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Victor Hugo, L’homme qui rit (1869).

Publié le 05/11/2016

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hugo

« Je représente l'humanité telle que ses maîtres l'ont faite. L'homme est un mutilé. Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l'intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles; comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement. Où s'était posé le doigt de Dieu, s'est appuyée la griffe du roi. Monstrueuse superposition. Évêques, pairs et princes, le peuple c'est le souffrant profond qui rit à la surface. Mylords, je vous le dis, le peuple, c'est moi. Aujourd'hui vous l'opprimez, aujour d'hui vous me huez. Mais l'avenir, c'est le dégel sombre. Ce qui était

Dans un roman dont l'action se situe en Angleterre au tout début du XVIIIe siècle, Victor Hugo nous présente un personnage imaginaire, Gwynplaine, dont le visage a été déformé en une sorte de rictus grotesque afin de distraire les puissants. Grandi dans le peuple misérable, Gwynplaine se trouve projeté par le hasard à la Chambre des lords.

1. Un personnage romantique.

 

Contrastant fortement avec le héros classique (toujours noble et du moins toujours beau s’il n’est pas noble) ou de la chevalerie médiévale, Gwynplaine incarne de façon éclatante 1 ’ héroïsme romantique : un héroïsme conquis sur les éléments (naissance obscure, physique ingrat cf. Quasimodo , etc.), un héroïsme de la révolte et de la parole.

 

Romantique, Gywnplaine l’est donc :

 

a) par son aspect monstrueux;

 

b) par son ambiguïté fondamentale qui réalise l’union des contraires prônée par Hugo théoricien;

hugo

« pier re devien t flot.

L'apparence solide se change en submersion.

Un craq uement, et tout est dit.

Il viendr a une heure où une convulsion bri ser a votre oppression, où un rugissement répliquer a à vos huées.

( ...

) Tremblez.

Les incorrup tibles solutions approchent, les ongles coupés repous sent, les langues arrachées s'envol ent, et de vienn ent des langues de feu éparses au vent des ténèbr es, et hurlent dans l'infini; ceux qui ont faim montrent leurs den ts oisives, les paradis bâtis sur les enfers chancellen t, on souffre, on souffre, on so uffre, et ce qui est en haut penche, et ce qui est en bas s'entr'­ ou vre, l'om bre demande à de venir lumi ère, le damné disc ute l'élu, c'est le peuple qui vient, vous dis-je, c'es t l'homme qui monte, c'est la fin qui commenc e, c'es t la rouge aurore de la catastrophe, et voilà ce qu'il y a dans ce rire, dont vous riez! » Victor Hugo, L'homme qui rit (1869) .

Vous présent erez de ce texte un comm entaire composé.

Vous pour­ rez par exemple étudier ce que le choix des images, le symboli sme du person nage, le ton du passage révèlent de la pens ée politiq ue et de l'art de l' écriv ain.

Oow Parlant des romans hugoliens, Gaétan Pi con écrivait qu 'ils étaient « une mytholog ie puissante ( ...

), projec tion symbolique des problè mes et des croyances de 1 'au teur n.

Rien n'est plus vrai s'agissant de l'H omme qui rit, récit dont Hugo lui-même déclarait : «j 'ai voulu abuser du roman, j'ai voulu en faire un épopée )) (voir Littéra­ ture française, pp.

423 43 3).

Personnage mythique et per sonnage épique, tel se présente bien au lecteur Gwynplaine.

De plus, rappelez-vous : - qu'en 1869, Hugo est un proscrit politique : l'œuvre de cette époque est une œuvre engagée dont la tonalité politique est fortement marquée; que l'Homme qui rit se situe dans l'interv alle qui sépare la rédaction et la publication des deux séries de La Légende des siècles (1859/ 1877) et que les préoccupations épiques de Hugo sont au premier plan de son activi té ; que le symbolisme des personnag es est une des cons tantes de 1 'art hugolien, en particulier de ses romans (son gez à Notre Dame de Paris et plus encore aux Misérables publiés en 1862, donc pendant l'exil également).

�N e s'attacher qu'au fond, qui peut ici accaparer toute ._,v otre attention, et vous détourner de la forme qui, par la précision du vocabulaire (pourquoi tel terme et non tel 92. »

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