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V. HUGO ET LE PARNASSE

Publié le 25/05/2012

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hugo

Impuissant à penser, il a le resprct, la religion de la pensée : il a l'ambition d'étre un penseur. N'est-ce pas un devoir du poète, d'être l'instructeur des peuples, le phare de l'humanité? Et c'est un spectacle à la fois comique et touchant de voir ce primitif s'appliquer à penser, manier laborieusement, gauchement, fièrement, des doctrines, dont il n'embrasse que les mots. Plus il entasse ou gonfle ses métaphores, pins il s'imagine élever ses idées, et il s'est attiré de Veuillot par certaines méditations dôlirantes le mot erne! que l'on sait : Jocrisse à Pathmos. Mais ce mot est injuste: prenons garde d'aller trop loin. V. Hugo n'a pas d'idées originales : il n'en sera que plus apte à représenter pour la postérité certains courants généraux de notre opinion contemporaine. Il n'a pas d'idées claires : c'est un poète, non pas un philosophe. Son a!faire n'est pas d'apporter des formules exactes, des solutions sûres. Il suflit qu'il tienne la curiosité en éveil sur de grands problèmes, qu'il entretienne des doutes, des inquiétudes, des désirs. Cne idée abstraitement insuffisante peut déterminer un sentiment efficace. Et voilà par où l'oeuvre de V. Hugo est excellente. et supérieure : à défaut rficlées nettes, il a des tendances énergiques, et il agite en nous certaines angoisses sociales et métaphysiques. Dieu, l'inconnaissable, l'humanité, le mal dans le monde, la misère et le vice, le devoir, le progrès, l'instruction el la pitié comme moyens du progrès, voila quelques idées centrales que V. Hugo ne déftnit pas, ne démontre pas, mais qui sont comme des noyaux autour desquels s'agri'gent toutes ses sensations. Ces idées hantent son cerveau : il ne les critique pas, il s'en grise. Elles lui dictent des hymnes admirables de mouvement et d'ampleur, discours imprécis sans doute, mais visions improvisées et lucides d'un idéal obsédant...

hugo

« f.

V.

HUGO ET SON ŒUVRE.

L'homme 1, moralement, est assez médiOcre : immensément vaniteux, toujours quêtant l'admiration du monde, toujours occupé de l'effet, et capable ùe toutes les petitesses pour se grandir, n'ayant ni crainte ni sens du ridicule, rancunier impitoyablement contre tous ceux qui ont une fois piqué son moi superbe et bouffi, point homme du monde, malgré cette politesse méticuleuse qui fut une de ses affectations, grand artiste avec une âme très bourgeoise, laborieux, rangé, serré, peuple surtout par une certaine grossièreté de tempérament, par l'épaisse jovialité et -par la colère brutale, charmé du calembour et débordant en injures : nature, somme toute, vulgaire et forte, où l'égoïsme intempérant domine.

V.

Hugo est peu sensible.

Il a la sensibilité des orgueilleux, cette irritabilité du moi hypertrophié que tous ses ennemis ont sentie.

Il n'est pas tendre : quand il parle d'amour pour son compte personnel, il mêle un peu de sensualité très matérielle à la galanterie mièvre, à la rhétorique éclatante : il ne s'aliène pas assez pour connaître les grandes passions; de sa hauteur de poète pensif, il se plaît trop à regarder l'amour de la femme « comme 1.

Biographie : Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en E:;pagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu'il a chantée.

Lauréat aux Jeux Floraux 1le Toulouse en 1819, pensionné par Louis XVIII après les Odes, il se marie jeune.

Pair de France sous Louis-Philippe, député de Paris en 1S1.8, exilé au 2 Décembre, il est devenu républicain et démocrate vers 1850 ; il avait été d'abord légitimiste, puis libéral, très bien vu de la maison d'Orléans.

Ses changement::'! d'opinions SOllt tout à fait légitimes : il eut le tort de vouloir les dissi­ muler, et de recourir à toute sorte de falsifications de ses propres écrits pour mettre après coup l'unité dans sa vie et dans ses convictions.

Rentré en France après le 4 septembre 1870, il mourut en 1885 : ses funérailles furent une apothéose.

Ses principale~ œuvres poétiques sont les Odes (1822; autre éd.

(1826), les Orientales (1829); les Feuilles d'automne (18~1); les Chants du crépuscule (1835); les Voix inté­ rieures (1837); les Rayons et les Ombres (1810); de 1853 à 1859, les trois recueils cités ci-dessus; les Chansons des rues et des bois (1865); l'Année terrible (1872); deux nouveaux recueils de la Légende des siècles (1877 et 1883); l'Art d'être grand-père (1877); les Quatre Vents de l'esprit (1881).

Éditions : Œutres complètes, éd.

definitive, Hetzel-Quantin, 48 vol.

in-8, 1880 et sui v.; Hetzel el C'', in-16 (en cours de public.

depuis 1889).

};d.

nationale illustrée, pel.

in-4 (en cours de public.

depuis 1886).

Œut'>'es posthumes (en cours de public.

depuis 1886).

Correspondance, Calmann Lévy, 2 vol.

in-8, 1895-1898.

Lettres à la fiancée, lOO!.

A consulter: E.

lliré, V.

Hugo avant 1830, 1 vol.

in-18, 1883; V.

Hugo après /830, 2 vol.

in·!~, 1801; \".

lfugo après 1852, 1 vol.

in-18, 1891.

E.

Dupuy, V.

Hugo, l'homme el le poète, in-!8, 1887.

L.

Mabilleau, V.

Hugo (Gr.

}:cr.

français), in-16, 1893.

Renouvier, \".

Hugo, le poète; le p!tilosop!te, ~ vol.

in-18, 1893-1900.

E.

Faguet, XIX' siècle.

F.

Brunetière, b'volution de la p.

lyrique, 5' eL 11• lcç.

Guyau, l'Art au point de vue sociologique.

P.

el V.

Glachanl, Papiers d'aut,·e(ois, 1899.

E.

Riga!, V.

Hugo poète épique, 1900.. »

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