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SAINT-PIERRE, Charles Irénée Castel, abbé de

Publié le 13/10/2018

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Le Projet de paix perpétuelle ne fait que transposer cette analyse sur le plan des relations internationales. Pour échapper aux luttes épuisantes et stériles, les souverains de l’Europe chrétienne doivent constituer une ligue et former un « corps européen », qui garantira définitivement l’état territorial actuel des pays participants, s’érigera en tribunal européen pour juger des litiges et disposera de forces armées européennes pour faire respecter ses décisions. Rousseau, Bentham. Kant reprendront et développeront, à la fin du xviiie siècle, ces idées « conduisant vers le grand but, l'ultime perfection : la société des nations » (Kant). Pour n’avoir pas encore été réalisées, ou pour l’avoir été si mal, en sont-elles moins urgentes, moins « réalistes »?

 

Il en va de même des idées politiques exprimées dans la Polysynodie. L’abbé de Saint-Pierre y critique l’absolutisme autoritaire et centralisateur de Louis XIV et de ses ministres, absolutisme qu’il qualifie de « vizirat ou despotisme oriental ». Il lui oppose une monarchie tempérée ou « aristo-monarchie », dans laquelle le roi règne mais ne gouverne pas, et qui repose sur la multiplication des « Conseils » (polysynodie), dont les membres, élus par un scrutin perfectionné, seraient choisis à l’intérieur d’une « académie politique ». Ce système décentralisé, proche des idées de l’entourage du duc de Bourgogne (Fénelon, Chevreuse, Saint-Simon), et qui annonce Montesquieu, aurait peut-être sauvé la monarchie, et le « conseillisme » qu’il préconise n’a rien perdu de son actualité.

« sciences physiques et naturelles.

La charge, qu'il avait achetée, de premier aumônier de Madam e, mère du Rége nt (bi en qu'il n 'eO t reçu qu e les ordre s mineurs), et la protection de Mme de Lambert le firent admettre en 1695 à l'A cadémie française san s qu'i l eût encore rien publié.

En 1702 , il devint abbé comme ndataire de Tiron .

U particip a aux.

négocia tions de la paix.

d'Ul!echt, en qualité de sec rétaire du futur cardinal de Polignac , et co mmença d'élabore r ce qui allait être l'œuvre fo nda­ mentale de son eJdstence, le Proj et pou r rendr e la paix perpétuelle en Europ e (3 vo l., 171 3-1717).

Le Di sco urs sur la pol ysy nodie (17 1 8), qui était un violent réq uisi­ toire con tre la politique de Loui s XlV, lui valut d'être chassé d e l 'Aca dém ie française (se ul Fonten e lle eut le co urage de voter contr e 1 'exclus ion).

De 1724 à 1731, il f ut avec le marquis R ené-Louis d'Arge nson et l' abbé Alary J 'animateur du club d e I'Enlf esol, qui se réu nissait place Vend ôme , che z le président H éna ult, et o~ ho mme s politiques et diplomate s, français et étrange rs, échan­ geai ent leur s idées dan s un climat d'étonnante liberté.

TI eut une vieille ss e lon gue et heureus e, soutenant infatiga­ bleme nt ses innombrables proj ets de réform e de la socié té, et faisant de nombreu x séjours ch ez Yim• Dupin , à Chenonceaux, où Je jeune Jean-Ja cques Rousseau eut J'oc casion d e le rencontrer.

L'inventeur du mot « bienfaisan ce», «cet homme rar e, l'honn eu r de son siècle », selon Rou sseau, passait, aux yeux de ses contemporains, pour un uro piste, un rêve ur.

Mai s ce que le cardinal Dub ois app e lait «les rêves d'un homme de bien» apparaît plutôt comme un e nsemble de projets élaborés par un réformi ste tr ès en ava nce sur so n temps et non par un visio nnair e chiméri ­ que.

ll avaü été un observateur attentif pendan t« plus de cinq uanre ans, ou à la Cour o u dan s la ville capitale», co mme il le dit lui-m ême, et avail « conn u per so nne lle­ m e nt la plupart des prin ces, des mini stres, des gé nérau x, et ceux qui ont fait les principaux perso nnage s de [son] temp s» .

Au ssi ses Mém oires sur « la réparation des c he ­ mins », « pour diminuer le nombr e d es proc ès », sur (Kant) .

Pou r n'avoir pas enc ore été réali sées, ou pour l'avoir été s i mal, en sont-e lle s molns urge nt es, moin s «ré alistes »? IL en va de même des idées politiqu es exprimées dan s la Pol ysyno die.

L'abb é de Saint -Pierre y critique l'abso ­ l utis me aut oritaire et centralisateur de Loui s XIV et de ses mini stres, absoluti sme qu 'il qu alifi e de « vizirat ou despoti sm e orienta l ».

Il lui opp ose une mon archie tem ­ pérée ou « aristo-monarchie )), dan s laquelle le roi règne mais ne go uv erne pas, et qui rep ose sur la multipli cation des «Con seils» ( p oly synodie ), dont les m embres , élu s par un scr utin perfectionné, seraient cho isis à l'intérieur d'une «académie politique».

Ce système déce ntralisé , proche des id ées de l'entourage du duc de B ourgogn e (Fénelon, Chevreuse, Saint-Sim on), et qui ann once Montesquieu, aura it peut-être sauvé la monarchie , et le « conseilli sm e » qu 'il préconise n 'a rie n perdu de son actualit é.

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