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VOIES DE PARADIS

Publié le 12/11/2018

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VOIES DE PARADIS (milieu du xiiie-xive siècle). Il s’agit d’un schéma narratif privilégié du poème allégorique par lequel on cherche à traduire, dans la métaphore d’un voyage rêvé dans l’au-delà, la progression de l’âme vers le salut. Plusieurs textes portent ce titre : l’un attribué à tort à Raoul de Houdenc, une pièce de Rutebeuf, une autre de Baudouin de Condé, deux œuvres du xive siècle, l’une en vers, l’autre en prose, ainsi que la Voie d’Enfer et de Paradis de Jean de La Motte. L’image de base, le voyage, permet une décomposition en étapes, où lieux et personnifications représentent les vertus à pratiquer et les tentations à éviter.

 

La première de ces œuvres est loin d’être une réussite : le seul argument romanesque pour la rencontre des figures est la grande joie que celles-ci (même Pénitence et Gémir...) manifestent de recevoir le pèlerin; en outre, l’allégorie est si transparente que l’auteur n’a plus rien à dévoiler quand il nous annonce la « fine vérité ». Après une visite à Notre Dame et Grâce, on va chez Amour, puis on tombe sur Discipline et Obédience; l’arrivée de Tentation est neutralisée par l’intervention de Pénitence; le narrateur se dirige ensuite vers la ville de Contrition, le château de Confession, pour atteindre la cité de Pénitence, à travers une grande vallée (= le monde) où se déroule une « psychomachia », les Vices attaquant sous la conduite de Tentation. Chez Pénitence, par une échelle, dont les barreaux sont foi, vertu, science, abstinence..., on accède enfin au paradis. Laborieuse allégorie de la confession, ce texte n’a de commun avec celui de Rutebeuf que l’intention générale.

« descriptives traitées indépendamment (carrefour, psy­ chomachia, repas, demeure), et manifestent la difficulté de leurs auteurs à représenter la vertu et la béatitude : Je pseudo-Raoul et Baudoin de Condé par la platitude des évocations tautologiques (qui conduisent le premier à l'absurdité : les personnifications devant avoir une atti­ tude conforme à leur nom, on se réjouit de soupirs et de plaintes chez Confession -les repas chez Abstinence traduisent les limites de l'écriture), Rutebeuf par l'astuce d'une voie d'Enfer qui se substitue au projet initial.

Le schéma du voyage perpétue les traditions antiques (Én.éide, Odyssée) et celtiques (Voyage de saint Bren­ dan), mais le fantastique potentiel de ces incursions dans l'au-delà n'est que rarement exploité comme il le sera chez Dante.

La présentation des Vices permet cependant une ouverture sur un imaginaire moins soumis à l'idéo­ logie : l'allégorie, débarrassée du souci immédiatement didactique, peut alors libérer ses pouvoirs de suggestion et retrouver les monstres de l'iconographie romane.

Mais la vision ultime est toujours décevante, Je rêveur se réveille au moment où la contemplation promise se pro­ duit, et tout est à recommencer.

BlBLIOGRAPHIE.

E.

Faral et J.

Bastin, Rutebeuf.

Paris, Picard.

1976: P.

Lebes­ gue, Raoul de Houdenc.

Le Songe d'Enfer.

Le Songe de Paradis.

Paris, 1908; A.

Scheler, Baudoin et Jean de Condé.

Œuvres, Bruxelles, 1866.

A.

STRUBEL. »

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