zadig ou la déstinée
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
un premier temps, qu’il permet à Voltaire de se jouer de la censure, avant de considérer qu’il définit la
figure du lecteur idéal.
I.
Déjouer la censure L’orient suscite un réel engouement au dix-huitième siècle, depuis la
visite du sultan de Constantinople à la cour du roi Louis XIV.
Les Mille et une nuits sont lues
et imitées par des philosophes des Lumières comme Voltaire et Montesquieu, autant que par
des auteurs libertins pour la sensualité que l’on associe à l’orient et à ses harems.
Cette mode
de l’ailleurs présente également l’intéressant avantage de permettre une critique de la société
sans en avoir l’air : les auteurs feignent de viser les travers d’un monde barbare alors qu’ils
renvoient à la société de leur temps .
a.
Une approbation antithétique Zadig s’ouvre sur une
approbation des plus paradoxale.
Tout d’abord, le titre laisse entendre que le conte ait pu être
publié légalement avec l’accord des instances monarchiques et religieuses, or la raison pour
laquelle il semble avoir reçu cette approbation est que « c’est un ouvrage détestable » que son
censeur a « décrié ».
Cela nous laisse entendre que les ouvrages à qui l’on accorde cette
approbation sont généralement mauvais.
De plus, le censeur tient un discours inverse de ce
qu’il pense : il considère ce manuscrit comme « curieux, amusant, moral, philosophique, digne
de plaire à ceux qui haïssent les romans » mais demande son interdiction.
Cet éloge pourrait
être soumis à caution car il est tenu par un censeur qui avoue lui-même sa bêtise : il s’est « fait
passer pour savant, et même pour homme d’esprit ».
Mais l’idée qui domine néanmoins est
celle qu’un ouvrage de qualité se voit rarement attribué une approbation et que les censeurs
brillent davantage par leur stupidité et leur inculture que par leur clarté de jugement.
Il s’ensuit
que le conte se voit refuser son approbation comme l’indique la démarche qu’a le censeur
auprès de celui qui attribue les approbations (« j’ai assuré M.
le Cadi-Lesquier que c’est un
ouvrage détestable ») alors même qu’il vient d’en souligner les qualités .
b.
Multiplier les
instances entre auteur et lecteur : plusieurs traducteurs Après avoir emprunté le masque du
censeur, l’auteur se cache derrière le personnage de Sadi, un poète oriental du treizième siècle
qui se présente comme un traducteur : « Je vous offre la traduction d’un livre d’un ancien sage
».
Zadig serait un conte écrit par un sage en « ancien chaldéen » qui fut ensuite traduit « en
arabe, pour amuser le célèbre sultan Ouloug-beg ».
Le fait de multiplier les instances
narratives met l’auteur réel à l’abri, d’autant qu’il publie ce conte de manière anonyme.
Voltaire peut ainsi se retrancher derrière un auteur qui lui préexisterait.
Il est évident que les
censeurs ne sont pas dupes de ce genre de stratégies largement employées, néanmoins elles
rendent plus complexe une éventuelle mise en cause judiciaire de la personne de l’auteur.
Il est
également possible de lire cette épître comme un jeu entre l’auteur et son lectorat, ainsi que le
fait d’associer son œuvre avec un type de récit très en vogue.
c.
Parodie du conte oriental Si
Voltaire reprend un genre très populaire à son époque, c’est surtout pour le pervertir et le
parodier c’est d’ailleurs ce qu’il affirme dès l’abord.
Zadig est un « ouvrage qui dit plus qu’il
ne semble dire ».
Les contes seraient un amusement léger pour un lectorat féminin, mais celui
qu’il propose à son lecteur est différent : « C’était du temps où les Arabes et les Persans
commençaient à écrire des Mille et Une Nuits, des Mille et Un Jours, etc.
Ouloug aimait
mieux la lecture de Zadig ; mais les sultanes aimaient mieux les mille et Un.
» L’orient est
présenté à travers une série de clichés : on trouve ainsi des éléments aussi différents que
proche par leur lien avec l’imagerie traditionnelle associée à l’Orient pour qui se limite à une
représentation caricaturale de celui-ci : « tapis d’Iran », « roses », « vieux derviches à longue
barbe et à bonnet pointu », « Mille et Une Nuits, des Mille et Un Jours » ainsi que les figures
connues de tous : « Thalestris du temps de Scander, fils de Philippe » et « la reine de Sabée du
temps de Soleiman ».
Il est évident que Voltaire propose une parodie vu la succession de
clichés qu’il présente d’autant plus qu’il les met dans la bouche d’un poète oriental ! De.
»
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