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Selon le poète du 20ème siècle, Saint-John Perse : « Poète est celui-là qui rompt pour nous l'accoutumance. » Que pensez-vous de cette conception du rôle du poète ?

Publié le 22/02/2012

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« La création poétique est d'abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels. », écrit le poète contemporain mexicain Octavio Paz dans L'Arc et la lyre. Saint-John Perse lui fait écho en affirmant dans son discours de Stockholm : « Poète est celui-là qui rompt pour nous l'accoutumance. » ; l'utilisation du verbe « rompre » induit une dimension violente de l'écriture poétique et une opposition radicale avec nos habitudes. Le terme d'« accoutumance » ensuite, peut être opposé à une notion d'originalité, de nouveauté que Perse semble attendre du rôle de poète. Quant à l'expression « pour nous », elle suggère le fait que le poète parvient à proposer une vision nouvelle du monde, ce dont les autres hommes sont incapables : pour Perse, le poète est donc un être à part. Mais en quoi le poète se différencie des autres artistes ? Quels sont ses caractéristiques ? Peut-on qualifier la poésie de « genre à part » ? Pour répondre à cela, nous aborderons dans une première partie ce qu'est l'art poétique puis dans une seconde partie, nous examinerons ce que la poésie a de plus apte à exprimer qu'un autre genre littéraire et enfin dans une dernière partie, nous évoquerons ce qu'est concrètement le rôle du poète, en particulier à notre époque. Je vous souhaite une agréable lecture.

« poème sur un plat de poissons frits.

Selon Gutman c'est le regard subjectif et déformant du poète qui fait surgir lapoésie mais c'est elle qui est l'acte initial.

On peut donc ainsi conclure que la poésie est un moyen de s'évader de laréalité et de rêver. *** La poésie est porteuse de sentiments tout d'abord par sa musicalité.

C'est une langue cadencée et rythmée :chaque vers comporte un certain nombre de syllabes, chaque strophe contient un certain nombre de vers.

Ceci créechez le lecteur un sentiment de rythme et d'ordre poétique.

Les rimes, les assonances, les allitérations et lesparonomases interpellent des sentiments chez le lecteur.

Par exemple dans « Chansons d'automne » (poème tiré durecueil Poèmes saturniens de Paul Verlaine), dans le vers « Les sanglots longs des violons de l'automne », onremarque une allitération en « L » ce qui provoque un sentiment de mélancolie et de tristesse.

De plus, la poésieemploie beaucoup de mots rares, que le lecteur ne connaît pas tout le temps.

Il va donc inventer lui-même unesignification à ce mot, en fonction du sens général du poème et de la sonorité du mot.

Il fera donc appel auxsentiments que le mot lui provoque pour comprendre son sens ; ainsi, Rimbaud écrit dans Voyelles : « U, cycles devibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux […] ».

En utilisant toutes les ressourcesdu langage, le poète vise une esthétique dans sa création.

Etant donné que la beauté attire les hommes, certainspoètes, pour réduire le « stress » du lecteur, envisagent seulement une description optimiste de la vie, avec laconviction que c'est la seule fonction du poète.

Ainsi, en combinant rythme, langue et mélodie, ils recherchent unecertaine musicalité de la poésie qui fera dire à Paul Verlaine dans « Art poétique », « De la musique avant toutechose ».

Autrement dit, une certaine beauté du langage qui servira de récréation aux lecteurs est la finalité de lapoésie.

Dans son poème « A la promenade », Paul Verlaine ne choisit pas ses mots uniquement pour leur sens maisaussi pour leur musicalité, ce poème commence par une allitération en L « Le ciel si pâle et les arbres si grêles » cequi rend l'atmosphère léger et aérien.

On peut donc dire que la poésie est souvent plus un ressenti que de lacompréhension, Paul Verlaine joue plus sur la sensibilité que sur la raison.

Il joue de l'opposition du langage poétiqueet du langage quotidien, le poète en utilisant ce langage nous impose une réflexion particulière.

La poésie fait appelà notre imagination ainsi lorsque Arthur Rimbaud écrit le poème « Aube », il personnifie l'aube en l'embrassant.

Onpeut donc conclure que la poésie utilise un nouveau langage visant à développer notre imagination et nos rêves. Mais la poésie met aussi en exergue certains aspects de notre vie auxquels nous n'attachions plus d'importance etle poète en fait ensuite une importante réflexion sur la vie.

Par exemple, dans le poème « Violettes » de PhilippeJaccottet, ayant aperçu des violettes en hiver au cours d'une promenade, ces fleurs frêles mais d'une grandebeauté lui donnent l'occasion quelques jours plus tard, dans une sorte de rêve éveillé, de prendre conscience de lafragilité de la vie, de son destin ; il nous délivre à travers ses violettes un message angoissé de l'existence.

Le textepoétique de Jaccottet n'est jamais totalement versifié, c'est un mélange de vers et de prose, une écriture singulièreavec laquelle il nous dit sa façon à lui, de voir le monde et de réagir face à lui.

S'il recourt peu aux images,comparaisons et métaphores, s'il utilise un langage clair, la nature, ici la violette lui sert seule de support pour nousfaire connaître ses sentiments à la façon des romantiques.

Jaccottet recrée dans son imaginaire la violette qui n'apas besoin d'être présente pour qu'il puisse en découvrir la beauté, lui évitant ainsi de la ramasser.

Malgré unarrière-plan de peur et d´effroi devant l'abîme de l'existence, le poète prend conscience de la beauté dumonde, se résumant quelquefois à de petites choses, quasi insignifiantes ; comme des violettes, mais d´unautre côté, derrière ces choses qui ont une grande fragilité, le sentiment de la beauté disparaît très vite pour laisserde nouveau la place à l'angoisse devant la mort.

Ces interrogations « comment des fleurs aussi frêles » peuventvivre, tenir debout sauvent alors le poète du désespoir, car on peut concilier la fragilité de la vie de la vieillesse et labeauté, ce qui paraissait au départ inconciliable.

A travers la métaphore de la violette, qu'il nous invite à ne pascouper ou déplacer pour la condamner à la mort, Jaccottet nous confie ses angoisses face à l'immensité del'existence.

Les violettes que l'on coupe, ou que l'on replante dans son jardin, ce sont les hommes que l'on déracinede leur environnement. *** Bien que le poète soit souvent considéré comme un être à part, c'est avant tout un homme.

En effet selon Eluard «les poètes sont des hommes comme les autres » et « tous les hommes peuvent être à l'échelle du poète ».

Mais, lepoète est capable de comprendre le monde qui l'entoure mieux que quiconque.

Ni tout à fait différent, ni tout à faitle même, le poète se voit doté d'un « pouvoir sur les mots absolu ».

En effet le poète est capable de traiter den'importe quel sujet : la vie, la mort, la nature, l'amour, mais le poète dit avant tout la vérité.

Selon Daumal, ilcherche ce « mot porteur de vérité », ce « mot qui réveillerait les fantômes ».

Le poète a bel et bien un pouvoirabsolu sur ses mots qui constituent son unique arme.

C'est ainsi que les auteurs parviennent à nous transmettredifférents sentiments à travers leurs poèmes.

Tristesse d'Alfred de Musset retranscrit avec beaucoup de profondeurles sentiments de solitude et de tristesse de l'auteur.

Les dents serrées de Pierre Emmanuel exprime une haineprofonde qui ouvre un chemin vers l'espoir.

Collot rappelle qu'en poésie, il y a toujours trois termes indissociables: unsujet qui parle avec sa subjectivité, le monde, et un langage.

Mais à la fin du XIXème siècle, on assiste à une crisedu langage, le poète n'est plus obligé de garder « une certaine tradition », le langage poétique rompt avec «l'universel reportage » (expression de Mallarmé) et avec la rhétorique.

Ce langage singulier exige de plus en plus unvéritable décodage, une sorte de critique, une démarche explicative et interprétative.

Le message n'est plus direct. »

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