SORBIÈRE Samuel : analyse et critique de l'oeuvre

SORBIÈRE Samuel (vers 1615-1670). Sorbière joua un rôle important au milieu du xviie siècle dans la vie intellectuelle et littéraire, en particulier comme traducteur. Né dans une famille protestante de la région nîmoise, il devait devenir pasteur, et son oncle, le théologien S. Petit, veilla sur sa formation. Mais, dès 1640, il rompit de fait avec sa religion (il se convertit au catholicisme en 1653, pour se concilier les bonnes grâces des puissants). Envoyé en Hollande afin d’y compléter sa formation, il se tourna vers la médecine, la philosophie, et exerça un temps comme professeur. Il soutint passionnément Gassendi dans la longue querelle que celui-ci eut avec Descartes, à partir de 1644, à propos des Méditations. A partir des années 1650, il accomplit des voyages en Italie, en Angleterre (Relation d’un voyage en Angleterre, 1664) et se montra actif dans les milieux intellectuels parisiens, où il apparaît comme un continuateur du libertinage érudit. Il fut en particulier un des animateurs de l’académie savante organisée à partir de 1657 par Habert de Montmort.

Ses écrits reflètent cette part de son activité : Lettres et discours sur diverses matières curieuses (1660), Vie de Gassendi (1662. en latin). Mais le domaine le plus important de sa production est la traduction (l'Utopie de Thomas More, en 1643; les Œuvres politiques de Hobbes, de 1644 à 1652). Il apporta ainsi à la réflexion politique en France les textes des théoriciens anglais, dont la diffusion était jusque-là restée limitée, et qui représentaient une démarche originale face aux deux grands ensembles théoriques alors en discussion : la thèse du droit divin pour la monarchie, le machiavélisme.