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RONSARD: LE PÉTRARQUE FRANÇAIS

Publié le 08/04/2011

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ronsard

   La Renaissance française n'est pas seulement caractérisée par le renouveau de culture antique, mais aussi par l'épanouissement des échanges artistiques et littéraires franco-italiens. Si Pindare et Horace incarnent le lyrisme antique, Pétrarque représente le lyrisme italien, et, d'une façon plus générale, le lyrisme amoureux. Tous les poètes de la Péninsule s'en recommandent, et à leur suite, les poètes français : un poète de cour comme Melin de Saint-Gelais, un représentant de l'école lyonnaise comme Maurice Scève, les poètes de la Pléiade, et à leur tête Ronsard et du Bellay, s'inspirent de ses œuvres et imitent sa manière.

ronsard

« dans un seul genre : l'inspiration, la manière, le ton varient selon l'inspiratrice et les circonstances.

En résumé, onpeut dire que l'influence de Pétrarque est surtout marquée sur les pièces inspirées par Cassandre et Hélène, cellesconsacrées à Marie étant plus libres et plus simples. De même que dans les Odes, l'imitation de Ronsard est valable : parfois, les sonnets italiens fournissent le thème initial, que Ronsard développe avec plus ou moins d'originalité; parfois, le point de départ est lacomparaison qui ouvre le premier quatrain, parfois, c'est au contraire la « pointe », qui avec son antithèsetraditionnelle commande tout le sonnet.

Les « cruautés » de Cassandre ou d'Hélène rappellent celles de Laure, et latorture de Ronsard, comme celle de Pétrarque, est sans remède. Pour mieux mettre en évidence le caractère de cette imitation, nous avons choisi deux sonnets fort connus, quitous deux montrent la souffrance de l'amant : Si ce n'est pas Amour, qu'est-ce donc que je sens? Si c'est Amour, par Dieu, quelle chose est-ce là? Si elle estbonne, d'où l'effet âpre et mortel? Si mauvaise, qui fait chaque tourment si doux? Si je brûle par ma volonté, d'où ces pleurs, ces plaintes ? Et si c'est malgré moi, à quoi sert de gémir? O mort vivant,ô mal délicieux, Comment as-tu sur moi tel pouvoir, si je n'y consens pas ? Si j'y consens, j'ai grand tort de me plaindre.

Parmi vents si contraires, sur une frêle barque, Je me trouve sansgouvernail, en haute mer : Barque si légère de savoir, d'erreur si lourde, Que moi-même ne sais ce que je veux : Je frissonne en été, et je brûleen hiver ! (Sonnet 122, extrait des Grands Ecrivains Etrangers par Ch.

Navarre, édit.

.Didier). J'espère et crains, je me tais et supplie, Or je suis glace et ores un feu chaud, J'admire tout, et de rien ne mechaut, Je me délace, et puis je me relie. Rien ne me plaît sinon ce qui m'ennuie : Je suis vaillant, et le cœur me défaut, J'ai l'espoir bas, j'ai le courage haut,Je doute Amour, et si je le défie. Plus je me pique et plus je suis rétif.

J'aime être libre, et veux être captif, Tout je désire, et si n'ai qu'une envie. Un Prométhée en passion je suis : J'ose, je veux, je m'efforce et ne puis, Tant d'un fil noir la Parque ourdit ma vie.

Comparaison.

La confrontation de ces deux sonnets montre qu'il ne s'agit ni d'une traduction, ni d'une imitationétroite.

Le sujet est semblable : les deux poètes souffrent des contradictions que cause l'amour, mais les imagessont différentes ainsi que le mouvement : sans doute, les deux sonnets sont constitués par une successiond'antithèses, mais dans le poème de Pétrarque elles sont mises en relief par des interrogations, tandis que dans celuide Ronsard elles s'opposent une à une à l'intérieur de chaque vers.

Ronsard a assimilé l'art de Pétrarque sans leplagier. Divergences.

L'examen suivi des sonnets de Pétrarque et de ceux de Ronsard révèle de nombreuses différences dansle fond et dans la forme. # Sentiments : Sans doute le culte du poète toscan pour Laure ne l'a pas empêché d'éprouver de violentes passions pour d'autresbelles personnes, mais Laure a idéalisé toute cette ardeur et est demeurée l'inspiratrice unique.

Ronsard, dédaignépar Cassandre, se consola avec Rose et Marguerite et les remercia en leur dédiant de jolis vers.

Cassandre, dans lepremier livre des Amours, domine les autres amies du poète, mais le temps diminuera son pouvoir.

L'amour deRonsard est trop sensuel pour s'apaiser en vers pétrarquisants ou en méditations platoniciennes. # Forme : L'imitation de Pétrarque est rarement seule; le plus souvent, elle s'accompagne de souvenirs antique^ et d'empruntsà d'autres poètes italiens.

Le sonnet devient alors un monument d'érudition ...

et fatigue le lecteur moderne par sesallusions obscures.

Si Ronsard n'avait écrit que : Je ne suis point, ma guerrière Cassandre, ou : Je parangonne ausoleil que j'adore, ses Amours seraient aussi oubliés que les Odes Pindariques. La technique des sonnets est assez différente chez les deux poètes.

Pétrarque adopte presque exclusivement pourses quatrains la disposition : abba, abba, que conserve Ronsard, mais alors que les tercets chez le poète italiensont des éléments séparés à multiples combinaisons, comme c d e, d c d — c d e, c d e, ou c d e, d c e, Ronsard. »

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