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TZARA Tristan, pseudonyme de Samuel Rosenstock (résumé & analyse)

Publié le 08/11/2018

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tzara

TZARA Tristan, pseudonyme de Samuel Rosenstock (1896-1963). Avant de prendre, en 1915, le pseudonyme qui devait le rendre célèbre, il fut d’abord un brillant lycéen, aussi doué pour les sciences que pour les lettres, dans la capitale de sa Roumanie natale. Il y écrivit des poèmes d’inspiration et de facture néo-symbolistes qu’il jugea par la suite « trop doux et trop sucrés » (lettre à Jacques Doucet, 1922), et dont la plupart furent traduits et publiés en 1965 (par Cl. Sernet).

 

A Zurich jusqu’en 1920, puis à Paris jusqu’en 1923, Tzara fut ensuite l’infatigable et omniprésent animateur du mouvement dada [voir Dada], organisateur principal de ses « soirées », de ses spectacles, de ses manifestations et de ses expositions, collaborateur actif de ses revues, conférencier intarissable (sur l’art ancien et l’art moderne, le cubisme, l’expressionnisme, l’art nègre, etc.), correspondant avec de nombreux artistes italiens, allemands et surtout français (Max Jacob, Apollinaire, Reverdy, Picabia, puis Breton, Éluard...), théoricien enfin du dadaïsme avec ses Sept Manifestes dada (lre édition collective en 1924) et auteur de textes qui subvertis-sent allègrement les critères traditionnels de la poésie et du théâtre : la Première Aventure céleste de M. Antipyrine (1916; la Deuxième Aventure céleste sera jouée en 1920 et publiée en 1938), Poèmes nègres et Poèmes simultanés (1916-1917), Vingt-Cinq Poèmes, Vingt-Cinq et Un Poèmes (1918), Cinéma calendrier du cœur abstrait (1920), le Cœur à gaz (1922).

 

Après sa rupture avec Breton et le groupe Littérature (qui va devenir le groupe surréaliste [voir Surréalisme]), l’activité de Tzara sera plus strictement littéraire, et son œuvre, tout en restant largement tributaire — surtout sur le plan de la forme — des trouvailles rendues possibles par la révolte dadaïste, prendra un ton plus lyrique et plus sentimental. Cette évolution est déjà sensible dans

 

le recueil de poèmes intitulé De nos oiseaux (1923) et dans la « tragédie » en quinze actes Mouchoir de nuages (écrite en 1924 et jouée en 1926) qui, à partir d’une intrigue relativement cohérente, permet à l’auteur de jouer sur plusieurs registres du discours (déclamation poétique, dialogue de boulevard, commentaire critique, entre autres) et d’introduire à la scène des innovations dramaturgiques non négligeables (en particulier, les interventions directes des comédiens en tant que tels). L'Indicateur des chemins de cœur (1928), VHomme approximatif (1931, réédité en 1968) qui reprend des poèmes écrits entre 1925 et 1930, et enfin Où boivent les loups (1933) montrent encore plus nettement que Tzara est définitivement passé des textes instantanés et provocants à un chant organisé qui se déroule avec ampleur et qui, en utilisant une gamme très large d’images empruntées à la nature cosmique et terrestre, sert de support à une méditation très douloureuse sur le propre passé du poète et sur la destinée humaine :

 

La tête rampe entourée d'échos sur la trace des beuglements fumigènes que les volcans ont sillonnés le long des migrations

 

de prospecteurs là-haut où tout n'est que pierre et gazouillis fragile d'inconsolés soleils...

 

(L'Homme approximatif}

 

On comprend qu’à cette époque Tzara ait pu se réconcilier avec les surréalistes et contribuer à la réflexion philosophique et esthétique du groupe avec son « Essai sur la situation de la poésie » (/e Surréalisme au service de la Révolution, décembre 1931), qui établit une distinction entre la « pensée dirigée », rationnelle, d’où procède la poésie « moyen d’expression » prémédité et volontaire, et la pensée « non dirigée », qui se manifeste en particulier dans les rêves mais aussi dans la poésie « activité de l’esprit », qui peut prendre de multiples formes et qui n’est pas l’affaire des «spécialistes», même si les romantiques et les surréalistes ont essayé — en s’appuyant notamment sur l’exemple des enfants, des primitifs ou des « fous » — de montrer toute sa fécondité. Au demeurant, pour Tzara, cette poésie consubstantielle à la vie quotidienne ne pourra vraiment s’épanouir que dans la société post-capitaliste, libérée de toutes ses contraintes sociales, esthétiques et morales.

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