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ZOLA : L'Assommoir - le début de la déchéance - extrait du chapitre X (commentaire littéraire)

Publié le 22/03/2010

Extrait du document

zola

  […] Deux années s'écoulèrent, pendant lesquelles ils s'enfoncèrent de plus en plus. Les hivers surtout les nettoyaient. S'ils mangeaient du pain au beau temps, les fringales arrivaient avec la pluie et le froid, les danses devant le buffet, les dîners par coeur, dans la petite Sibérie de leur cambuse. Ce gredin de décembre entrait chez eux par-dessous la porte, et il apportait tous les maux, le chômage des ateliers, les fainéantises engourdies des gelées, la misère noire des temps humides. Le premier hiver, ils firent encore du feu quelquefois, se pelotonnant autour du poêle, aimant mieux avoir chaud que de manger ; le second hiver, le poêle ne se dérouilla seulement pas, il glaçait la pièce de sa mine lugubre de borne de fonte. Et ce qui leur cassait les jambes, ce qui les exterminait, c'était pardessus tout de payer leur terme. Oh ! le terme de janvier, quand il n'y avait pas un radis à la maison et que le père Boche prenait la quittance ! Ça soufflait davantage de froid, une tempête du Nord. M. Marescot arrivait, le samedi suivant, couvert d'un bon paletot, ses grandes pattes fourrées dans des gants de laine ; et il avait toujours le mot d'expulsion à la bouche, pendant que la neige tombait dehors, comme si elle leur préparait un lit sur le trottoir, avec des draps blancs. Pour payer le terme, ils auraient vendu de leur chair. C'était le terme qui vidait le buffet et le poêle. Dans la maison entière, d'ailleurs, une lamentation montait. On pleurait à tous les étages, une musique de malheur ronflant le long de l'escalier et des corridors. Si chacun avait eu un mort chez lui, ça n'aurait pas produit un air d'orgues aussi abominable. Un vrai jour de jugement dernier, la fin des fins, la vie impossible, l'écrasement du pauvre monde. […] Deux années s'écoulèrent pendant lesquelles ils s'enfoncèrent de plus en plus. Les hivers surtout les nettoyaient. S'ils mangeaient du pain au beau temps, les fringales arrivaient avec la pluie et le froid, les danses devant le buffet, les dîners par coeur, dans la petite Sibérie de leur cambuse. Ce gredin de décembre entrait chez eux par-dessous la porte, et il apportait tous les maux, le chômage des ateliers, les fainéantises engourdies des gelées, la misère noire des temps humides. Le premier hiver, ils firent encore du feu quelquefois, se pelotonnant autour du poêle, aimant mieux avoir chaud que de manger ; le second hiver, le poêle ne se dérouilla seulement pas, il glaçait la pièce de sa mine lugubre de borne de fonte. Et ce qui leur cassait les jambes, ce qui les exterminait, c'était par-dessus tout de payer leur terme. Oh ! le terme de janvier, quand il n'y avait pas un radis à la maison et que le père Boche présentait la quittance ! Ça soufflait davantage de froid, une tempête du Nord. M. Marescot arrivait, le samedi suivant, couvert d'un bon paletot, ses grandes pattes fourrées dans des gants de laine ; et il avait toujours le mot d'expulsion à la bouche, pendant que la neige tombait dehors, comme si elle leur préparait un lit sur le trottoir, avec des draps blancs. Pour payer le terme, ils auraient vendu de leur chair. C'était le terme qui vidait le buffet et le poêle. Dans la maison entière, d'ailleurs, une lamentation montait. On pleurait à tous les étages, une musique de malheur ronflant le long de l'escalier et des corridors. Si chacun avait eu un mort chez lui, ça n'aurait pas produit un air d'orgues aussi abominable. Un vrai jour du jugement dernier, la fin des fins, la vie impossible, l'écrasement du pauvre monde.

 

Plan de l'étude

Situation du passage

L'énonciation

La finalité du texte : donner une image de la misère du peuple, liée à trois facteurs hostiles :

l'hostilité du milieu naturel - l'hostilité de la société - la faiblesse de la victime, visible dans

son manque d'instruction que révèle son discours.

La préparation de la chute finale

Conclusion

Situation :

Gervaise, que se sont partagés Coupeau et Lantier, a vu son mari sombrer dans

l'alcoolisme, et son ancien amant "manger" sa boutique, sa blanchisserie. Elle a dû la céder

à son ennemie de jeunesse, Virginie qui en a fait une épicerie, et qui est maintenant la

maîtresse de Lantier. Nana vient de quitter ses parents pour apprendre le métier de

fleuriste. Gervaise et Coupeau habitent dans un appartement misérable, dans les étages, à

côté du croque-morts.

 

zola

« vidait le buffet et le poêle.

Dans la maison entière, d'ailleurs, une lamentation montait.

On pleurait à tous les étages, une musique de malheur ronflant le long de l'escalier et des corridors.

Si chacun avait eu un mort chez lui, ça n'aurait pas produit un air d'orgues aussi abominable.

Un vrai jour du jugement dernier, la fin des fins, la vie impossible, l'écrasement du pauvre monde . Plan de l'étude Situation du passage L'énonciation La finalité du texte : donner une image de la misère du peuple, liée à trois facteurs hostiles : l'hostilité du milieu naturel - l'hostilité de la société - la faiblesse de la victime, visible dans son manque d'instruction que révèle son discours. La préparation de la chute finale Conclusion Situation : Gervaise, que se sont partagés Coupeau et Lantier, a vu son mari sombrer dans l'alcoolisme, et son ancien amant "manger" sa boutique, sa blanchisserie.

Elle a dû la céder à son ennemie de jeunesse, Virginie qui en a fait une épicerie, et qui est maintenant la maîtresse de Lantier.

Nana vient de quitter ses parents pour apprendre le métier de fleuriste.

Gervaise et Coupeau habitent dans un appartement misérable, dans les étages, à côté du croque-morts. L'énonciation Ce passage est du récit.

On n'y trouve pas de discours indirect, mais on y remarque le procédé fréquent chez Zola, qui consiste à introduire dans la vocabulaire soutenu du narrateur anonyme des expressions qui appartiennent au registre de langue du personnage. Ainsi, tout en gardant la parole pour faire avancer l'action [ deux années sont ici résumées en quelques lignes], le narrateur laisse entendre la voix du peuple.

Ce ton très particulier, et qui est très caractéristique de l'écriture de Zola, fait que le récit a parfois des tonalités proches de celles du discours, comme si la présence implicite des personnages dans le vocabulaire conduisait naturellement à les faire entendre et à passer dans le discours.

Cest le cas dans ce passage : "Dans la maison entière, d'ailleurs, une lamentation montait", où "d'ailleurs" appartient au registre du discours. La finalité du texte Gervaise a perdu sa blanchisserie, elle travaille comme repasseuse à la journée, et Coupeau s'est remis à boire, après s'être arrêté quelques mois.

L'extrait va peindre la. »

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