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Théophile de VIAU, « Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle »

Publié le 10/01/2020

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Théophile de VIAU, « Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle »

1. Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle,

2. Que ta vie est sujette à la loi naturelle,

3. Et qu'à la fin les traits d'un visage si beau

4. Avec tout leur éclat iront dans le tombeau,

5. Sans espoir que la mort nous laisse en la pensée

6. Aucun ressentiment de l'amitié passée,

7. Je suis tout rebuté de l'aise et du souci

8. Que nous fait le destin qui nous gouverne ici,

9. Et, tombant tout à coup dans la mélancolie,

10. Je commence à blâmer un peu notre folie,

11. Et fais voeu de bon coeur de m'arracher un jour

12. La chère rêverie où m'occupe l'amour.

13. Dieu nous a tant donné de divertissements,

14. Nos sens trouvent en eux tant de ravissements,

15. Que c'est une fureur de chercher qu'en nous-même

16. Quelqu'un que nous aimions et quelqu'un qui nous aime.

17. Le coeur le mieux donné tient toujours à demi,

18. Chacun s'aime un peu mieux toujours que son ami ;

19. On les suit rarement dedans la sépulture ;

20. Le droit de l'amitié cède aux lois de nature.

21. Pour moi, si je voyais, en l'humeur où je suis,

22. Ton âme s'envoler aux éternelles nuits,

23. Quoi que puisse envers moi l'usage de tes charmes,

24. Je m'en consolerais avec un peu de larmes. ...

25. Le ciel en soit loué ! Cloris, je suis guéri.

26. Car insensiblement ma muse un peu légère

27. A passé dessus toi sa plume passagère,

28. Et, détournant mon coeur de son premier objet,

29. Dès le commencement j'ai changé de sujet,

30. Emporté du plaisir de voir ma veine aisée

31. Sûrement aborder ma flamme rapaisée

32. Et jouer à son gré sur les propos d'aimer,

33. Sans avoir aujourd'hui pour but que de rimer,

34. Et sans te demander que ton bel oeil éclaire

35. Ces vers, où je n'ai pris aucun soin de te plaire.

(commentaire composé de français)

« Poème composé de 35 alexandrins. Rimes suivies du type aa, bb… Poème d’amour mais aussi poème baroque => fragilité de la vie… I- La femme et la mort A- Poème à la femme aimée • Le poète parle à la femme qu’il aime.

Cf.

« Je » qui parle à « Cloris » qu’il tutoie (« ta » ; « en te voyant »…).

Sentiments : « l'amour ». • Montrez que le poète insiste sur la beauté de la femme : « les traits d'un visage si beau » ; « en te voyant si belle »… > Insistance avec les « si » ; « tes charmes »… B- Le destin des mortels • Le poète rappelle la fin qui attend la belle Cloris. • « fait le destin qui nous gouverne ici » > hommes impuissants. « nous gouverne » ; « destin » ; « Sans espoir » > implacabilité du sort. • « ta vie est sujette à la loi naturelle » > tous les hommes sont confrontés à la même fin.

Implacabilité du destin > « loi ».

« sujette à la loi naturelle » > euphémisme pour dire qu’elle aussi va mourir. • Champ lexical de la mort : « le tombeau » ; « la mort »… C- La mort de Cloris • Le poète, au lieu d’écrire un poème chantant l’amour et les beautés de la femme, pense et rappelle sa mort… « la mélancolie » > du poète devant cette condition… • La beauté de Cloris souligne encore plus l’implacabilité de la mort.

Cf.

« tout leur éclat iront dans le tombeau » > opposition, antithèse entre « éclat » > vie, beauté… et « tombeau » > mort. que la mort nous laisse en la pensée. Importance de la vue, de l’apparence. Cf.

« voyant »… II- Le poète et la mort A- Prise de conscience • En prenant conscience de la mort qui de toute façon est inéluctable, le poète modifie son point de vue => vanité de l’amour.. »

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