Voltaire et la dénonciation de la guerre dans Candide
Publié le 14/11/2022
Extrait du document
«
I – L’ironie Voltairienne pour dénoncer la guerre
A- La guerre présentée comme un spectacle
La guerre est présentée comme un spectacle .
On relève ainsi
dès la première phrase de l’extrait une suite d’adjectifs
qualificatifs élogieux renforcés par l’adverbe d’intensité si qui
mettent en relief la beauté du spectacle :si beau, si leste, si
brillant, si bien ordonné.
Le lecteur a l’impression d’assister à
une
parade
militaire.
Ce spectacle n’est pas qu’esthétique : il est également sonore
comme le révèle l’énumération d’instruments de musique « les
trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons »
Voltaire introduit toutefois une dissonance avec le dernier
terme de cette énumération (« canons ») qui perce à jour la
réalité de cette guerre.
Le substantif « enfer » dans la suite de la phrase ruine
l’impression favorable suscitée par la description des armées
: celle-ci, loin de créer l’harmonie, est une incarnation de
l’enfer sur terre.
B – Les armées : des soldats de plombs
On observe une métaphore entre les armées et des soldats
de plomb.
Ainsi le verbe « renversés » employé à la place
de « tués » suggère une armée de soldats de plomb balayés
d’un revers de main : « les canons renversèrent d’abord.
Loin d’être individualisés, les soldats apparaissent
interchangeables et indifférenciés
Les morts se comptent de façon très approximative : « à peu
près » (l.4), « environ », « quelques milliers ».
L’on constate que, dans une logique de guerre, quelques
milliers de morts de plus ou de moins laissent indifférents.
II – La vision réaliste du champ de bataille pour
dénoncer les horreurs de la guerre
A – Le sort épouvantable des innocents
Dans le deuxième paragraphe, Voltaire dresse un tableau
pathétique
des
victimes de
la
guerre.
Les vict imes énumérées sont desêtres faibles : vieillards,
femmes et enfants.
Leur faiblesse et leur innocence sont
renforcées par l’emploi de participes passés au sens passif :
« criblés de coups », « égorgées », « éventrées », « à demi
brûlées »
qui
souligne
leur
position
de
victime.
Voltaire accumule les détails anatomiques qui suscitent
l’indignation et l’horreur: « femmes égorgées », « mamelles
sanglantes », « filles éventrées », « des cervelles étaient
répandues »,
« de
bras
et
de
jambes
coupés ».
B – La cruauté des armées
Les deux armées se ressemblent à s’y méprendre.
Elles donnent à voir le même spectacle; elles ont quasiment
le même nom (bulgare et abare) qui, de façon non anodine,
rime avec barbare; elles chantent toutes deux le Te Deum
après la bataille.
Elles sont d’une même cruauté sans borne si
bien que Voltaire décrit une « boucherie héroïque », oxymore
qui
dénonce
la
fausse
valeur
qu’est
l’héroïsme.
Cette scène du chapitre 3 est racontée du point de vue neutre
de .
En effet, ce dernier ne prend pas parti pour une armée
particulière : il est placé entre les deux armées et ne cherche
qu’à sauver sa peau.
Il importe peu, à Candide comme au
lecteur, qu’une armée gagne sur l’autre.
Cette absence de parti
pris
renforce
l’inutilité
de
cette
guerre.
III – Une critique de la philosophie et de la politique :
A – Une critique de la philosophie
Voltaire fait semblant d’adopter la logique de la guerre en
la présentant comme une opération juste et équitable : « Les
canons renversèrent d’abord à peu près....
»
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