THÈME DE RÉFLEXION: le théâtre entre le spectacle et l’interrogation.
Publié le 04/11/2016
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Il n'est pas de véritable histoire dramatique sans prise en compte du « boulevard », le seul genre permanent depuis 1850 en dépit d’éclipses dues au scandale ou au talent de quelques créateurs finalement marginaux. Son public, le vrai public, n'y cherche qu'une distraction futile. Doit-on pour autant mépriser un théâtre qui se renouvelle continuellement malgré des thèmes, des situations et des personnages usés et répond au souhait secret d'un public qui redemande toujours du vaudeville ? Théâtre de consommation, il satisfait les goûts du spectateur — sans jamais le heurter —, contrairement au théâtre à thèse qui, tel le Nouveau Théâtre, dérange et questionne 1 'homme installé dans son conformisme quotidien.
THÈME DE RÉFLEXION: le théâtre entre le spectacle et l’interrogation.
Si l'on en croit Aristote, les différents genres dramatiques seraient issus d'un tronc commun — le rituel dionysiaque — puis se seraient diversifiés en tragédie et en comédie : à l'une les sujets et les héros nobles; à l'autre les intrigues et les personnages communs. Au xvie siècle aussi Boileau traitait différemment de chaque forme dramatique et la tragédie passait encore pour plus artistique que sa rivale comique. A cette dichotomie formelle est venue, depuis la Révolution, s'en substituer une plus thématique : au théâtre de réflexion — souvent assimilé à de grands noms — on oppose volontiers le théâtre léger, boule-vardier. Resterait à voir si une telle scission n'est pas fondamen-
Jean Duvignaud et Jean Lagoutte, Le théâtre contemporain.
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sous les ruines visibles des bâtisses inaperçues n (Taine), et
Michelet put enfin s'écrier : (( Le Grand Siècle ...
c'est le dix
huit ième siècle que je veux dire.
n Avec plus de recu l, la critique
d'a ujourd 'hui peut dresser un bilan des lumières : (( siècle de
combat » prétend Pierre Clarac qui en précise les diverses formes
opposées , mais surtout siècle vivant, moderne, au point que le
critique peut affirmer que (( ses champs de bata ille sont encore les
nôtres >> .
L'a nalyse de la littérature et de 1 'esprit philosophiques
permet-elle, en effet, de répondre aux réalités et aux interroga
tions contemporaines ?
1.
Un (( siècle de combat >>.
Les philoso phes -que Maine de Biran accuse de ((n'avoir pas
connu 1 'hom me n - se sont avant tout attachés aux hommes dans
leur multiplicité, leurs particularités et leurs différe nces.
Au lieu
d' une entité psychologique -(( l'honnête homme >> - ils ont
préféré les réalités matérielles : et dès lors le genre humain leur
est apparu, soumis à diverses forces (politiques, religieuses, éco
nomiques, intellectu elles) qui étaient autant d'entraves à l'épa
nouis sement de 1 'h omme.
De là la nécessité de combattre ces
divers (( pré jug és » qui pesaient sur l'humanité ; de là ce mouve
ment dialectique fait de temps en apparence négatifs (1 'aspect
(( destructeur n, les (( haines », la (( révolte >> dont parle Clarac)
auxquels succédèrent la reconstruction d'un homme nouveau.
a) Un siècle (( destructeur ».
Les Philosophes s'élèvent contre :
- le fanatisme religieux (Candid e);
- le dogmatisme d'où qu'il vienne (Candide, Les lettres
persanes) ;
- 1 'esprit de déduction accusé de fausser toute connaissance
réelle (Fontenelle, Histoire des oracles) ;
- les abus politiques ou sociaux (théâtre de Beaumarchais,
Lettres persanes, Lettres philosophiques, articles de 1 'Encyc lopédie) ;
- le bâill onnement des sentiments par la Raison des classiques
(Did erot, Lettres à So phie Voland, Salons ; Rousseau, La nouv elle
Héloï se).
Ces diverses (( bata illes », souvent menées clandestinement ou
au péril des écrivains (Voltaire et Diderot ont été emprisonnés),
ont été parfois très viole ntes : et l'on se rappellera que Voltaire, .
gran d défenseur de la tolérance, devenait haineux lorsqu 'il
parlait (( d'écr(aser) l'inf(âme) >> .
Mais pour qui veut bâtir un
monde nouveau , il est nécessaire de saper les bases sur lesquelles
s'a ppuyait 1 'ancien système..
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