Rousseau, conteur dans les Confessions

« séminaire : « Je crois le rencontrer encore dans les corridors, avançant gracieusement son crasseux bonnet carré pour me faire signe d'entrer dans sa chambre» (L.

Ill, p.

164).

Le récit ne recense pas des épisodes anciens, fort éloignés dans Je temps: il fait sur­ gir sous nos yeux des personnages peints avec énergie.

Le sens de l'exagération Rousseau n'hésite pas à recourir à l'exagération, qui ajoute tan­ tôt au pathétique, tantôt à l'humour du récit.

Le narrateur décrit ses sentiments ou ses malheurs d'enfant de manière excessive.

Il nous dit que, le jour où on lui administra une correction, il fut « repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux )) (L.

1, p.

49)! Il se souvient qu'à J'âge de onze ans, il adressait à son amie, Mlle de Vulson « des lettres d'un pathétique à faire fendre les rochers » (ibid., p.

61 ).

L'image concrète rend pittoresque l'expression du sentiment.

Celui-ci se traduit en effet d'une manière quelque peu caricaturale : « Je crois que si j'avais resté trop longtemps avec elle, dit-il à propos de Mlle Goton, je n'aurais pu vivre; les palpitations m'auraient étouffé)) (ibid., p.

60).

--· LA MISE EN RELIEF DES ÉPISODES Les épisodes évoqués sont toujours mis en relief, notamment par les annonces (qui ménagent un suspens dramatique) ou les bilans (qui montrent toute la portée d'une scène).

Transitions et annonces : l'importance de l'inattendu Par le jeu des annonces, le narrateur souligne le caractère décousu de son expérience, féconde en rebondissements.

Il montre comment les épisodes s'enchaînent les uns aux autres de manière contrastée : « déjà je me regardais comme infiniment au-dessus de mon ancien état d'apprenti; j'étais bien loin de pré­ voir que dans peu j'allais être fort au-dessous )) (L.

Il, p.

96).

L'humeur changeante de Jean-Jacques ajoute encore à l'incer­ titude du hasard, puisque le même événement éveille tour à tour sa crainte ou son enthousiasme: «Autant le moment où l'effroi 108. »