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Une esthétique du sublime dans Les romans de Malraux

Publié le 27/03/2015

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Il faut ajouter que le sublime, comme le suggère la Pensée de Pascal, naît aussi du fait que la contrainte extérieure fait prendre conscience de la disproportion entre la faiblesse physique de l'homme face aux forces qui le menacent et la puissance de l'esprit. C'est donc à la fois de ses limites, de son caractère fini et de sa voca­tion à les dépasser, de sa part d'infini, qu'il fait l'expérience. Celle-ci ne peut sus­citer que la crainte : en effet cette disproportion est très exactement la conscience de la mort possible et la grandeur de l'homme tient en entier dans cette conscience. C'est pourquoi tous les romans de Malraux mettent en scène des per­sonnages qui risquent leur vie et font l'épreuve de leur courage à cet instant.

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« E X P 0 S É S F C H E S Malraux marqué par les représentations dans la peinture du corps supplicié du Christ.

Il est significatif qu'à deux reprises au moins ces corps déchus (ceux de Klein et de Kyo) soient étreints par des femmes en un geste maternel qui évoque les innombrables pietà de la peinture occidentale.

La figure implicite du Christ est ici interprétée comme le symbole de l'humanité souffrante.

La puissance de la conscience Face à la déchéance physique, ce sont les formes de la puissance de l'esprit qui suscitent l'admiration: la marche hallucinée de Perken vers les Moï dans La Voie royale, le don du cyanure, la lutte de Garine contre la maladie dans Les Conqué­ rants, sont des moments où le personnage éprouve à la fois le sentiment intense de sa précarité, le risque de sa disparition dans la souffrance physique la plus atroce et sa capacité à faire abstraction de tout cela dans le dépassement de soi.

Ainsi est rendue palpable la capacité de l'homme à atteindre une forme d'absolu.

IJli- Ill -LA CONDUITE SUBLIME L'héroïsme et le sublime Celui qui accepte sa condition sans tricher ne peut que rentrer dans la logique du sublime.

Pascal définissait l'homme comme une chimère, Kyo parle du «monstre incomparable que tout être est pour soi-même».

Repensant à l'étrange impression qu'il a eue en entendant sa voix enregistrée, et non plus par la gorge comme d'habitude, il s'interroge : «Mais moi, pour moi, [ ...

],que suis-je? une espèce d'affirmation absolue, d'affirmation de fou: une intensité plus grande que celle de tout le reste.

» La conception de l'être humain selon Malraux s'enracine dans cette double ca­ ractéristique,« affirmation absolue»,« intensité plus grande ...

» : l'être humain est à la fois une énergie et une absence de limites, un désir d'absolu.

Sa destination ne peut donc être que de se mesurer à l'absolu, prendre le risque du sublime.

Cela ne peut s'opérer dans le domaine de la puissance physique : l'erreur des« conqué­ rants » est de rechercher l'absolu dans la force matérielle, qui est illusoire parce que toujours limitée.

Le véritable absolu est dans le refus de l'écrase­ ment : c'est en ce domaine que l'intensité ile toute existence peut s'assouvir en s'employant.

Katow, en donnant son cyanu;e, accède plus sûrement à un absolu libérateur que Ferrai par ses conquêtes féminines.

Le grotesque, antithèse du sublime Lorsque Clappique, dans La Condition humaine, revient chez lui avec le senti­ ment d'avoir trahi Kyo, il se livre à une dérisoire pantomime devant son miroir, dé­ formant affreusement son visage par des grimaces : « Cette débauche de grotesque dans la chambre solitaire ( ...

) prenait le comique atroce de la folie ».

Scène étrange, qui est l'envers exact du sublime.

Celui-ci aussi a sa part de démence: Je don que Katow fait de son cyanure a quelque chose de fou, comme le martyre.

La différence n'est pas grande non plus entre le corps torturé et le corps grimaçant: tous deux expriment une angoisse, l'une tragique, l'autre comique.

Mais ce qui les différencie, c'est l'exigence qui les soutient: le dépassement de soi vers la gran­ deur ou la régression vers l'infériorité absolue.

En enchaînant sa destinée et celle de Kyo au hasard, Clappique se soumet à la fatalité, « honte vertigineuse » qui est !'antithèse du geste sublime.

LES ROMANS DE MALRAUX =-u.2J. »

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