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Vous ferez de ce texte de Julien Gracq un commentaire composé, en montrant surtout comment Julien GRACQ évoque ici le charme ambigu des voyages à pied.

Publié le 22/02/2011

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gracq

On ne peut mettre dans la route toute l'attente qu'elle est capable de combler si l'on n'a pas au moins quelquefois tout accepté de ses sévérités et de ses servitudes primitives : la faim, la soif, la fatigue, l'ennui, l'inconfort, l'incertitude du gîte, l'averse désastreuse qui bat la chaussée noyée et installe sa cataracte pour tout l'après-midi, et cet étrange sentiment d'exil aussi, pareil à une basse monotone, qui naît au long du chemin et ne déserte jamais ses pires exaltations : il en coûte aussi d'être un errant par le monde ; les joies sont traversées vite, on ne participe pas — il y a un regard, quand on déboucle son sac dans le soir jaune, sur un balcon à glycines, au-dessus de la cour pleine de poules, de charrettes et de futailles comme un tableau hollandais, quand on s'attable sous la tonnelle d'une étape heureuse, qui interroge déjà avec détachement le ciel du lendemain, la file songeuse, au-delà des toits, des peupliers de la route par où les bêtes reviennent, et qui se lisse déjà pour la nuit. «Aller me suffît«, a écrit René Char. Il faut savoir s'installer dans ce porte-à-faux sans sécurité ; demain sera autre, demain pèse déjà sur les avancées reposantes de la nuit. Julien Gracq.

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