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Zweig: Le joueur d'échecs (Résumé détaillé)

Publié le 22/02/2012

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ans Le joueur d'échecs la continuité narrative est assurée par un narrateur anonyme, mais comme dans d'autres nouvelles, il laisse la place dans l'écoute au discours de l'autre. Or de l'autre vient toujours l'incongruité, c'est-à-dire ce qui ne convient pas, ce qui ne se rencontre pas, ne coule pas ensemble. Autant dire que l'autre de l'enchâssement marque une rupture, déborde de la norme, sort du sillon, délire. C'est le scandale de Czentovic pour l'idée de la raison que l'intelligence est maîtresse des échecs, or c'est une brute monomaniaque incapable d'organiser correctement sa pensée à telle point qu'elle fuit tout contact avec qui l'amènerait à exprimer la vacuité de son esprit, qui est champion du monde de ce jeu de l'esprit. C'est le scandale de M.B. pour qui le jeu devient le symbole de la sauvagerie barbare, inhumaine d'un isolement forcée qui le pousse à la folie. Enchâssement et digression détournent donc la diégèse, du récit manifeste pour pointer l'importance d'un soubassement, d'une structure profonde où s'abîme l'âme humaine. Que savons-nous du narrateur principale, pratiquement rien, son rôle n'est que de laisser advenir une parole autre, celle d'une souffrance qui porte très haut le sens d'une destination de l'homme.
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« de quatre murs.

On le laissa seul en face du néant, car il est notoire qu'aucune chose au monde n'oppressedavantage l'espèce humaine.

En créant autour du prisonnier un vide complet, c'est-à-dire enfermé jour et nuit, sanslivre, papier ou montre, la Gestapo, employait ce genre de méthode de terrorisme psychologique, de l'isolementabsolu sur le cerveau humain, pour que le prisonnier ressasse ses pensées jusqu'à ce qu'elles l'étouffent et qu'il nepuisse faire autrement que de les cracher, pour ainsi dire d'avouer tout ce qu'ils voulaient, plus sûrement que lescoups et le froid.

Même le gardien n'avait pas le droit de lui adresser la parole.

Le pire c'était le retour à ce néant,juste après les interrogatoires.

Après quatre mois de ce traitement, alors qu'il se sentait céder et sombrer dans lafolie, un événement se produisit.

Alors que le 27 juillet, date qu'il put lire sur un calendrier, en attendantl'interrogatoire, il eu la force, à l'insu de ses tortionnaires, de dérober dans la poche d'un officier un livre.

Mais quelledéception lorsqu'il s'aperçut qu'il s'agissait d'un manuel de 150 parties d'échecs de Grands-Maîtres.

Après réflexion,le jeu d'échecs représentait un bienfait inestimable pour Monsieur B.

C'était, en effet, la seule source dedivertissement, d'apprentissage qui se présentait à lui dans cette cellule.

Sa détention fut alors plus douce puisque,s'aidant d'abord d'un drap et de pièces en mie de pain, puis au bout d'une quinzaine de jours de sa seulereprésentation mnésique, il organisa ses journées jusqu'à s'amuser passionnément de cette activité.

Cette disciplined'esprit lui donna même une acuité nouvelle, dont les interrogatoires bénéficièrent les premiers ; sans le savoir, ilavait amélioré sur l'échiquier sa défense contre les menaces feintes et les détours perfides de ses geôliers.

Mais aubout de trois mois, ayant épuisé toutes les parties indiquées sur le manuel, la lassitude et surtout le néant legagnait de nouveau.

Il dut alors inventer d'autres parties et se mit ainsi à jouer avec lui-même ou plutôt contre lui-même.

Il sentit alors très vite la frénésie pour le jeu l'emporter jusqu'à la démence.

En effet l'attrait du jeu d'échecsréside tout entier en ceci que deux cerveaux s'y affrontent.

L'intérêt de cette bataille intellectuelle vient de ce queles noirs ne savent pas comment vont man½uvrer les blancs, et qu'ils cherchent sans cesse à deviner leursintentions pour les contrecarrer, tandis que les blancs de leur côté essaient de percer à jour les secrètes intentionsdes noirs et de les déjouer.

Si donc les deux camps sont représentés par la même personne, la situation devientcontradictoire.

Comment un seul et même cerveau pourrait-il à la fois savoir et ne pas savoir quel but il se propose ?Un pareil dédoublement de la pensée suppose un dédoublement complet de la conscience, une capacité d'isoler àvolonté certaines fonctions du cerveau.

Il fallait également qu'il se représente mentalement et qu'il retienne lespositions successives des pièces et les possibilités ultérieures de chacun des partenaires.

Et le plus dangereux estqu'il se mit inconsciemment au défi de rivaliser entre le noir qu'il était et le blanc qu'il était aussi, et chacun d'euxdevenait de plus en plus avide et impatient en voulant gagner.

C'est dans cet état affreux, indescriptible, qu'auxbout de trois mois se produisit une crise.

A cause du dédoublement de personnalité du à sa pratique solitaire deséchecs, il avait agressé un de ses gardiens et s'était blessé en cassant une vitre du couloir tandis que sestortionnaires l'emmenaient à l'infirmerie.

Il se réveilla dans un hôpital et put recouvrer le complet usage de ses sens.Le médecin, un confrère d'un de ses oncles, comprit aussitôt son problème et usa de son influence pour qu'il futlibéré.

Il lui recommanda de ne plus jamais jouer aux échecs.

C'est pourquoi, quelques instants plus tôt,s'intéressant à la partie qui se livrait sur le bateau, il avait vu la faute qui risquait d'être commise et n'avait pus'empêcher d'intervenir.Les événements vont inéluctablement se précipiter et aboutir à la rencontre des deux individus.

Le match tantattendu a lieu le lendemain.

Monsieur B.

ne peut résister à l'envie qui le tenaille de faire bouger les pièces del'échiquier.

Emprisonné, il n'avait fait que jouer dans l'abstrait, faculté qu'il n'a pas en commun avec Czentovic.

Avrai dire, il n'espérait plus voir un jour, en chair et en os, les 32 figures du jeu d'échecs.

Il est comme un astronomequi a déterminé l'existence d'une planète au moyen de savants calculs et qui aperçoit soudain cette planète dans leciel sous la forme d'une substantielle et brillante étoile.

Le professionnel contre le dilettante.

L'invraisemblable seproduit, le champion du monde est contraint d'abandonner à la première partie.

Cette victoire d'un inconnu sur unecélébrité réveille en Mirko des sentiments guerriers.

Le champion réclame une revanche que B., qui avait pourtantassuré ne vouloir faire qu'une partie, accepte avec précipitation.

D'ailleurs cette revanche n'est plus un spectacle,mais une véritable guerre psychologique.

L'ultime partie apparaît comme une rétrospective ; en elle semble se jouerle passé douloureux de Monsieur B.

En effet, ayant perçu la faiblesse de son adversaire, Czentovic se transformepeu à peu en bourreau, jouant chaque coup à intervalles réguliers pour mieux ébranler son adversaire.

Hors de lui,recommençant à jouer contre lui même et oubliant la partie réelle qui est en train de se dérouler, B.

revient à seserrances hystériques.

Pour éviter une nouvelle crise, le narrateur interrompt B.

et lui rappelle ses excès passés.

Lapartie cesse, Monsieur B.

se leva aussitôt et s'en fut, de la même manière mystérieuse et discrète qu'il leur étaitapparu la première fois.

Le champion est déclaré vainqueur et daigne admettre que son adversaire était "trèsremarquablement doué".

Cette partie nous rappelle l'interrogatoire que les nazis ont fait subir à Monsieur B.

En cesens, on pourrait dire que la lutte qui a lieu sur l'échiquier est celle du nazisme contre l'humanisme aristocratique.

Etla défaite de Monsieur B.

comme l'écroulement des valeurs auxquelles croyaient Stefan Zweig lui-même. CZENTOVIC : Mirko CZENTOVIC est le fils d'un misérable slave du Danube.

A douze ans il est recueilli par le curé de son village,son père étant mort.

Dès l'enfance il présente des troubles de l'apprentissage et à quatorze ans il ne sait toujourspas bien lire et écrire.En fait, il ne montre des capacités que pour jouer aux échecs.

Lorsqu'il grandit, il se sert donc des échecs pourréussir socialement, pour compenser son manque d'éducation.

Ainsi les échecs sont pour lui un moyen de gagner savie.Mais il a gardé son caractère peu sociable que nous pouvons assimiler à l'autisme.

Ce trouble mental sévèreaffectant l'enfant mais qui se prolonge ici chez l'adulte se traduit par un isolement, un repli sur soi et une absencede communication.. »

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