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Synthèse littéraire sur Ethiopiques

Publié le 10/08/2014

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- LA RÉCEPTION DE L'OEUVRE

En France : Senghor, symbole de la négritude

 

En France, le recueil paraît en 1958. Il passe relativement inaperçu et ne sera vraiment lu que lorsque Senghor, devenu ministre du général de Gaulle puis premier président élu de la nouvelle république du Sénégal, acquiert une célé­brité plus politique que poétique. Il devient alors une sorte de héraut de la né­gritude et les multiples conférences qu'il prononce dans le cadre de son activité politique et littéraire lui assurent une renommée et une audience incontestables. C'est pourquoi il incarne presque à lui tout seul « la poésie nègre « dont il s'est fait l'éditeur, en 1948, dans son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache (PUF). Bien plus que Césaire, qui reste très peu lu dans les milieux scolaires et uni­versitaires, Senghor a les honneurs des anthologies et même du programme de l'agrégation, en 1987. Son lyrisme humaniste, d'un accès plus facile que la poésie révolutionnaire d'un Césaire, fait de lui le poète « nègre « le plus lu.

« sique essentialiste de la race et l'opposition entre « émotion nègre »et « raison blanche » : « Tout, dans cette théorie de la négritude, est une mascarade, une cavalcade de clichés grotesques et ridicules, une chevauchée de néologismes creux à trait d'union.

[ ...

] D'abord la négritude telle qu'on la brade repose sur des notions confuses et inexistantes, dans la mesure où elle affirme de manière abs­ traite une fraternité abstraite des nègres.

Ensuite parce que la thèse fixiste qui la soutient est non seulement anti-scientifique, mais procède de la fantaisie.

Elle sup­ pose une essence rigide du nègre que le temps n'atteint pas.» C'est l'héritage de Frobenius, fondateur du concept de négritude, qui se trouvait ainsi abandonné.

Aux Antilles : de la négritude à la créolité Dans le même temps, les écrivains antillais s'affranchissaient de la tutelle de Césaire.

Pour eux non plus, la négritude n'est plus un concept opératoire, même s'il a ouvert une voie essentielle.

À« négritude », ils substituent donc « créolité »,pour rendre compte du statut du nègre né dans les îles (Bernabé, Chamoiseau et Confiant, Éloge de la créolité, Gallimard, 1981).

Dans cette perspective, ils proposent qu'émergent les concepts d' « africanité » et d' « indianité », pour rendre un compte exact et concret des différentes formes de la négritude.

Pas plus que Césaire, Senghor n'a donc échappé à une remise en cause: il leur reste le mérite, reconnu même par leurs opposants, d'avoir « fait entrer la négritude dans le dictionnaire des Blancs» (Raphaël Confiant, Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle, 1993).

If -LA NÉGRITUDE SELON SENGHOR : TEXTES THÉORIQUES Essayiste prolixe, Senghor s'est souvent expliqué sur la notion de négritude.

Ses essais les plus importants explicitent sans cesse cette notion centrale de sa pen­ sée et de sa poésie : Négritude et Humanisme (1964 ), Négritude et Arabi té (1967) et Négritude et civilisation de !'Universel (1977).

Les fondements de la négritude Ce que l'homme noir apporte (1939), rattaché à Liberté!, est un essai majeur sur les fondements de la civilisation de la négritude : «Le Négro-Africain est d'abord dans sa couleur comme dans la nuit primor­ diale.

Il ne voit pas l'objet, il le sent.

[ ...

] C'est dans sa subjectivité, au bout de ses organes sensoriels, qu'il découvre I' Autre.

Le voilà é-mû, allant dans un mouve­ ment centrifuge, du sujet à !'objet sur les ondes de l 'Autre.

[ ...

] Il n'assimile pas, il s'assimile.

Il vit avec l'autre en symbiose, il co-naît à l'autre, pour parler comme Paul Claudel.

» «Qu'est-ce que le rythme? C'est l'architecture de l'être, le dynamisme in­ terne qui lui donne forme, le système d'ondes qu'il émet à l'adresse des Autres, l'expression pure de la Force Vitale.

Le rythme, c'est le choc vibratoire, la force qui, à travers les sens, nous saisit à la racine de l'être.

[ ...

]Chez le Négro-Afri­ cain, c'est dans la mesure même où il s'incarne dans la sensualité que le rythme illumine l'esprit.

» « La raison nègre n'appauvrit pas les choses, elle ne les moule pas en des Schèmes rigides, éliminant le suc et les sèves ; elle se coule dans les artères des choses, elle en éprouve tous les contours, pour se loger au cœur vivant du réel.

La raison européenne es1 analytique par utilisation, la raison nègre, intuitive par par­ ticipation.

». »

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