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SEGRAIS, Jean Regnauld (ou Renaud), sieur de: analyse et critique de l'oeuvre

Publié le 14/10/2018

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SEGRAIS, Jean Regnauld (ou Renaud), sieur de
 
(1624-1701). De Segrais La Bruyère disait : «Il fait revivre Virgile parmi nous, transmet dans notre langue les grâces et les richesses de la latine, fait des romans qui ont une fin, en bannit le prolixe et l’incroyable pour y substituer le vraisemblable et le naturel », résumant parfaitement l’œuvre d’un écrivain en qui Voltaire saluera « un très bel esprit et un véritable homme de lettres ».
Le Virgile français
 
« Une belle et jeune Clymène qui animerait le peu de génie qui est en moi et un grand maître savant connaisseur qui le soutiendrait et le dirigerait me pourraient faire parvenir à quelque gloire si, comme je vous l’ai dit, il y en a, en France, à faire des églogues ». Par ces lignes, en préface à son poème Aîhys, publié en 1653, Segrais définit avec esprit les limites du genre dans lequel il fait, avec succès, ses premières armes. Dans ce poème « épique et bucolique » il chante bergers et bergères qui s’aiment sur les rives de « l’Orne délicieuse aux tortueux détours », élevée au rang de « Celtique Méandre ». Six autres églogues, publiées en 1660, succéderont à Y Aîhys.
Loués en latin par ses amis Ménage et Huet, ces venustis-sitna poemaîa abondent en « lieux sauvages et solitaires », « antres affreux », « noires forêts », « grottes obscures ». Ogier, dans une longue et savante dissertation, publiée en annexe des « Églogues » (dans les Poésies diverses, 1658), se demande s’il ne conviendrait pas d’améliorer « paisibles marais » en « humides marais ».
 
Le jeune Segrais baigne alors avec bonheur dans le milieu parisien de la création littéraire. Il est arrivé de Caen, où il est né, dans la suite du comte de Fiesque, auprès duquel il fait profession de poésie, en gentilhomme pauvre contraint de monnayer ses talents. A vingt ans, il avait déjà écrit une tragédie sur la Mort d’Hippolyte et un long roman, Bérénice, qui fut publié en 1648. La mode est à la poésie bucolique et galante, suivant le modèle de l'Astrée, et les « poètes de ruelles » rivalisent à qui produira élégies, épîtres, stances et sonnets. Si Segrais affirme que ses poésies sont « plus amoureuses que champestres », il a une façon bien à lui de traiter les thèmes imposés par la mode, et possède assez d’esprit et de sensibilité pour manier les poncifs avec habileté, voire avec humour. Son « Épître à une dame qui aimait un vieillard » est pleine de malice et de traits dignes de Molière, son sonnet allégorique « A la mer »

« dis et vers l'enfer, lieux où le rée l peut se délivrer impu ­ nément de toute la familière étrangeté dont il est lourd.

Les rapports de Segrais et de Mademoiselle se gâtè­ rent lorsqu' en 1672 il intervint pour provoquer sa rupture avec Lauzun.

Chassé, il fut recueilli par Mm e de La Fayette et pensionné par M .

de Longueville.

Le premier roman de Mm• de La Fayette, Zaïde, avec une préface de Huet sur l'histoire du roman, parut sou s le nom de Segrais qui avoue y avoir eu « quelque part, mais seule­ ment pour la disposition du roman, où les règles de l'art sont observées avec grande exactitude .».

Il confirme ainsi ce qu'on pressentait dans les Nouvelles, à savoir que la part la plus précieuse , chez lui, est celle du théori­ cien, apportant la conception d'un système clos, qui obéit aux lois de sa propre architecture comme à la nécessité et scelle, dans son dénouement, l'accomplissement d'un destin.

Si la Princesse de Clèves atteint d'emblée la perfection du genre, c'est peut-être aux leçons de compo­ sition de Segrais qu'elle le doit.

L'homm e de lettres Segrais était enué, dès 1662, à l'Académie française.

Vieillissant, souffrant de surdité, il épousa une riche héritière normande e t se retira à Caen en 1679.

Le duc du Maine aurait souhaité 1' attacher à sa cour , mais il refusa, disant que. »

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