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VIAU (Théophile de)

Publié le 21/05/2019

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VIAU (Théophile de), poète français (Clairac 1590-Paris 1626) dit aussi Théophile. Huguenot de religion et libertin de goût, il mena d'abord une vie vagabonde (il fut aux Pays-Bas avec Guez de Balzac) et apparut comme le chef de file de la jeunesse dorée de la cour. Exilé une première fois en 1619

 

pour des « vers indignes d'un chrétien » (en réalité pour sa participation aux intrigues hostiles aux jésuites et à la reine mère), il rentra en grâce auprès du duc de Luynes, mais dut fuir bientôt en Angleterre, où il fut bien accueilli par le duc de Buckingham. Revenu au bout de deux ans, il s'instruisit dans la religion catholique et abjura entre les mains du P. Séguiran. Mais en 1622 les jésuites lui imputèrent la publication du Parnasse des poètes satyriques et le P. Garasse lança contre lui la Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps : arrêté, enfermé dans le cachot de Ravaillac, il attendit son jugement plus de deux ans. Il échappa de peu à la condamnation à mort ; il fut exécuté en effigie et banni à vie de Paris. Il bénéficia en fait de l'indulgence royale, mais mourut un an après sa libération. Ses œuvres poétiques parurent en trois volumes entre 1621 et 1626. Elles contiennent sa tragédie Pyrame et Thisbé, jouée en 1621 et qui connut un grand succès. Mais ce n'est pas le théâtre qui l'attirait. De fait, le poème théophilien, qu'il s'agisse des Élégies ou des Odes, est heureux d'être, de se formuler, de se montrer en liberté. Mépris de l'imitation, lyrisme de l'instant, intimisme des thèmes, dont celui de la femme aimée, telles sont les constantes d'une poésie à la mesure du monde : surprenante, épanouie, menacée, et d'abord par la mort, ce « grand désordre du monde ». Théophile pense et écrit « à la moderne ». Il recherche une écriture directe, efficace : « Il faut que le discours soit ferme (...), le langage exprès et signifiant. » Il rejette à la fois l'imitation laborieuse de l'Antiquité et la tradition galante : au moment même où la poésie va s'enfermer dans les salons, il proclame son amour de la forêt, de l'océan, de la chasse, il célèbre les Philis et les Cloris, mais surtout « les beaux chevaux, les bonnes odeurs, la bonne chère ». Mais le meilleur de son œuvre est peut-être dans sa prose, vive et précise, telle qu'elle apparaît dans les Fragments d'une histoire comique (1623) et dans les brochures qu'il écrivit tout au long de sa prison et de son procès (Très Humble Requête de Théophile au Roi, 1623 ; les Aventures de Théophile, 1624; Lettre ou Complainte de Théophile à MM. du parlement de Paris, 1624).

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