Un personnage aux multiples visages : les interprétations scéniques d'Alceste
Publié le 02/03/2020
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par l’injustice des hommes tandis que Copeau le présente comme un être à la recherche de la spiritualité. Avant la dernière guerre, Jean-Louis Barrault continue à donner à la pièce une orientation sérieuse. Mais il rompt quelque peu avec la tradition établie en prêtant sa jeunesse à un personnage généralement joué par des acteurs plus âgés : il en fait un philosophe, discoureur plein de sagesse, malgré son peu d’expérience. En 1947, Jean Marchât retourne aux sources en redonnant au rôle toute sa dimension comique fâcheusement gommée.
Parmi les créations récentes, deux méritent de retenir plus particulièrement l'attention : en 1977, dans la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, à Strasbourg, Alceste est présenté comme l'homme traqué, perpétuellement surveillé par un pouvoir royal déshumanisé. Victime de la peur que l'on suscite en lui, il sombre, malgré ses efforts, dans une folie de la persécution qui perturbe gravement ses relations avec ses proches. En 1978, à Avignon, Antoine Vitez a donné de la pièce une vision originale ; il en a fait un des éléments d’un ensemble : Le Misanthrope constituait une partie d’un cycle qui réunissait par ailleurs L’Ecole des femmes, Tartuffe et Dom Juan. Dans cette perspective qui avait le mérite de souligner la cohérence de l’écriture moliéresque, le misanthrope est présenté comme un martyr, victime du jeu social, au même titre que l’hypocrite ou le séducteur.
Au début de l’étude du Misanthrope, une question était posée : cette pièce est-elle susceptible d'intéresser de nos jours des lecteurs ou des spectateurs ? Ou bien, au contraire, s'est-elle progressivement vidée, au cours des siècles, de toute sa substance ? Le constat du nombre et de la variété des mises en scène confirme cette richesse de l’œuvre que l’analyse avait dégagée. Il s'agit d’une de ces créations porteuses de multiples niveaux de sens, grosses d’infinies interprétations
LE MISANTHROPE de MOLIERE
«
par l'injustice des hommes tandis que Copeau le présente
comme un être à la recherche de la spiritualité.
Avant la
dernière guerre, Jean-Louis Barrault continue à donner à
la pièce une orientation sérieuse.
Mais il rompt quelque
peu avec la tradition établie en prêtant sa jeunesse à un
personnage généralement joué par des acteurs plus âgés : il
en fait un philosophe, discoureur plein de sagesse, malgré
son peu d'expérience.
En 1947, Jean Marchat retourne aux
sources en redonnant au rôle toute sa dimension comique
fâcheusement gommée.
Parmi les créations récentes, deux méritent de retenir
plus particulièrement ]'attention : en 1977, dans la mise en
scène de Jean-Pierre Vincent, à Strasbourg, Alceste est
présenté comme l'homme traqué, perpétuellement sur
veillé par un pouvoir royal déshumanisé.
Victime de la
peur que l'on suscite en lui, il sombre, malgré ses efforts,
dans une folie de la persécution qui perturbe gravement
ses relations avec ses proches.
En 197 8, à Avignon,
Antoine Vitez a donné de la pièce une vision originale ; il en
a fait un des éléments d'un ensemble: Le Misanthrope
constituait une partie d'un cycle qui réunissait par ailleurs
L'Ecole des femmes, Tartuffe et Dom Juan.
Dans cette
perspective qui avait le mérite de souligner la cohérence de
l'écriture moliéresque, le misanthrope est présenté comme
un martyr, victime du jeu social, au même titre que
l'hypocrite ou le séducteur.
Au début de l'étude du Misanthrope, une question était
posée : cette pièce est-elle susceptible d'intéresser de nos
jours des lecteurs ou des spectateurs ? Ou bien: au
contraire, s'est-elle progressivement vidée, au cours des
siècles, de toute sa substance ? Le constat du nombre et de
la variété des mises en scène confirme cette richesse de
l'œuvre que l'analyse avait dégagée.
Il s'agit d'une de ces
créations porteuses de multiples niveaux de sens, grosses
d'infinies interprétations qui conviennent à toutes les
époques, parce que chaque période de l'histoire humaine
peut y trouver un aspect qui la concerne, peut y voir la
réponse à ses interrogations, le reflet de ses préoccupations
profondes.
77.
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