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Publié le 16/02/2011

Extrait du document

[Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un jeune homme, révolté par les massacres et les camps de concentration, s'apprête à brûler tous ses livres et ses œuvres d'art devant son ami.]    Mais regarde-les, cria-t-il, et salue-les donc, et bave-leur donc ton admiration et ta reconnaissance ! A cause de ce qu'ils te font penser de toi-même. Puisque te voici, grâce à eux un homme si content de soi ! Si content d'être un homme ! Si content d'être une créature tellement précieuse et estimable ! Oh ! oui : remplis de sentiments poétiques et d'idées morales et d'aspirations mystiques et tout ce qui s'ensuit. Nom de Dieu, et des types comme toi et moi nous lisons ça et nous nous délectons et nous disons : « Nous sommes des individus tout à fait sensibles et intelligents. « Et nous nous faisons mutuellement des courbettes et nous admirons réciproquement chacun de nos jolis cheveux coupés en quatre et nous nous passons la rhubarbe et le séné. Et tout ça qu'est-ce que c'est ? Rien qu'une chiennerie, une chiennerie à vomir ! Ce qu'il est, l'homme ? La plus salope des créatures ! La plus vile et la plus sournoise et la plus cruelle ! Le tigre, le crocodile ? mais ce sont des anges à côté de nous ! Et ils ne jouent pas de plus au petit saint, au grave penseur, au philosophe, au poète ! Et tu voudrais que je garde tout ça sur mes rayons ? Pour quoi faire ? Pour, le soir, converser élégamment avec Monsieur Stendhal, comme jadis, avec Monsieur Baudelaire, avec Messieurs Gide et Valéry, pendant qu'on rôtit tout vifs des femmes et des gosses dans une église ? Pendant qu'on massacre et qu'on assassine sur toute la surface de la terre ?...    Vercors, L'Impuissance (Albin Michel).

« plaisir esthétique est donc, contra-dictoirement avec le premier, cette distance qui nous révèle notre ignorance etnos limites. II.

- ART «ENGAGÉ» OU «NON ENGAGÉ»? Les critiques ont souvent souligné de façon partisane l'un ou l'autre des aspects du plaisir esthétique.

Et l'on opposevolontiers Brecht, qui se sert du théâtre pour exprimer une réalité sociale, à un art abstrait qui semble n'avoird'autre fin que lui-même. Les dangers de l'esthétisme sont grands.

L'esthète cherche dans la contemplation une satisfaction parfois égoïste.N'oublie-t-il pas que l'art aime à s'entourer de rites communautaires ? Une pièce de théâtre est inséparable du publicspectateur de sa représentation; une symphonie ne se dissocie pas des auditeurs devant lesquels l'orchestrel'exécute.

L'art ne crée pas seulement un lien entre l'auteur et le lecteur, mais entre les lecteurs eux-mêmes.

Etquel artiste peut se vanter d'être indifférent à son époque ? La musique du Moyen Age et de la période classique adéveloppé son lyrisme sur des registres surtout religieux.

La Passion selon saint Jean de Bach vaut à la fois par lapérennité de sa beauté et par la sincérité de son auteur.

Ce n'est pas l'art qui est désincarné, ce sont les esthètesqui l'interprètent ainsi. En réaction contre cette attitude, de nombreux artistes ont proclamé que l'art est pourvu d'une fonction sociale etpolitique.

A un cinéma folâtre et volontiers superficiel, l'on a opposé la lourde rigueur des films « à thèse ».

Dans lemême sens, de jeunes comédiens, las de jouer un répertoire jugé trop classique, ont inscrit à leur programme devéritables plaidoyers scéniques.

On risque fort d'alourdir ainsi l'œuvre au point de la transformer en une fadedémonstration.

L'entreprise est généreuse, mais reste-t-elle artistique ? III.

- SPONTANÉITÉ ET VÉRITÉ La vérité artistique n'est nullement la synthèse de ces extrêmes : elle est autre. La tragédie donne raison — ou tort — à l'un et l'autre des protagonistes.

Œdipe est innocent et coupable, Phèdreest libre et prisonnière de sa passion.

L'œuvre touche le public, lui parle de son expérience quotidienne, et l'introduitpourtant au plus inviolable des mystères : la mort.

L'humain et le surhumain s'y mêlent inextricablement.

Sans douteest-ce pour cette raison que la tragédie est parfaite et attachante. L'art ne peint pas le concret ou l'idéal, le bien ou le mal, l'actuel ou l'éternel.

Il exprime au contraire ce qu'il y a dansl'homme de plus trouble.

La nostalgie de la pureté de Baudelaire, l'enthousiasme génial de Rimbaud, nous montrentun homme grandiose et déchu.

Le mystère de l'art n'est peut-être après tout que celui de l'homme.

Et qui ne s'estpas un jour demandé comme Rimbaud « Suis-je bien moi-même? "Je" n'est-il pas un autre ? ». L'authenticité de l'artiste c'est sa spontanéité.

Comme nous le dit ailleurs Rimbaud, il assiste à l'éclosion de sapropre pensée.

Son intention initiale n'importe guère.

L'essentiel n'est pas de savoir s'il a voulu faire une œuvreengagée ou non engagée.

L'œuvre porte en elle-même sa propre signification.

Celle-là même qui suscite aujourd'huil'enthousiasme des esthètes, revêtira demain un sens révolutionnaire. CONCLUSION L'erreur des esthètes est sans doute de confondre le désintéressement et l'inutilité; celle des auteurs engagés, detuer la vie de l'esprit par la lettre, si généreuse que soit l'intention initiale.

L'art ne se laisse pas ainsi cloisonner :l'œuvre ne se fabrique pas, elle s'invente.. »

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