Zazie est-elle un personnage ingénu ?

1. Une fillette à protéger

- La protection de Zazie = ce qui incombe à Gabriel : sa mère lui demande expressément, en lui confiant sa fille, de l'éloigner des dangers. Marceline emploie le mot de « devoir » pour qualifier la tâche de Gabriel vis-à-vis d'elle. Page 131, il affirme : « c'est moi qui en ai la responsabilité ».

- On veut la préserver comme un petit enfant. Ainsi, quand Zazie demande ce qu'est un « hormosessuel », Marceline/Albertine lui répond que « c'est un homme qui met des bloudjinnzes » (p. 65). Elle n'a pas le droit d'écouter la conversation entre Trouscaillon et Gabriel.

- Aspect enfantin du personnage plus développé dans le film où la fillette est plus jeune - l'actrice a dix ans - et où elle est très liee à l' univers du dessin anime.

En effet, pendant la course-poursuite avec Trouscaillon, le cinéaste a utilisé tout un répertoire de gags irréalistes typiques des cartoons américains, comme l'aimant géant ou la bombe que les personnages se jettent les uns aux autres jusqu'à ce qu'elle éclate.

2. Des points d’ignorance et des questions qui font apparaître un regard étonné sur le regard des adultes

- Zazie a une image de Paris qui ne correspond pas à la réalité : elle s'est construit un mythe du métro qui lui est propre (elle n'admet pas l'existence d'un métro aérien, par exemple) ou de Singermindépré.

- Beaucoup de questions montrent son désir d'apprendre : elle demande à sa tante ce qu'est un «hormossessuel », par exemple. Page 86, elle demande de nouveau à Charles la définition du mot : «mais qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'il se mette du parfum ? » et en conclut qu'il n'y a pas de quoi aller en prison. Il y a là de sa part un raisonnement philosophe.

- Zazie fait souvent apparaître toutes les absurdités du monde des adultes par ses commentaires acérés. Au début du livre et du film, on peut penser qu'elle sera un élément perturbateur, parce qu'elle fugue et qu'elle provoque les adultes, et puis, finalement, la fin de l'œuvre en fait une spectatrice du monde des adultes sur lequel elle porte un regard étonné. Elle assiste, fatiguée et passive, aux bagarres dans l'établissement «Aux Nyctalopes » et paraît alors beaucoup plus raisonnable que les adultes dont le comportement dégénère. Le dénouement fait apparaître pleinement le côté « roman d'apprentissage » de l'œuvre, puisqu'elle fait un bilan de son week-end à sa mère en concluant qu'elle a «vieilli ».