SABLÉ (Madeleine de Souvré, marquise de)

SABLÉ (Madeleine de Souvré, marquise de), femme de lettres française (en Touraine 1599 - Paris 1678). Belle et spirituelle, mais d'une santé frileuse et d'une gourmandise qui lui valut maintes plaisanteries, elle fut ruinée par son mari, et se compromit elle-même dans des liaisons amoureuses (Montmorency, Longueville, Voiture, Armentières) et politiques (elle s'engagea pour Marie de Médicis puis contre Mazarin). Elle fréquenta d'abord l'hôtel de Rambouillet puis tint salon chez elle, place Royale, avec son amie la comtesse de Maure. Les deux femmes sont de purs produits de la société précieuse : instables, idéalistes, hypersensibles, elles oublient dans l'amitié et dans l'esprit leur inaptitude au bonheur conjugal. Mme de Sablé s'était fait un idéal de la galanterie espagnole (notamment à travers les Guerres civiles de Grenade de Pérez de Hita) et elle contribua à lancer la mode des portraits et des maximes. On publia les siennes, agrémentées de pensées diverses, en 1678 : sa vision désabusée de l'homme marqua La Rochefoucauld,

qui lui écrivait : « Je ne crois que vous sur certains chapitres et surtout sur les replis du cœur. » À partir de 1655, Mme de Sablé donna dans la dévotion et se retira auprès du monastère de Port-Royal de Paris, mais son jansénisme ne se sépara jamais d'une soumission à l'Église et d'un esprit de conciliation.