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SCUDÉRY Georges de : critique et analyse de l'oeuvre

Publié le 13/10/2018

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SCUDÉRY Georges de (1601-1667). Georges de Scudéry est, de nos jours, pratiquement inconnu. Quand son nom est évoqué, c’est plutôt à la suite de celui de sa sœur Madeleine, elle-même tirée périodiquement de l’oubli par l’évocation des fameux portraits extraits de ses romans. Pourtant, G. de Scudéry a déployé de son temps une activité littéraire considérable, dans la plupart des genres à la mode. La vanité du poète ne suffit pas à expliquer sa gloire passée ni sa réputation de « matamore des lettres ».
 
Homme de guerre et homme de lettres
« La poésie me tient lieu de divertissement agréable, et non d’occupation sérieuse. Et quand même ce serait manquer que de se servir ensemble d’une épée et d’une plume, je tiens cette faute glorieuse, qui m’est commune avec César ». C’est en ces termes que Scudéry revendique énergiquement sa double vocation, que ses biographes se plaisent à développer.
Il est vrai qu’on n’a guère de renseignements sur la jeunesse du poète. Né au Havre, d’une famille originaire d’Apt, Georges, après la mort de ses parents, est élevé avec sa sœur par un oncle, près de Rouen. On sait qu’ensuite il vit longtemps à Rome. Puis la carrière militaire le retient de 1623 à 1630. Il sert dans les gardes françaises, se taille une réputation de vaillant capitaine dans plusieurs batailles. Il est possible que cette première image du poéte fausse notre perspective, et que l’on ait tiré un parti excessif des déclarations fracassantes de l’ancien combattant devenu homme de lettres. Toujours est-il qu’on attribue à Scudéry une inépuisable vanité et toutes les rodomontades de celui qui ne sait plus quand il tient la plume et quand il manie l’épée. Un extrait de la préface dont il accompagne une édition des Poésies de Théophile de Viau, qu’il admire, donne le ton des défis qu’il multipliera par la suite : «Je ne fais pas de difficultés de publier hautement que tous les morts et tous les vivants n’ont rien qui puisse approcher des forces de ce vigoureux génie; et si, parmi ces derniers, il se rencontre quelque extravagant qui juge que j’offense sa
gloire imaginaire, pour lui montrer que je le crains autant que je l’estime, je veux qu’il sache que je m’appelle : de Scudéry ».
 
On retrouve cette vigueur provocante pendant la querelle du Cid, où Scudéry s’illustre sans ménager ses termes. Il vient à la rescousse de la toute jeune Académie française, où il n’entrera qu’en 1650, écrivant en tête de ses Observations sur « le Cid » (1637) : « Il est de certaines pièces, comme de certains animaux qui sont en la nature, qui, de loin, semblent des étoiles et qui, de près, ne sont que des vermisseaux ». Il est difficile de trancher entre la jalousie d’un auteur prenant ombrage de la gloire soudaine du jeune Corneille, dont il s’était dit l’ami, et du désir de plaire à Richelieu, qui orchestre la cabale. Toujours est-il que Scudéry attaque l’ouvrage, d’une plume qui, selon l’expression de Corneille, « n’avait jamais été taillée qu’à coups d’épée ». Son attitude lui valut, pour la postérité, une réputation de pédant obstiné, mais le posa un temps en théoricien du théâtre pour ses contemporains surtout quand, un peu plus tard, parut son Apologie du théâtre (1639).
 
En d’autres circonstances encore Scudéry se montre maladroit, ou victime d’une sincérité excessive. Au moment de la Fronde, il prend parti pour Condé contre Mazarin, affiche des opinions politiques hardies dans une période troublée. Il déplaît, il doit quitter Paris et les « samedis » de sa sœur pour s’exiler en Normandie. Il n’était pourtant de retour dans la capitale que depuis peu de temps. En 1642, il avait en effet accepté comme une aubaine (il n’était pas riche) le poste de gouverneur de Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille. Mazarin le dépossède en 1652 de cette fonction — et il ne la retrouvera pas, malgré les interventions de Mme de Rambouillet.

« I'Adone de M arino.

11 ~·e~saie à la tragédie avec un suje t tiré de Plutarqu e (la Mort de César, 1635- 1636).

Mais p é riod iqu eme nt il revie nt à la trng i- comé d ie; il tente de surpasse r le Cid avec L 'Am our tyrannique (1 6 38 -1 639), met en scène des personnages hislOriques (Eudoxe, 1639 ; Andr o m ire , 1640 -1641) ; L'une de ses derni è res tragi­ com éclics est tirée du r oman de sa sœur , Ibrahim ou l'Illustre B assa.

Scudéry o trnvo i llé pou r le théâtre du Mara is.

surtout du tem ps de Montdory, avant 1637; plu­ sieu rs de ses pièces figurent aussi au répertoire de l'Hô­ tel de B ourgo gne , com me l'atteste le Mém oire de Mahelot.

Les romans Ibrahim ou l'Il lus tre B assa (1641 ), Arta ­ mine ou le Gra nd Cynts ( 1649 -1653 ), Clélie (1654- 1660 ), Almahida ( 1660 -166 3) parai sse nt sous le nom d e Georges, mai s il semb le bien que Mad e leine en ait été le véritab le a uteur.

en co re qu'on oit mal renseigné sur une éven tuelle colla b o ration du frèr e ct de la sœu r : Scudéry aura h exce llé dan s l es récits de bata ille, l es événements gu errie rs ...

Quell e qu'ai t été sa pan dans ces œ uvres imm e n ses, Georges Scudéry ne cess a de versifier; il co mpo sa, entr e autr es, e n 1654, une épopée de 11 000 ve rs, A lari c ou R om e vai nc u e, en l'honn eur d e Ch ris tin e de Suède .

Les juge m ents ponds s ur l'œuv re de Sc ud éry ne va ri e nt guè re : il étire , il sc ré p ète, il multiplie les lon ­ g u es de scriptio ns, les fe~ ton s c t les ave ntures à tiroi rs.

D e fait, ses tra gi-comé dies sont en vahies par le roman es­ qu e: ainsi le Tr o m peur pwr y (1633) , qu i se déroule dans le palais du roi du D anem ark, puis dans celui du roi d 'A ngleterr e, accumule du e ls, renco ntres inattendue s et évé nements propa ces à des effe ts spectaculaires.

M ais Scudéry ne s'écarte pas eo cela des goûts de l'époq ue.

pas plu s que lorsqu'il s'i nspire des exe mp les espagnols et italie n s.

Boi leau co ndamne su rtou t sa tendan ce à • héroïser », sa difficult é à ma îtrise r une écri tur e impr o­ visée et trop rapide, préc ac u se dans ses excès .

C e qui ne l'empêche pa~o d'avoir été un d es poètes tragique s les plu s ap plaud is de son temp s.

Une parti e des charges qui J'accable nt viennent de la génération classique, une partie de sa disgrâce de so n souc i de satisfaire à Ja mode a vec trop d'enthou si asme .

Si l'on entre prend de lire S cu ­ déry, il faut garder à l'e sprit qu'il est un exemple limite d 'u ne s en sib ilité particu li~re et ép hémère , a ppel ée par­ fois « précioo;ité » .

B lBLIOGRAPHW Œuvre s.

- La Com~dlo des com édie ns, éd.

critique par Jo an Crow, ..

Textes li ttérnires "• XIX, Exe t er Univ ., 1975.

Pot:r ie11 diverses, texte étubl! par Rosn Ga lli Pe lle gri ni, Schena/Ni zet, 1984 .

L 'AIIIO III' IYI'fl llllÎfJII ft, dnns Théâtre du XVI( sièc l e, t.

rr.

éd.

J .

Tru c hc L, Oalli lllut'cl , Ln Pl6 hu.l tl, 1986; le C abinet de M.

de Scudéry .

p.p.

C.

Ille t et 1).

Mon cnnd' huy , Klin cksieck, 1991.

A consu lter.

- C h.

Cle rc, U11 m ata m ore des lettres.

La vi e tra gi-co mique tle G.

de Scudiry.

Paris .

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Droz, 1988 : id., Scud4ry tlréorr c ien dr1 classicisme, Bibüo 17, TUbin ­ gen, 1991 - Parution annoncée pour 1993 d'un colloque tenu a u Havre en 1991 sur ln Scudiry, chez Klio cksie ck.. »

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