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Théâtre et costume (corrigés complets) - Commentaire, dissertation, invention

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

Documents

A-Molière, L’Avare, acte II, scène 5, 1668.

B - Samuel Beckett, En attendant Godot, acte I, 1953.

C - Eugène Ionesco, Rhinocéros, acte I, 1959.

Annexe - Alain Satgé, « Mises en scène » de En attendant Godot, 1999.

Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

Quelles fonctions peut-on attribuer au costume de théâtre d’après les textes A, B, C du corpus ?

Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix.

Commentaire (16 points)

Vous ferez le commentaire du texte de Ionesco extrait de Rhinocéros (document C).

Dissertation (16 points)

Dans quelle mesure le costume de théâtre joue-t-il un rôle important dans la représentation d’une pièce et contribue-t-il à l’élaboration de son sens pour le spectateur ?

Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le corpus (documents et annexe), sur les textes que vous avez étudiés en classe, ceux que vous avez lus ainsi que sur les spectacles que vous avez pu voir.

■ Écriture d’invention (16 points)
La comédie de L’Avare a été écrite et représentée en 1668. Il est question, dans la scène proposée (document A), de costumes à la mode et d’autres qui sont démodés.
Un comédien et son metteur en scène s’opposent sur le choix des costumes à faire porter aujourd’hui aux personnages : faut-il, pour donner à la scène tout son comique, garder les habits suggérés par le texte de Molière ou leur préférer des vêtements plus modernes ?
Vous rédigerez leur dialogue.

[2.2. Les jeux de scène]

Il faut aussi imaginer les jeux de scène qui soulignent les répliques pour introduire un comique immédiat et que, selon son habitude, Ionesco a pris soin de « verrouiller » par de nombreuses didascalies, pour obliger les acteurs à les respecter. C’est l’attitude avachie de Bérenger que Jean essaie vainement de redresser, ou qu’il fait tourner comme un pantin, sur lequel il frappe pour en faire sortir un nuage de poussière. On attend ici des acteurs avec un jeu très extérieur, appuyé, renforcé par des mimiques expressives pour accompagner par exemple le « Vous puez l’alcool » de Jean ou l’examen que fait Bérenger de sa langue devant le miroir où une didascalie précise : Il tire la langue. On rit de son air stupéfait quand il découvre « mettant la main à son cou » (1.14) qu’il n’a plus de cravate ou de sa tentative maladroite pour dissimuler ses chaussures mal cirées : comme un gamin pris en faute, il essaie « de cacher ses pieds sous la table » (I. 39). On s’amuse enfin du numéro involontaire de quasi-prestidigitation de Jean - comique de gestes et de répétition - qui, à la demande, fait apparaître ou disparaître toute une gamme d’accessoires cosmétiques ou vestimentaires en puisant dans ses poches qui semblent un magasin d’accessoires inépuisable...

[3. Enjeux et signification de la scène]

[3.1. Une scène insipide?]

Mais ces gags suffiraient-ils pour retenir au-delà d’une scène ou deux l’intérêt du spectateur ? Justement, imaginons-le, ce spectateur des premières représentations de 1959... Il n’a pas lu la pièce, l’a encore moins étudiée en morceaux choisis sous la conduite éclairée d’un professeur averti des profondes pensées que Ionesco voulait nous communiquer, ne s’est pas vu imposer un paratexte didactique... Non, c’est la réputation de Ionesco, le titre étrangement provocateur de la pièce - Rhinocéros - qui lui a fait prendre son billet. À ce stade de l’exposition, toujours pas le moindre barrissement, pas l’ombre d’une corne... Mais où sont les Rhinocéros ? Devant ces deux individus bien banals, dans ce décor familier et miteux d’une terrasse de café ou d’épicerie, vaguement ridicules avec leur discussion vestimentaire qui rappelle les Exercices de style de Queneau, le spectateur attend, sourit mais il s’interroge, se sent peut-être mal à l’aise devant ce dialogue qui tourne en rond, entre ces deux amis bien singuliers. Il a peut-être en mémoire les vers de La Fontaine, dans « Les deux amis » :

« Qu’un ami véritable est une douce chose

Il cherche vos désirs au fond de votre cœur... »

Cette définition ne cadre pas avec la façon dont se manifeste la prétendue amitié de Jean pour Bérenger.

■ Commentaire

PRÉPARATION

► Trouver les idées directrices

Faites la « définition » du texte (voir sujet n° 1, p. 29).

Extrayez de cette « définition » des questions à vous poser sur le texte ou ses centres d’intérêt ; elles pourront vous aider à trouver les idées directrices de votre commentaire.

Ici, vous pouvez partir de la « définition » suivante :

Scène d’exposition d’une pièce du théâtre de l’absurde, dialogue entre deux personnages antithétiques, comique, inquiétante et dérangeante.

La « définition » du texte vous fournit plusieurs pistes à exploiter.

Première piste

- Dites quelles caractéristiques de la scène d’exposition traditionnelle présente cet extrait.

- Cherchez aussi ce qui l’en distingue.

Deuxième piste

- Étudiez les deux personnages : costume, style et expression, jeux de scène.

- Montrez en quoi ils s’opposent.

-Analysez d’où vient le comique de la scène.

- Étudiez la théâtralité de la scène.

Troisième piste

- Dites quelle impression ce dialogue produit sur le spectateur à ce stade de la pièce.

- Demandez-vous, en vous aidant du paratexte, quelle signification peut avoir cette conversation pour le sens de la pièce. Quels sont les enjeux apparents de cette scène ? Mettez-vous dans la « peau » d’un spectateur de l’époque de la création de la pièce.

« SUJET • Écriture d'invention (16 points} La comédie de L'.Avare a été écrite et représentée en 1668.

Il est ques­ tion, dans la scène proposée (document A), de costumes à la mode et d'autres qui sont démodés.

Un comédien et son metteur en scène s'opposent sur le choix des cos­ tumes à faire porter aujourd'hui aux personnages : faut-il, pour donner à la scène tout son comique, garder les habits suggérés par le texte de Molière ou leur préférer des vêtements plus modernes ? Vous rédigerez leur dialogue.

Harpagon, vieillard d'une avarice extrême, est veuf et veut épouser la jeune Mariane que son fils Cléante aime en secret.

Pour réaliser ce mariage, Har­ pagon a recours à une entremetteuse, Frosine, qui le flatte pour en obtenir de l'argent.

FROSINE.

-Voilà de belles drogues 1 que des jeunes gens, pour les aimer! Ce sont de beaux morveux, de beaux godelureaux2, pour donner envie de leur peau ! et je voudrais bien savoir quel ragoût3 il yaàeux! s HARPAGON.

-Pour moi, je n'y en comprends point, et je ne sais pas comment il y a des femmes qui les aiment tant.

FROSINE.

-Il faut être folle fieffée.

Trouver la jeunesse aimable! est­ ce avoir le sens commun ? Sont-ce des hommes que de jeunes blondins? et peut-on s'attacher à ces animaux-là? 10 HARPAGON.

-C'est ce que je dis tous les jours, avec leur ton de poule laitée et leurs trois petits brins de barbe relevés en barbe de chat, leurs perruques d'étoupe4, leurs hauts-de-chausses 5 tout tom­ bants et leurs estomacs débraillés.

FROSINE.

-Eh ! cela est bien bâti auprès d'une personne comme 15 vous! Voilà un homme cela! Il y a là de quoi satisfaire à la vue, et c'est ainsi qu'il faut être fait et vêtu pour donner de l'amour.

HARPAGON.

-Tu me trouves bien? FROSINE.

-Comment! vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre.

Tournez-vous un peu, s'il vous plaît.

Il ne se peut pas 20 mieux.

Que je vous voie marcher.

Voilà un corps taillé, libre et dégagé comme il faut, et qui ne marque aucune incommodité.

HARPAGON.

-Je n'en ai pas de grandes, Dieu merci: Il n'y a que ma fluxion 6 qui me prend de temps en temps.

LE THËATRE : TEXTE ET REPRËSENTATION • SUJET· 1 ·130. »

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