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Voltaire, L'Ingénu, Chapitre 9 (commentaire)

Publié le 24/01/2012

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Voltaire, L’Ingénu, Chapitre 9
« Arrivé de l’Ingénu à Versailles, sa réception à la cour «
 
 
Texte étudié
L’Ingénu débarque en pot de chambre dans la cour des cuisines. Il demande aux porteurs de chaise à quelle heure on peut voir le roi. Les porteurs lui rient au nez, tout comme avait fait l’amiral anglais. Il les traita de même, il les battit ; ils voulurent le lui rendre, et la scène allait être sanglante, s’il n’eût passé un garde du corps, gentilhomme breton, qui écarta la canaille. Monsieur, lui dit le voyageur, vous me paraissez un brave homme ; je suis le neveu de monsieur le prieur de Notre-Dame de la Montagne ; j’ai tué des Anglais, je viens parler au roi ; je vous prie de me mener dans sa chambre. Le garde, ravi de trouver un brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour, lui apprit qu’on ne parlait pas ainsi au roi, et qu’il fallait être présenté par monseigneur de Louvois. - Eh bien ! menez-moi donc chez ce monseigneur de Louvois, qui sans doute me conduira chez sa majesté. Il est encore plus difficile, répliqua le garde, de parler à monseigneur de Louvois qu’à sa majesté ; mais je vais vous conduire chez M. Alexandre, le premier commis de la guerre ; c’est comme si vous parliez au ministre. Ils vont donc chez ce M. Alexandre, premier commis, et ils ne purent être introduits ; il était en affaire avec une dame de la cour, et il y avait ordre de ne laisser entrer personne. Eh bien ! dit le garde, il n’y a rien de perdu ; allons chez le premier commis de M. Alexandre ; c’est comme si vous parliez à M. Alexandre lui-même.
Le Huron tout étonné le suit ; ils restent ensemble une demi-heure dans une petite antichambre. Qu’est-ce donc que tout ceci ? dit l’Ingénu ; est-ce que tout le monde est invisible dans ce pays-ci ? Il est bien plus aisé de se battre en Basse-Bretagne contre des Anglais, que de rencontrer à Versailles les gens à qui on a affaire. Il se désennuya en racontant ses amours à son compatriote. Mais l’heure en sonnant rappela le garde du corps à son poste. Ils se promirent de se revoir, le lendemain, et l’Ingénu resta encore une autre demi-heure dans l’antichambre, en rêvant à mademoiselle de Saint Yves, et à la difficulté de parler aux rois et aux premiers commis.
Enfin le patron parut. Monsieur, lui dit l’Ingénu, si j’avais attendu pour repousser les Anglais aussi longtemps que vous m’avez fait attendre mon audience, ils ravageraient actuellement la Basse-Bretagne tout à leur aise. Ces paroles frappèrent le commis. Il dit enfin au Breton : Que demandez-vous ?-Récompense, dit l’autre ; voici mes titres : il lui étala tous ses certificats. Le commis lut, et lui dit que probablement on lui accorderait la permission d’acheter une lieutenance.-Moi ! que je donne de l’argent pour avoir repoussé les Anglais ? que je paie le droit de me faire tuer pour vous, pendant que vous donnez ici vos audiences tranquillement ? je crois que vous voulez rire. Je veux une compagnie de cavalerie pour rien ; je veux que le roi fasse sortir mademoiselle de Saint Yves du couvent, et qu’il me la donne par mariage ; je veux parler au roi en faveur de cinquante mille familles que je prétends lui rendre : en un mot je veux être utile ; qu’on m’emploie et qu’on m’avance.
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« couvent, et qu’il me la donne par mariage ; je veux parler au roi en faveur de cinquante mille familles que je prétends lui rendre : en un mot je veux être utile ; qu’on m’emploie et qu’on m’avance.

Lecture analytique Introduction Nous allons étudier un extrait du chapitre 9 de « L’Ingénu » de Voltaire, une de ses dernières œuvres.

Voltaire était un encyclopédiste contemporain de Rousseau, de Diderot et d’Alembert et philosophe des Lumières retenu pour la postérité de « Candide ».

« L’Ingénu » est le conte le plus lié à l’actu alité de son époque.

L’extrait proposé évoque l’arrivée à la cour de Versailles d’un jeune Huron débarqué en Bretagne où il s’est battu contre les anglais.

Converti au catholicisme, pour l’amour de Mlle de St Yves, devenu sa marraine, il ne peut plus à pré sent épouser cette dernière.

Il décide donc de demander justice au roi.

Il vient en fait chercher une dispense pour leur mariage.

Il compte également recevoir une récompense pour ses exploits contre les anglais.

Le palais de Versailles est pour l’ingénu un nom dont les usages singuliers mettent à rude épreuve son bon sens et sa simplicité naturelle.

A la différence du jeune Candide, dont le jugement et la vision du monde ont été déformés par son précepteur Pangloss, l’Ingénu est un cœur et un esprit libres de tout préjugé.

Dans le but d’étudier ce récit au service d’une satire implicite de l’administration du Roi soleil, nous analyserons dans un premier temps, les éléments du conte philosophique puis en second lieu, nous verrons la satire de la cour de Vers ailles.

I - Les éléments du conte philosophique 1.

Une scène dynamique et comique Nous avons un comique de répétition avec l’itinéraire en cascade descendante « du roi » ) « monseigneur Louvois » à « monsieur Alexandre, premier commis » au « premier comm is » du commis.

Cela met en avant la chute sociale de l’ingénu.

Le comique de situation est en fait basé sur un principe de répétition.

Le comique de mots repose sur les paroles du garde du corps « c’est comme si vous parliez au ministre », puis « c’est c omme si vous parliez à Monsieur Alexandre lui -même ».

Voltaire met en place le décor des aventures de son héros.

Le lieu est Versailles : on passe « de la cour des cuisines » à l’aile de l’administration royale dans le palais de Versailles.

Le dynamisme d e la scène est mis en évidence par les verbes d’action, de mouvement « débarquer », « battit », la répétition de « mener moi », « ils vont », « le suit », ainsi que de multiples déplacements « chez Mr Alexandre », « chez le commis ».

2.

Des allures de con te. »

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