque irréel à force d'abnégation.

En effet sans jamais un seul mouvement d'humeur il subit leshumiliations et les souffrances.

Il semble même parfois les chercher, dans le roman il se dévoue jusqu'à l'épuisementlors d'une épidémie de petite vérole.

Il se conforme à l'image du Christ par la souffrance et dans l'idéal Évangéliste ilrecherche la sainteté par la mortification.Un sacrifice qui traverse également l'histoire du Prince Mychkine quand il sacrifie son amour pour Aglaia pour tenterde rejoindre Nasstassia, sacrifice d'autant plus marquant que celle-ci le repousse encore une fois le poussantpresque dans les bras de la mort.Le sacrifice qui mène à la tragédie dans la vie du Christ est également représenté dans les vies des troisprotagonistes.

Ainsi Mychkine manque de se faire tuer par l'amant de Nasstassia mais sauver par une crised'épilepsie se voit renvoyer dans l'asile de Suisse dont il vient au début du roman, tout ce chemin parcouru, ettoutes ces émotions vécues sont annulées, annihilées même et n'ont servi à rien puisqu'il se retrouve à son point dedépart encore plus malheureux d'avoir tout perdu.

Le destin de Nazarin n'est pas plus heureux puisqu'après une viede sacrifice dévouée au bonheur des autres et ayant même accompli des miracles en sauvant une fillette et tout unvillage asservi par un hobereau, il est rattrapé par la police qui le croit responsable de l'incendie de sa maison, iléchappe de peu à la prison et est envoyé à l'hôpital car il est mourant.

Sa mort est une transposition de la Passiondu christ, une vie tragique , un véritable chemin de croix qui se termine en montée au Calvaire accompagné de deuxbandits.

Dans le Christ recrucifié Manolios n'échappe pas à la règle, trahit par Judas il est livré au Pope du village quile jette en pâture à la foule qui le lynche et lardé de coups de couteaux « il avance calme et simple les bras encroix.

Les lueurs auréolent sa tête blonde ».

Ses derniers mots seront « Mes frères, dit-il d'une voix mourante » et «Tuez-moi, dit-il tranquillement ». Il est donc maintenant évident que par leur comportement et dans leur chemin de vie ses trois personnages sontdes personnification du Christ.

D'ailleurs deux d'entre eux revendiquent cette association à l'image de Jésus.

Letroisième, lui n'évoque jamais le Christ et ne tente pas de mimer ce modèle divin.

Ainsi se pose la question de savoirce qu'il advient du symbole s'il perd le côté divin du modèle. Le Prince Mychkine est en effet un symbole du Christ qui ne se revendique pas en tant que tel, contrairement auxpersonnages de Nazarin et Manolios.

Alors, l'échelle de valeur est transformée.

En effet un personnage qui agitbravement et fait preuve d'acte de généreuse bonté, perd la valeur de ses actions, si celles-ci ne sont motivées. »

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