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TABLEAU LITTERAIRE DU XVIe SIÈCLE

Publié le 20/05/2011

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I. — Dates et définitions.

On appelle Renaissance la période qui s'étend, approximativement, de l'avènement de François Ier (1515) à la mort de Henri IV (1610). Ces dates, comme celles du moyen âge, demandent à être rectifiées en ce qui concerne le théâtre : les Mystères ne sont interdits qu'en 1548, et la tragédie du XVIe siècle ne commence qu'après 1550. Le mot Renaissance exprime de la façon la plus heureuse, par une simple et poétique métaphore, le réveil des lettres, des sciences et des arts au début du XVIe siècle. Quelles ont été les causes de ce mouvement ?

« manquait le sens historique.Les Italiens, avec Pétrarque, pratiquèrent, dès le XIVe siècle, l'humanisme, c'est-à-dire l'étude désintéressée, enmême temps que critique et esthétique, de l'antiquité.

L'humaniste, dont Pétrarque est le type, est à la fois éruditet artiste.

Il sait lire un manuscrit; préparer une édition critique; découvrir et corriger une faute de copiste;commenter par l'histoire et par d'autres textes l'auteur qu'il lit.

En même temps, il cherche dans cet auteur lapeinture et l'analyse des sentiments humains à une certaine date, sans se préoccuper d'une thèse à soutenir.

Enfin,il est sensible à la beauté de la forme.A Rotterdam, Érasme (1467-1536), esprit libre, travailleur infatigable, exerça à son tour une influence intellectuelleanalogue à celle de Pétrarque.

Il entretenait une correspondance ininterrompue avec tous les savants et tous lesérudits de l'Europe.

Et il se forme alors une sorte de république des lettres, où, par delà les frontières, et grâce àcette langue universelle et internationale qu'était le latin, tous les esprits supérieurs fraternisaient. L'Humanisme en France.

— L'humanisme devait se propager très vite en France, où le goût des choses littéraires etde la psychologie était inné.

Mais les érudits étaient suspects à la Sorbonne, et c'est pour les grouper et pour leurpermettre d'exercer une influence par l'enseignement, que François Ier fonda, sur le conseil de Budé, le CollègeRoyal, devenu plus tard Collège de France (1529).

Les noms de Vatable, Turnèbe, Lambin, Ramus, etc.,représentent alors le grand effort vers l'humanisme, encouragé par le Roi, en dépit de la Sorbonne.

— Cemouvement, d'ailleurs, se propageait très vite par l'imprimerie, par les traductions, par la fabrication d'admirablesinstruments de travail, comme le Thesaurus Zingua latin& de Robert Estienne et le Thesaurus linguaee graecaed'Henri Estienne. L'enseignement.

— On verra, par les critiques de Rabelais contre les sorboniqueurs et contre les pédants, qu'il y eutau XVIe siècle une véritable crise de l'enseignement.

Les Universités ont perdu leur prestige.

La scolastique n'estplus qu'une machine qui tourne à vide.

Mais il n'est pas de réformes plus lentes que celles de la pédagogie.

Le latindoit rester encore presque exclusivement, pendant deux siècles, le fond de l'enseignement.

Du moins commence-t-on à abandonner les compilations indigestes, raillées par Rabelais, pour étudier directement les textes. La littérature.

— Entraîné par ce mouvement d'idées, le goût littéraire a changé.

Le moyen âge ne s'intéressaitguère qu'au fond, aventures, morale, satire.

De là son dédain pour le style; de là, souvent, son impuissance à fixerun sujet, si heureux qu'il fût, et qui pouvait ainsi toujours passer d'une forme provisoire à une autre non moinséphémère.

Au XVIe siècle, la pratique des anciens révèle la valeur du style.

De là, dans une certaine mesure, cettecrise de formalisme ridicule que subit d'abord la poésie avec les grands rhétoriqueurs.

Puis, les exagérationss'atténuent; on voit un Marot donner à des riens ce tour élégant et précis qui en assure la durée; on voit surtoutRonsard demander aux anciens et aux Italiens un style, et même une langue, tant il sent que la forme de l'oeuvred'art doit être solide et précieuse pour résister au temps.

La prose, de son côté, se dégage du latin, clarifie sonvocabulaire, régularise sa syntaxe, et vise à l'éloquence ou à l'esprit.

On sent désormais que l'écrivain, quel qu'ilsoit, tient à ce que son oeuvre, telle qu'il l'a conçue et écrite, passe à la postérité sous son nom. IV.

— Les classes sociales. La cour.

— C'est de François Ier que date réellement l'institution de la cour.

Ce roi fut le premier qui groupa en unmême centre toute la noblesse, et qui créa la vie de cour et le courtisan.

La hiérarchie, l'étiquette, se substituèrentaux relations plus simples des règnes précédents.Dans cette cour, il se forme un goût de convention.

Le poète, pour plaire à la cour, se fera poète-courtisan.

Marotet Mellin de Saint-Gelais sauront comment on dit finement et galamment les choses, quand on parle au Roi ou auxdames.

Ronsard, qui commence par protester contre la poésie de cour, se plie à son goût nouveau d'italianisme, et «pétrarquise ».

D'ailleurs, François Ier sent tout le prix de Marot, qu'il arrache plusieurs fois à ses persécuteurs.

HenriII applaudit la première tragédie de Jodelle, et prend Amyot pour précepteur de ses fils.

Charles IX protège etencourage Ronsard.

Henri III goûte Montaigne. L'aristocratie.

— Ainsi centralisée et disciplinée par la cour, l'aristocratie a moins de caractère et d'indépendancequ'au moyen âge.

Elle se plaît surtout aux fêtes, aux réceptions.

Mais c'est un honneur, pour ces riches seigneurs,de jouer aux Mécènes.

Ils protègent et pensionnent des poètes; ils leur font composer des mascarades, desmadrigaux et des étrennes ; ils acceptent des dédicaces qui flattent leur vanité. Le clergé.

— L'Église, un moment ébranlée par la Réforme, avait senti le besoin de se réformer elle-même.

C'est àquoi travailla le Concile de Trente, qui dura de 1545 à 1563, et d'où l'Église sortit, au point de vue de la hiérarchie etde la discipline, réorganisée et plus forte.

D'autre part, de nombreux ordres religieux s'étaient créés.

Le plus célèbrede ces ordres fut celui des jésuites, fondé en 1534 par Ignace de Loyola.

Au point de vue qui nous occupe, il fautsurtout signaler, à Paris et en province, les nombreux collèges des jésuites, bientôt fréquentés par les enfants de lanoblesse et de la haute bourgeoisie, dont les jésuites cherchèrent surtout à faire des humanistes.

— Le haut clergéprit l'habitude de fréquenter la cour; on vit beaucoup de cardinaux et d'évêques se faire les protecteurs des poètes. »

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