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Sur la mort de Marie, 1556, in Les Amours de Ronsard

Publié le 07/05/2012

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ronsard

 

Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose,                 A En sa belle jeunesse, en sa première fleur,                             B Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,                                         B Quand l’aube, de ses pleurs, au point du jour l’arrose ;                            A

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,                                A Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;                                B Mais battue ou de pluie ou d’excessive ardeur,                              B Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose.                            A

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,                                         C Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,                                  C La Parque t’a tuée et cendre tu reposes.                                        A

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,                                     B Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,                                B Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.                          A

 

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Ainsi en ta première et jeune nouveauté,                                         C Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,                                  C

La Parque t’a tuée et cendre tu reposes.                                        A Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,                                     B Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,                                B Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.                          A

Ce poème fait partie du Second livre des Amours qui a été publié en 1578. Il a été rédigé en souvenir de Marie de Clèves, maîtresse follement aimée d’Henri III qui mourut dans la fleur de l’âge, et à laquelle se superpose aussi le souvenir d’une autre Marie, aimée par Ronsard. Ce poème a été rédigé sous forme de sonnet, c’est-à-dire dans une forme poétique nouvelle, venue d’Italie, que Ronsard et ses amis de la Pléiade ont contribué à introduire en France en s’inspirant de Pétrarque, un poète italien du XIVe siècle.

Dans ce poème, Ronsard aborde une thématique qui lui est chère, à savoir le caractère éphémère de la vie, en procédant une nouvelle fois à un rapprochement entre la femme et la fleur. Dans un premier temps, je m’attacherai donc à montrer comment il opère ce rapprochement, via l’analyse formelle du poème et de ses figures de styles ; ensuite j’étudierai la réflexion que mène le poète via ce rapprochement sur la vie et la mort; enfin, j’essaierai de montrer que le poète cherche dans ce poème à transcender la mort par l’écriture, à immortaliser via la poésie à la fois son amour et la femme aimée. 

ronsard

« 2 fleur.

Dans un premier temps, je m’attacherai donc à montrer comment il opère ce rapprochement, via l’analyse formelle du poème et de ses figures de styles ; ensuite j’étudierai la réflexion que mène le poète via ce rapprochement sur la vie et la mort; enfin, j’essaierai de montrer que le poète cherche dans ce poème à transcender la mort par l’écriture, à immortaliser via la poésie à la fois son amour et la femme aimée. Développement Le rapprochement entre la femme et la fleur Le rapprochement entre la femme et la fleur opère à différents niveaux : 1. Au niveau de la structure des rimes Dans un sonnet, les rimes suivent normalement le schéma suivant : soit ABBA ABBA CCD EED (sonnet italien), soit ABBA ABBA CCD EDE (sonnet français).

Mais dans tous les cas, les deux quatrains sont bien distincts des tercets, puisqu’ils ne partagent pas de rimes communes.

Or, dans ce poème, on a à faire au schéma suivant : ABBA ABBA CCA BBA que l’on peut également lire ABBA ABBA CC ABBA.

Ronsard a donc cherché à lier les tercets aux quatrains, en limitant volontairement le nombre de rimes.

Ainsi, les quatrains, dans lesquels le poète chante la beauté éphémère de la rose, se trouvent associés par les rimes en fin de vers aux tercets, qui sont eux consacrés à Marie.

La rose et la femme se trouvent ainsi rapprochées dans la structure même du poème.

Au lieu de la traditionnelle opposition entre quatrains et tercets, on a donc un poème qui les rapproche, parce que c’est une manière de rapprocher femme et rose. 2. Au niveau du vocabulaire De plus, et pour la même raison, les tercets reprennent de façon insistante à l’intérieur des vers, des mots ou expressions qui apparaissent dans les quatrains (fleur, v.

2, 13) (pleur, v.4, 12) (première v.2, 9) (jeunesse/jeune, v.

2, 9) (ciel, v.

3, 10).

Donc les quatrains sont à nve rapprochés des tercets. Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, la rose est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse » au vers 2, « grâce » et « amour » au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8.

Ces mêmes termes ou des synonymes très proches caractérisent la femme aimée : Cf.

par exemple « en ta première et jeune nouveauté » (vers 9); « beauté » (vers 10) ; « t’as tuée », (vers 12).

Le même lexique sert donc à définir la rose et la femme aimée, ce qui là aussi contribue à leur mise en équivalence.. »

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