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RONSARD ET LA PLÉIADE

Publié le 06/02/2019

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ronsard

▼ Les membres de la Pléiade ont voulu faire de la poésie l’art le plus noble et la plus haute expression du langage humain, renouant ainsi avec l’inspiration antique des Muses.

Roger Viollet

 Chambre de Ronsard au prieuré de Saint-Cosme. C’est dans ce cadre qu’il écrit ses derniers vers, qui annoncent les prémices de l'art baroque.

connaît l’une des périodes les plus agitées de son histoire avec les guerres de Religion qui opposent catholiques et huguenots. Ronsard ayant pris parti et affirmé sa foi catholique et sa fidélité au roi de France, il devient la cible des attaques des huguenots qui diffusent des pamphlets vendeurs contre lui et assiègent même, en 1562, la cure d’Évaillé dans le Maine où il s’est installé. Les Discours (1560-1563) reflètent son engagement, ainsi que La Franciade, dont il publie les quatre premiers livres l’année de la Saint-Barthélemy (1572). Cette épopée décasyllabique, racontant la fondation de Paris par un descendant des Troyens, ne connut pas le succès espéré par son auteur. Elle ne fut pas achevée. À la mort de Charles IX (1574), Ronsard n’est pas reconduit

JOACHIM DU BELLAY

Né aux environs de 1522 dans une famille noble et tôt orphelin, Joachim du Bellay rencontre par hasard Ronsard en 1547 dans une auberge poitevine. Il le suit à Paris, fréquente le collège de Coqueret et, l’année de publication de la Défense, fait également paraître un recueil de sonnets pétrarquistes, L'Olive, anagramme de Viole, le nom de la femme aimée, où il exprime son amour en un langage riche d’hyperboles et de références mythologiques. Atteint de surdité et fort affecté par sa maladie, il écrit La complainte du Désespéré (1552) puis part l'année suivante à Rome comme intendant de son cousin, le cardinal du Bellay. Mais la carrière diplomatique dont il a rêvée l’ennuie, et l’immoralité de la société romaine le déçoit. De retour en France en 1557, il publie en 1558 plusieurs recueils qui témoignent de son exaltation et de son amertume. Le premier livre des Antiquités de Rome contenant une générale

 

comme poète officiel de la cour. Le nouveau souverain, Henri III, lui préfère Desportes. Riche mais malade, Ronsard se retire et partage son temps entre les deux prieurés de Saint-Cosme-lez-Tours et de Croixval-en-Vendômois que Charles IX lui avait attribués. Les vers qu’il écrit sont de plus en plus empreints d’émotion et de tendresse, tels les sonnets Sur la mort de Marie (1578), les Sonnets pour Hélène (1578) composés en l’honneur d’une suivante de Catherine de Médicis et chargés de gravité, de mélancolie: «Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain/Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »

 

Pierre de Ronsard meurt le 27 décembre 1585 dans son prieuré de Saint-Cosme, près de Tours, ayant connu une immense gloire dans toute l’Europe et exercé une influence profonde sur les poètes français. Sévèrement jugé par François de Malherbe au siècle suivant, il ne retrouva la place d’honneur dans les lettres françaises qu’au XIXe siècle, grâce aux poètes parnassiens qui revenaient à leur tour à l’imitation des Anciens.

 Portrait de Joachim du Bellay par Jean Cousin le Jeune. Sa poésie s’inspire de ses émotions et de ses angoisses intimes: «En pleurant je les chante,/Si bien qu’en les chantant souvent je les enchante. »

description de sa grandeur et une déploration de sa ruine, recueil de sonnets influencés par la poésie italienne, exprime l’admiration du poète au souvenir de la grandeur de Rome et sa mélancolie au spectacle de son anéantissement. Les regrets, sorte de journal en vers de sa vie intérieure, chante son exil, la ruine de ses espoirs, la nostalgie de sa patrie et de son Anjou natal (« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage»). Les petitesses et les vices de la vie romaine y sont décrits avec verve. À la cour de France, où il partage désormais avec Ronsard le rôle de poète du roi, du Bellay, que Les regrets ont brouillé avec son oncle, doit affronter l’hostilité des poètes qui défendent Marot et dont il dénonce la fatuité dans Le Poète courtisan (1559). Joachim du Bellay meurt en 1560, laissant une œuvre à la fois savante, pittoresque et empreinte d’émotion, qui fait de lui l’un des maîtres du sonnet.

Le poète des amours

 

La publication, en 1552, du cinquième livre des Odes et surtout du premier livre des Amours, recueil de sonnets pétrarquisants, marque l’affirmation de Ronsard dans la poésie légère. Son style, délaissant les exercices d’école, évolue vers plus de simplicité. Le poète atteint la maturité dans une œuvre qui lui est propre. Son inspiration est puisée dans les thèmes épicuriens qui marqueront désormais son œuvre : expression du sentiment de la nature, fuite du temps, plaisir de vivre, douceurs de l’amour et de l’amitié. Ronsard évoque, dans le style de Pétrarque, la surprise de l’amour («Comme un chevreuil»), son émotion devant la beauté féminine («Ce ris plus doux que l’œuvre d’une abeille»), les lamentations amoureuses, les aspirations platoniciennes à l’amour pur qui font de la splendeur terrestre le reflet d’une splendeur céleste et éternelle («Je veux brûler pour m’envoler aux Cieux/Tout l’imparfait de cette écorce humaine »).

 

Les Amours sont dédiées à Cassandre Salviati, fille d’un riche banquier italien dont Ronsard s’était épris lors d’une fête à la cour de Blois en 1545. Elle avait 13 ans, lui en avait 20. L’année sui-

À Ronsard, le «prince des poètes»,

 

est un homme de la Renaissance, héritier d’Orphée et d’une conception antique et sacrée de la poésie.

 

vante, elle se mariait avec un autre. Dès le premier volume des Odes, il avait rédigé à son intention la célèbre Ode à Cassandre (« Mignonne, allons voir si la rose...»), première manifestation de ce qui constituera l’une des constantes de son œuvre: l’écriture de sonnets d’amour aux dames de ses pensées. Si la mythologie tient toujours une grande place et si les métaphores abondent, la sincérité et la délicatesse du sentiment percent désormais sous la préciosité de l’imagination. De plus, Ronsard destinant ses poèmes à être chantés, l’harmonie et la musicalité du vers y sont très sensibles.

 

Pendant une dizaine d’années, la production poétique de Ronsard abonde. En 1555, il dédie son nouveau recueil intitulé La continuation des amours à une paysanne tourangelle, Marie

Le prieuré de Saint-Cosme-lez-Tours est le lieu de retraite et de mort de Ronsard, qui connaît la solitude après la gloire. La sépulture du poète a été retrouvée dans l’église.

 

Dupin, «belle et jeune fleur de quinze ans». Délaissant le pétrarquisme, il compose des poèmes simples et clairs, sonnets et chansons d’une élégance délicate, riches d’images bucoliques chantant le printemps, les jeunes filles, la nature («Je vous envoie un bouquet», «Rossignol mon mignonnet»). Une Nouvelle continuation des amours paraît l’année suivante. Parallèlement, Ronsard, qui a anonymement publié en 1553 un très coquin Livret des folastreries, rédige des Hymnes (1555) puis un Second livre des hymnes (1556) par lesquels il renoue avec la mythologie: ainsi de l’hymne à Henri II où le roi de France se voit comparé à Jupiter.

ronsard

« Ronsard et la Pléiade PRINCIPALES ŒUVRES 1549 Défense et Illustration de la langue française et L'Olive (du Bellay) 1550 Quatre premiers liures des odes (Ronsard) 1552 Ode à Cassandre (Ronsard) Cléopâtre captive (Jodelle) 1553 livret des folastreries (Ronsard) Les erreurs (Fbntus de Tyard) 1555 La continuation des amours et Hymnes (Ronsard); Les amours de Francine (Baïf) Art poétique français (Peletier du Mans) 1558 Nouvelle continuation des amours et Second liure des hymnes (Ronsard) 1558 Les Antiquités de Rome et Les regrets (du Bellay); Petites inventions (Belleau) 1559 Le poète courtisan (du Bellay) 1160-1163 Discours (Ronsard) 1186 L'abrégé de l'art poétique français et tlégies, Mascarodes et Bergeries (Ronsard) La bergerie (Belleau) 1.672 La l1andade (Ronsard) U7t Sur lamortdtMa*etSonnels pour Hélène (ROnSa1d) Lui-même écrit des vers à l'imitation d'Horace, tout en prenant conscience, notamment grâce à Jacques Peletier du Mans, de la riche spécificité de la langue française.

Après la mort de sa mère (1545) puis celle de Lazare de Baïf en 1547 (qui est aussi l'année de la disparition de François 1"), Ronsard est accueilli, ainsi qu'Antoine de Baïf, au collège de Coqueret situé à Paris sur la Montagne Sainte-Geneviève, et .

dont Dorat est le principal.

Ces cinq années d'études vont jouer un rôle capital, non seule- Poète lyrique et ! courtois, Ronsard A dédie plusieurs de ses recueils à des femmes almées ou désirées, dont Cassandre.

Transcendant l'Inspiration amoureuse et anecdotique, son lan gage traduit l'Inexorable fuite du temps et la fragilité de l'existence.

Signature de ......

Ronsard, poète officiel de la Cour, conseiller et aumônier du roi, sur une attestation de nomination au Collège de France.

ment dans la formation de Ronsard, mais dans celle du noyau des futurs fondateurs de la Pléia­ de.

Grand travailleur, avide de connaissances, Ron­ sard parfait sa culture grecque et latine tout en composant ses propres œuvres.

C'est en 1547 également que sa première ode est publiée, au sein des Œuvres poétiques de Jacques Peletier du Mans.

Au collège de Coqueret, Ronsard, Antoine de Baïf et Joachim du Bellay étudient, commentent et traduisent, sous la direction de Dorat, les grands poètes grecs (Pindare), latins (Catulle, Horace, Ovide, Tibulle, Virgile) et italiens (Boccace, Dante, Pétrarque).

Avec leur maître et Peletier du Mans, les jeunes gens créent la Brigade, un groupe qui attire deux étudiants qu collège voi­ sin de Boncourt: Rémy Belleau et Etienne Jodel­ le.

Leurs recherches poétiques s'affinent, leur art se conceptualise.

Un manifeste résumant leur doctrine est publié en 1549 sous la seule signature de du Bel­ lay: Défense et ll/ustration de la langue française.

Son propos est d'inciter les poètes à se détour­ ner du latin au profit du français qui, cessant d'être négligé, se trouverait alors enrichi par les créations que les esprits poétiques inventifs ne manqueraient pas de lui apporter.

De même la traduction, que du Bellay considère comme guère créative et inférieure par définition à l'œuvre originale, doit être délaissée au profit de l'imitation qui permet au poète, en s'imprégnant des vertus d'un maître, de tendre vers la perfec­ tion que le modèle antique est supposé avoir atteint.

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-�--·.- -;;, __ 1,_ -----� -�___...- .•• Le premier recueil poétique de Ronsard paraît l'année suivante sous le titre: Quatre premiers liures des odes.

Il suscite de vives controverses.

Conformé­ ment au programme de la Défense, Ronsard imite le plus grand poète lyrique grec, Pindare, et le plus grand poète lyrique latin, Horace.

Les odes pinda­ riques, inspirées des chants en l'honneur d'athlètes grecs victorieux, sont critiquées à la fois pour leur grandiloquence et pour leur excès d'érudition.

Ron­ sard se livre à une imitation jugée trop directe, que l'abondance de symboles et de mythes païens tend. »

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