Valmont

« non plus. - Valmont est donc attaché à la fois au pouvoir qu'il acquiert sur autrui et à la poursuite de la gloire.

il n'est pas dépourvu de qualités qui le rendent redoutable, mais son absence totale de scrupule l'a conduit à choisir des victimes qui n'ont guère de moyens de se défendre : en cela, il correspond assez à la figure traditionnel du "méchant" (le "vilain", comme disent les américains, est quelqu'un de très fort, mais qui s'attaque aux faibles ; ce qui rend nécessaire l'intervention du "gentil" : cf westerns, films d'arts martiaux si vous en connaissez, etc. Evitez quand même de citer Kung Fu Panda)  - notez qu'à le voir ainsi, il est tout naturel que Valmont soit tué par Danceny, qui avec ses scrupules, ses illusions et sa musique, serait le "gentil" : ce n'est pas cette histoire là que nous raconte le roman (on se souvient de ce que le roman hésite entre plusieurs romans possibles dans les premières lettres) , mais il aurait pu la raconter.

Peut-être le fait-il, d'ailleurs, si on défend l'idée qu'il y a plusieurs romans dans le roman, le roman de Cécile et Danceny, le roman de Valmont et Tourvel, le roman de la marquise de Merteuil ; personnellement, je ne dirais pas cela, mais ça pourrait se défendre - à coups d'arguments, bien entendu) transition : bizarrement, la critique s'est longtemps arrêté à cette dichotomie (cette opposition du I et du II).

Et on s'est longtemps demandé pourquoi et comment Choderlos de Laclos, dont les ambitions étaient frustrées par son peu de noblesse, et qui a eu une vie conjugale sage et rangée, avait réussi à peindre les génies du mal que seraient Valmont et Merteuil.

Si on a pas vraiment trouvé de réponse satisfaisante, c'est peut être parce que voir en eux des personnages aux qualités exceptionnelles, c'est faire une erreur de lecture.   III Valmont, un être faible (pas du tout un héros) - on n'a pas toujours accordé à ce que disait la marquise de Merteuil l'importance que cela méritait : après tout, personne ne connaît Valmont aussi bien qu'elle.

Il est vrai qu'ils sont en compétition et qu'elle cherche constamment  à le rabaisser et à le blesser: mais justement, on dit qu'il n'y a que la vérité qui blesse.

Donc, quand elle dit qu'il est maladroit (il échoue à plusieurs reprises), faible (il se laisse attendrir), sans imagination (sans elle il ne saurait comment se dépêtrer de certaines situations), qu'il n'a que le mérite de sa beauté, de son éducation et de son rang, bref, qu'il n'a pas de mérite propre, elle dit quelque chose de vrai.. »