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Vivre pour la raconter Explication de texte pp. 55-56 - Gabriel Garcia Marquez

Publié le 19/10/2011

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Né en 1937 à Aracataca, petit village au cœur de la côte caribéenne, Gabriel Garcia Marquez, semble à jamais marqué par le sceau de la tradition orale dont a été bercée son enfance. En effet, de réminiscences personnelles en récits remaniés, son œuvre se nourrit de tout un terreau légendaire, autour duquel viendront se greffer anecdotes individuelles et événements collectifs. Il semble ainsi que sur l’écheveau narratif de l’auteur, les fils de l’Histoire officielle et ceux de l’histoire singulière s’entrecroisent sans cesse pour parvenir à tisser la trame de ses mémoires si particulières : entre fiction et confession, témoignage et récit.

Parce qu’il s’ouvre sur le retour au village natal, Vivre pour la raconter[1] semble d’emblée, s’inscrire dans le domaine du souvenir. En effet, ce retour aux sources emprunt de nostalgie s’avèrera particulièrement favorable à la résurgence d’un passé qui, bien loin d’être enfoui, apparaît au fil des pages comme constitutif de cet univers fictionnel au sein duquel naîtront les plus fabuleux des personnages marqueziens.

Ce passage, s’intègre dans le premier chapitre des mémoires, au cours duquel l’auteur retrace le voyage entrepris par sa mère pour vendre la maison familiale. Voyage qui fait l’objet d’une véritable immersion dans le passé,  nous plongeant dans le foisonnement de ces « visions qui hantèrent son enfance «. Garcia Marquez relate en effet un épisode marquant de l’époque où celui-ci vivait encore à Aracataca, entouré de ses grands-parents. Episode que l’on pourrait considérer comme le témoignage d’une époque extravagante et cruelle, à la fois violente et majestueuse. 

La vision du train, symbole d’une industrialisation à double tranchant fait ressurgir quelques uns des souvenirs les plus douloureux de l’histoire du village. La venue massive d’hommes de tous horizons ayant contribué à l’établissement fulgurant d’un clivage socio-culturel étonnement destructeur. Les natifs d’Aracataca, se sentant étrangers sur leur propre terre ne tarderont pas à nourrir envers ceux qu’ils nomment cachacos, une haine si profonde, qu’une seule agression suffira pour qu’ils la laissent se déverser, instaurant une ère de barbarie sans précédents.

Ici, partant d’un incident isolé, l’auteur s’attache à raconter comment peu à peu l’atmosphère paysanne a pu se charger de violence et aboutir à un climat proche de la guerre civile. 


[1] Gabriel Garcia Marquez, Vivre pour la raconter, Grasset, Le Livre de Poche, Paris, 2002.

« 2 Axe d’étude Aracataca apparaît ici comme le théâtre miniature d’évènements nationaux ; et le récit que nous fait Garcia Marquez doit se situer entre la prégnance des souvenirs vécus et l’évocation remaniée de ces mêmes évènements. Et puisque « la vie n’est pas ce qu’on a vécu mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient »2, le passage semble pouvoir se positionner entre le témoignage historique et la narration personnelle interposant sans cesse les voix de l’histoire officielle et celles de l’histoire individuelle, toutes deux portées par la travail d’une double mémoire : collective et affective.

Mémoire dans laquelle semble gravé le problème de la violence dans un pays structuré sur le mode d’une organisation bipolaire entre centre et périphérie, et sans cesse plus affaibli par les guerres utérines et l’alternance incessante des mouvances politiques. 2Gabriel Garcia Marquez, Vivre pour la raconter , ibid, p.7. »

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