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THÈBES (Roman de)

Publié le 14/10/2018

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THÈBES (Roman de). Apparu entre 1150 et 1155, et précédant de peu le Roman d’Énéas, il mérite bien le nom de premier roman français avec scs cinq manuscrits répartis en trois groupes (version courte, B.C., version longue, A.P.; manuscrit S). Le Roman de Thèbes s’inspire nettement de la Thébaïde de Stace, qu’il peut suivre, notamment au début, de manière très étroite, mais qu’il peut délaisser. Nous nous trouvons donc parfois à la limite de la traduction, souvent face à une adaptation, et, en d’autres occasions, en présence d’un roman qui s’affranchit du canevas sur lequel il pouvait s’appuyer.

 

En effet, confronté à sa source, le Roman de Thèbes permet de juger de l’attitude d’un adaptateur du xiie siècle face à son modèle. D’abord il supprime ou réduit tout ce qui relève de la mythologie, de l’onomastique, des précisions géographiques. Il élimine également les épisodes ou les péripéties de caractère marginal, telle l’histoire du collier d’Ériphile, les interventions du poète, les discours, les comparaisons, les métaphores et les ornements baroques. Tout l’appareil d’une rhétorique dépassée colorant l’œuvre antique destinée à la lecture publique est ici banni.

 

Mais si avec ces suppressions et ces réductions le poète médiéval fait œuvre de clarification, il ne se borne point à élaguer. Il sait aussi pratiquer avec bonheur des synthèses, réunissant ainsi, dans la version courte, plusieurs conseils des dieux en un seul ou donnant, à travers l’archevêque Amphiaraüs, une idée du prêtre devin qu’il trouvait chez plusieurs personnages de la Thébaïde, notamment Amphiaraüs, Lycurgue et Tirésias. Il sait aussi pratiquer des substitutions, du nommé à l’anonyme, de la causalité divine à la causalité humaine, en remplaçant les interventions divines de l’épopée antique par celles des hommes. Enfin il est capable de déplacer des éléments narratifs et sait également pratiquer des additions clarificatrices, telle cette Œdipodie qui, absente chez Stace, ouvre le roman médiéval. Ces talents d’adaptateur ne sauraient nous faire oublier que nous nous trouvons, comme ce sera le cas, peu après, pour le Roman d'Énéas, en présence d’un romancier qui use des plus grandes libertés envers son modèle : la moitié de l’épopée de Stace, 

« décorant le char d' Amphia raüs ou 1 'aigle d'or ornant la tente d'Adraste , évoquent Byzance et tout un Orient fascinant.

Ainsi s'amalgament des marques certaines de l'human isme et des traits plus baroques marqués par un exotis me imaginaire.

Voilà comment s'affirme, avec la transforma tion de la socié té, l' apparition d 'un public où les femmes don ­ nent le ton, coïncidant avec la vogue littéraire d'une caution latine.

l'arriv ée d' un nouveau venu dans la litté­ rature française : notre premier roman.. »

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