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Stendhal et « Le rouge et le noir »

Publié le 27/06/2015

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stendhal

« Tandis que les hautes classes de la société parisienne semblent perdre la faculté de sentir avec force et constance, les passions déploient une énergie effrayante dans la petite bourgeoisie, parmi ces jeunes gens qui, comme M. Laffargue, ont reçu une bonne éducation, mais que l'absence de fortune oblige au travail et met en lutte avec les vrais besoins.

Soustraits, par la nécessité de travailler, aux mille petites obligations imposées par la bonne compagnie, à ses manières de voir et de sentir qui étiolent la vie, ils conservent la force de vouloir, parce qu'ils sentent avec force. Probablement tous les grands hommes sortiront désormais de la classe à laquelle appartient M. Laffargue j. Napoléon réunit autre­fois les mêmes circonstances : bonne éducation, imagination ardente et pauvreté extrême 2. «

Le personnage de Lafargue, sur lequel il revient à plusieurs reprises dans Promenades dans Rome, ouvrage composé à la même époque que Le rouge et le noir, lui fournit aussi un certain nombre de traits physiques qu'il prête à Julien.

« Laffargue a vingt-cinq ans (...). Il a reçu de la nature une physionomie intéressante. Tous ses traits sont réguliers, délicats, et ses cheveux arrangés avec grâce. On le dirait d'une classe supérieure à celle qu'indique son état d'ébé­niste 3. «

Aussi Stendhal se vante-t-il que « tout ce qu'il raconte est réellement arrivé «. Appuyé sur l'anecdote fournie par l'actualité, il rédige rapidement son roman, entre la fin de l'année 1828 et 1830, période propice : « J'étais devenu parfaitement heureux, c'est trop dire, mais enfin fort passa­blement heureux en 1830 quand j'écrivais Le rouge et le noir'. «

Entre le début et la fin de la rédaction, le roman fut considérablement étoffé, et passa d'une ébauche intitulée julien au gros livre que nous connaissons.

Stendhal arrêta tardivement le choix de son titre. De nombreuses explications en furent proposées, allant des couleurs de la roulette aux symboles des différents partis

1. Lafargue est orthographié avec deux f par Stendhal, contrairement aux archives judiciaires.

2. STENDHAL, Promenades dans Rome, 23 novembre 1828.

3. STENDHAL, Promenades dans Rome, 23 novembre 1828.

4. STENDHAL, Vie de Henry Brulard.

n

politiques. Henri Martineau en donne une sorte de synthèse plausible : « Ce titre, qui s'imposa brusquement à lui, répon­dait au goût du jour et il évoquait à la fois l'uniforme du militaire et la soutane du prêtre, le jacobinisme du jeune héros et les menées de la Congrégation, ainsi qu'en dernière analyse les chances du hasard 1. «

 

Mis en vente le 15 novembre 183o, sous la forme de deux volumes in-octavo tirés à 75o exemplaires, le roman eut une seconde édition chez le même libraire, comme le pré­voyait le contrat, mais ce fut tout : le roman n'eut guère de succès. Il scandalisa (cf. la critique donnée en annexes). Mais Stendhal, sûr de son génie, fit, contre les philistins de la Restauration, confiance à la postérité : « Je serai compris en 1880. «

stendhal

« ses bienfaits, Berthet entra, en 1818, au Petit séminaire de Grenoble.

En 1822, une maladie grave l'obligea à discon­ tinuer ses études.

Il fut recueilli par le curé, dont les soins suppléèrent avec succès à l'indigence de ses parents.

A la pressante sollicitation de ce protecteur, il fut reçu par M.

Michoud qui lui confia l'éducation d'un de ses enfants; Mme Michoud, femme aimable et spirituelle, alors âgée de trente-six ans, et d'une réputation intacte, pensa-t-elle qu'elle pouvait sans danger prodiguer des témoignages de bonté à un jeune homme de vingt ans dont la santé délicate exigeait des soins particuliers? Une immoralité précoce dans Berthet le fit-elle se méprendre sur la nature de ces soins? Quoi qu'il en soit, avant l'expiration d'une année, M.

Michoud dut songer à mettre un terme au séjour du jeune séminariste dans sa maison ( ...

).

En 1825 il obtint d'être admis au Grand séminaire de Grenoble; mais après y être demeuré un mois, jugé par ses supérieurs indigne des fonctions qu'il ambitionnait, il fut congédié sans espoir de retour ( ...

).

Berthet parvint encore à se placer chez M.

de Cordon en qualité de précepteur.

Il avait alors renoncé à l'Église; mais, après un an, M.

de Cordon le congédia pour des raisons imparfaitement connues et qui paraissent se rattacher à une nouvelle intrigue.

Il songea de nouveau à la carrière qui avait été le but de tous ses efforts, l'état ecclésiastique.

Mais il 1 fit et fit faire de vaines sollicitations auprès des séminaires de Belley, de Lyon et de Grenoble.

Il ne fut reçu nulle part; alors le désespoir s'empara de lui.

Pendant le cours de ces démarches, il rendait les époux Michoud responsables de leur inutilité.

Les prières et les reproches qui remplissaient les lettres qu'il continua d'adresser à M.

Michoud devinrent des menaces terribles.

On recueillit des propos sinistres : " Je veux la tuer », disait-il dans un accès de mélancolie farouche ( ...

).

Ces étranges moyens produisaient une partie de leur effet.

M.

Michoud s'occupait activement à lui rouvrir l'entrée de quelque séminaire; mais il échoua ( ...

).

Tout ce qu'il put obtenir, fut de placer Berthet chez M.

Trolliet, notaire à Morestel ( ...

).

Mais Berthet, dans son ambition déçue, était las, selon sa dédaigneuse expression, de n'être toujours qu'un magister à 200 francs de gages.

Il n'inter­ rompit point le cours de ses lettres menaçantes ( ...

).

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