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scène du pauvre Dom Juan

Publié le 02/04/2015

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Acte 3 Scène 2 : Le pauvre Introduction: Molière, dramaturge classique du XVIIème siècle, est connu pour les nombreuses comédies qu'il a écrites notamment pour amuser le roi. Cependant lorsqu'il fait jouer Le Tartuffe, les dévots refusent la pièce qui est finalement censurée. Pourtant, Molière y fait la satire des faux dévots. Molière n'abandonne pas le combat contre l'hypocrisie et la fausse dévotion. Pour nourrir sa troupe et compenser cet échec il écrit en 2 mois, en prose, une autre pièce : Dom Juan, en s'inspirant d'une légende et de la pièce de Tirso de Molina. Il reprend un personnage à la mode à cette époque, Don Juan, mais qu'il transforme du simple séducteur en marginal libertin. Pourchassés par les frères d'Elvire que Don Juan a séduite, épousée et abandonnée, Don Juan, en habit de campagne, et son valet Sganarelle, en habit de médecin, se sont égarés dans une forêt tandis qu'ils débattaient sur le thème de la médecine et de la croyance. Avisant un pauvre homme sous les arbres, Don Juan charge Sganarelle de l'appeler et de lui demander leur chemin. C'est une nouvelle occasion pour Don Juan de commettre un sacrilège et de défier Dieu, en incitant le pieux vieillard à renier sa foi. Comment cette scène dévoile-t-elle la face cachée de Don Juan? Nous verrons donc dans une première partie comment Don Juan se comporte face au pauvre puis face à Dieu et enfin nous étudierons le rôle joué par Sganarelle. Don Juan refuse de respecter le code de charité OU Affrontement entre un grand seigneur méchant homme et un homme pieux La situation du pauvre : Le pauvre est une périphrase qui réduit cette personne à sa situation sociale : un marginal, un mendiant, il n'est pas appelé par son nom mais par son identité sociale pour mettre en valeur qu'il est au plus bas de l'échelle sociale. cette appellation "le pauvre", générale, renvoie aussi à tous ceux qui sont pieux et qui, contrairement à Don Juan ou même Sganarelle, ne blasphémeraient pour rien au monde. C'est une image valorisante des vrais dévots opposés aux faux-dévots tels Tartuffe et Don Juan qui devient hypocrite dans la scène que nous avons commencée à étudier. Il énonce clairement sa condition (l14) »je suis un pauvre homme ». Le caractère pathétique du pauvre est apporté par le terme « secourir » puis accentué par « pauvre homme », « tout seul », « hélas », « dans la plus grande nécessité du monde », expression qui utilise le superlatif absolu et qui insiste sur la pauvreté. Il est démuni, ne mange pas à sa faim, vit seul comme un ermite. Il n'oublie jamais de marquer sa différence de condition avec Don Juan en employant « Monsieur » 7 fois, et il vouvoie Don Juan. La mention de la prière (l15) « je ne manquerai pas de prier le Ciel » superpose à l'image du mendiant celle de l'ermite (ciel = Dieu). Il représente un choix de vie ascétique (vie rude et austère où l'on se prive des plaisirs matériels) prôné par le Christ. Dans la liste des personnages il apparaît sous le nom Francisque qui fait référence à Saint François qui insiste donc sur le dénuement. Le pauvre mendie non par fatalité mais par choix, il a fait voeu de pauvreté et dédie sa vie à la prière, c'est un ermite ( il est cultivé, il emploie du subjonctif imparfait (l 41) « que je commisse ».Il est généreux (générosité du coeur dans la prière) et pieux ce qu'il confirme par le champs lexical de la religion (l11)« aumône »...
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« Il est humble et son attitude détonne par rapport à la réaction de Don Juan.

Il est altruiste (généreux et désintéressé), il aide son prochain naturellement (précepte catholique) mais Don Juan n'éprouve aucune compassion et se montre dur, cruel et même agressif (l18) « prie-le qu'il te donne un habit » • La cruauté de Don Juan – Don Juan feint d'ignorer le code de la charité (1 des 3 vertus théologales avec l'espérance et la foi).

Au XVIIème siècle c'est un devoir pour un homme fortuné de donner aux pauvres ; il se comporte ainsi en bon chrétien.

Faire la charité, c'est excuser sa richesse auprès de Dieu.

Il demande le chemin et repart alors le pauvre lui demande de l'argent et Don Juan le traite comme si celui-ci était hypocrite, Don Juan le considère alors comme quelqu'un qui « vend » son information.

Il traduit la demande de « le secourir de quelque aumône » par l'adjectif désintéressé ce qui renvoie l'image d'un homme cupide .

Le pauvre n'entre pas dans le jeu cynique du libertin puisqu'il ne se justifie pas mais expose sa condition misérable.

– Don Juan se moque du pauvre : Don Juan se moque des convictions les plus saintes du christianisme : l'aumône et la prière.

Le pauvre est dans un don spirituel.

Don Juan se montre ironique mais cette ironie est déplacée dans sa déduction : le pauvre prie donc il devrait être récompensé par Dieu et Don Juan lui fait remarquer que ses prières sont inutiles puisqu'il n'a pas un habit correct (l27) « bien à son aise », (l34) « bien dans ses affaires » ce qui montre l'ingratitude de Dieu .

De plus s'il prie pour ceux qui lui font l'aumône c'est que le Salut s'achète et qu'ils n'ont pas à le faire eux-même. – Le pauvre, lorsqu'il prie n'attend aucun retour, l'aspect matérialiste des choses n'a pas d'importance. Don Juan prouve justement, en parlant ainsi, sa philosophie matérialiste et se comporte en blaspémateur. • Un Don Juan antipathique et heureux du blasphème Cette scène a deux mouvements : l'argumentation perverse dans laquelle Don Juan montre l'incohérence de la foi puis le blasphème avec une scène de tentation .

Il incite la pauvre à blasphémer en lui promettant un louis d'or s'il jure c'est à dire s'il profère des propos contre Dieu. Le dialogue entre Don Juan et le pauvre atteint son paroxysme quand Don Juan demande de jurer. Pour exprimer la tentation, on note une gradation dans le ton : – « que tu veuilles » est un subjonctif présent qui exprime un souhait – « il faut » exprime une nécessité – enfin « jure donc » est un impératif qui exprime un ordre Ces 3 tentations rappellent les 3 tentations que le diable a fait subir à Jésus dans le désert (changer des pierres en pain, se jeter du sommet du temple de Jérusalem pour voir si Dieu le protège, se prosterner devant le diable pour obtenir le pouvoir sur tous les royaumes) Cette volonté de vouloir faire blasphémer un homme pieux, qui consacre sa vie à Dieu et pire qu'un blasphème, c'est un acte de libertinage (-->libertinage de pensée : nier les lois morales et divines, nier l'existence de Dieu,→ libertinage de moeurs : Don Juan a plusieurs femmes).

A l'époque, la loi sanctionne ces écarts, cette attitude d'une amende de 50 livres et de 7 jours de prison ou d'un bannissement aux galères à vie. Don Juan se montre antipathique avec un discours humiliant car il lui demande s'il est pauvre (l27) « il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise?» et car il sait que le pauvre est en situation de faiblesse alors que lui parle en seigneur et lui dit « mon ami » pour donner l'impression qu'ils sont à égalité et l'utilisation de l'imparfait et du conditionnel « si vous vouliez », « voudriez-vous » montre que le pauvre est dominé mais plus loin il est péremptoire (catégorique) (l50) « non, j'aime mieux. »

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