Salammbô (genèse de l'oeuvre)

« 214 1 Flaubert.

Œuvres majeures haute, mais elle a des difficultés atroces ...

»Ce sujet ne le quittera plus et resurgit de temps en temps dans sa correspondance, alors qu'il est en train d'écrire Madame Bovary.

KI semble même qu'il lui donne la force d'achever son pensum en lui promettant des heu­ res meilleures consacrées à un travail plus en harmonie avec son tempérament lyrique et «gueulard» et capa­ ble d'assouvir son «besoin d'épopées gigantesques».

Voici ce qu'il confie à Louise Colet, alors qu'il vient d'achever la scène où Emma s'abandonne à Rodolphe: « ...

d'une autre part, je suis entraîné à écrire de gran­ des choses somptueuses, des batailles, des sièges, des descriptions du vieil Orient fabuleux.

J'ai passé jeudi soir deux belles heures, la tête dans mes mains, son­ geant aux enœintes bariolées d'Ectabane.

- On n'a rien écrit sur tout cela!>> Écrire enfin suivant son cœur certes, mais relever égale­ ment un nouveau défi littéraire; comme si c'était cette notion de défi qui tîlnt lieu de cohérence à toute l'œuvre de Flaubert.

Trois ans plus tard, le manuscrit de Madame Bovary enfin achevé, il n'attendra pas la parution du roman pour se mettre à l'ouvrage.

Depuis quelque temps déjà, il éprouve le besoin de changer radicalement de monde et de style, «le besoin de sortir du monde moderne, où ma plumes 'est trop trempée et qui d'ailleurs me fatigue autant à reproduire qu'il me dégoûte à voir».

Les péri­ péties judiciaires dans lesquelles va l'entraîner sa pre­ mière publication ne feront qu'accentuer ce sentiment de dégoût: plus qu'un roman historique, Salammbô est une œuvre anti-moderne.

«J'ai entrepris un maudit travail où je ne vois que du feu et qui me désespère.

» Donc, ·cette fois, Flaubert a choisi.

Le sujet qu'il va traiter diffère essentiellement de Madame Bovary en cela surtout qu'il n'est pas un pensum imposé par. »