Grand oral du bac : Gènes, chromosomes et hérédité
Publié le 12/11/2018
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LE PATRIMOINE DE L'HOMME
La structure et le fonctionnement de nos cellules sont au cœur des grandes découvertes de la génétique, l'une des branches les plus récentes de la biologie. Née il y a quelque cent quarante ans, la génétique étudie les gènes, les chromosomes et l'hérédité. L'hérédité peut se définir comme étant la transmission à la descendance de caractères appartenant à des parents ou à des ancêtres plus éloignés. Ces caractères sont inscrits dans les gènes et portés par les chromosomes sous forme de messages codés. Ces messages règlent la synthèse des protéines que les cellules effectuent pendant leur vie. Si l'on peut dire que la physique fut la science du xxe siècle, la génétique focalise désormais tous les regards. Des célèbres expériences de Mendel sur les pois au décryptage de la carte génétique, des avancées majeures ont été accomplies.
Mais cela ne va pas sans réveiller des craintes enfouies quant à la manipulation possible de la nature humaine et conduit à placer des espoirs démesurés dans la puissance « thaumaturgique », c'est-à-dire réalisant de véritables miracles, des savants.
LES NOTIONS FONDAMENTALES
- Les chromosomes contiennent le matériel héréditaire des êtres vivants. Ils apparaissent sous leur forme
caractéristique de bâtonnets au cours de la division cellulaire (mitose - chaque chromosome se dédouble). Ils possèdent deux bras : un bras long et un bras court, reliés au niveau d'une région nommée centromère. Leur extrémité s'appelle le télomère. Les chromosomes vont par paire, chaque paire étant constituée d'un chromosome provenant de la mère et d'un chromosome provenant du père.
• Lors de la fécondation, la fusion du noyau mâle (spermatozoïde) et du noyau femelle (ovule), qui contiennent chacun un seul chromosome de chaque paire, restaure un jeu complet de chromosomes. Chez l'être humain, le nombre de chromosomes est de 46, répartis en 23 paires. On trouve 22 paires possédant des chromosomes homologues identiques (les autosomes), et une paire dont les chromosomes diffèrent (les hétérochromosomes). Il s'agit des chromosomes sexuels X et Y. Les femmes possèdent deux
chromosomes X et les hommes, un chromosome X et un chromosome Y. Le sexe d'un embryon dépend du type de spermatozoïde qui féconde l'ovule : si c'est un spermatozoïde porteur d'un chromosome X, l'enfant sera une fille (XX) ; s'il s'agit d'un spermatozoïde porteur du chromosome Y, on aura un garçon (XY). C'est l'homme, et non la femme, qui détermine le sexe de l’enfant • Les chromosomes permettent à l’organisme de fabriquer des protéines dont les fonctions sont variées : construction des cellules, duplication du matériel génétique, transformation du métabolisme ou encore réparation.
«
Avant
Mendel, l'idée dominante
qu'on se faisait de l'hérédité est
une hérédité par mélange, des
" gemmules » se formant dans
l'organisme, migrant dans les cellules
sexuelles et se mélangeant dans l'œuf.
Cela permettait, pensait-on, de
comprendre les ressemblances plus
ou moins nettes avec les parents.
Mais avec Mendel naît une nouvelle
vision de l'hérédité qui sera consolidée
avec la naissance de la théorie
chromosomique de l'hérédité, théorie
que la génétique moderne viendra
confirmer.
LA THÉORIE CHROMOSOMIQUE
DE L'HÉRÉDITÉ
Sur les traces de Hugo de Vries,
le généticien américain Thomtls Hunt
Morgtln se met à chercher des
, mutations de plus
grande ampleur.
Pour cela, il choisit
de croiser des
mouches du vinaigre
(les drosophiles) en
raison de leur petite
taille (pour gagner
••�• de la place dans
le laboratoire), de leur nombre
de chromosomes (elles n'en possèdent
que quatre paires), de leur rapidité de
reproduction (30 générations peuvent
en effet être observées en un an) et
enfin de la facilité de reconnaissance
entre le mâle et la femelle.
La première
mutation qu'il observe est une mouche
mâle présentant des yeux blancs,
au lieu d'yeux normalement rouges.
Il remarque alors que ce caractère n'est
présenté que par les mâles, ce qui le
conduit à penser que le fadeur
déterminant ce caractère est porté par
le chromosome sexuel.
Ainsi, un fadeur
génétique, le gène, est pour la première
fois expérimentalement assigné à
un chromosome défini.
D'expériences
en expériences, Morgan et son équipe
localisent de plus en plus de gènes sur
les chromosomes sexuels puis sur les
autres chromosomes, dressant ainsi
des cartes chromosomiques des fadeurs
héréditaires.
De ces recherches est née la théorie
chromosomique de l'hérédité.
Elle affirme que les gènes sont des
éléments matériels portés par les
chromosomes au sein du noyau.
En d'autres termes, les chromosomes
sont porteurs du message héréditaire.
En 1933, Morgan reçoit le prix Nobel
de médecine.
LA GÉNÉTIQUE HUMAINE
En 1943, une nouvelle avancée
scientifique voit le jour grâce à Oswald
Avery, Colin Mcleod, et Mclyn
McCarthy.
Ils démontrent en effet
que c'est bien l'ADN qui transporte
les informations génétiques contenues
dans la cellule.
La découverte, en 1953,
de sa structure en double hélice, par
Frt1nds Crick et /times Wtltson
permet de comprendre comment l'ADN
stocke et transmet l'information génétique.
Trente ans plus tard,
le généticien américain James Gusella
met quant à lui au point une technique
afin de repérer l'un des gènes
responsable de la maladie de Huntington.
Cette découverte lancera les premiers
marqueurs génétiques permettant le
dépistage d'anomalies.
Le mécanisme
de base qui sous-tend la « révolution
génétique » peut être résumé
schématiquement comme suit :
• les cellules des êtres vivants contiennent
un programme d'instructions
(le génome) leur permettant de se
maintenir en vie ou de se reproduire.
• Les instructions de ce programme
(les gènes) sont codées sous une forme
chimique le long de molécules géantes,
les molécules d'ADN, dont les
chromosomes sont constitués.
• Le génome correspond à la totalité
des gènes d'un organisme.
• Les caractères transmis à la
descendance par des parents ou des
ancêtres plus éloignés sont inscrits dans
les gènes et portês par les chromosomes
sous forme de messages codés.
L'information génétique détenue par
l'ADN est transmise à un brin d'ARN,
I'ARN messager « dictant» ainsi la
synthèse des protéines que les cellules
effectuent au cours de leur vie.
On connaît à ce jour environ 10 000 à
12 000 gènes.
Les estimations les plus
récentes donnent un nombre total de
gènes humains compris entre 30 000 et
35 000, soit un nombre bien inférieur
aux estimations antérieures.
Au début des années 1990, le programme
Génome humain, dont l'objectif est de
nommer et de localiser ces gènes répartis
sur les 23 paires de chromosomes
présents chez l'homme, est lancé.
La première étape consiste à donner
la position de chaque gène (cartographie
physique) puis à établir la carte
chromosomique des maladies
héréditaires (cartographie génétique).
Les dernières étapes de ces travaux
furent le séquençage, en l'an 2000, des
chromosomes 21 et 22, puis en 2003,
du chromosome 14, le plus grand
chromosome humain.
Aujourd'hui,
l'enchaînement des trois milliards de
« lettres » qui constituent la séquence
du génome humain est désormais
connu avec précision.
Cette entreprise,
l'une des plus ambitieuses depuis
la conquête de l'espace, devrait avoir
d'importantes retombées médicales.
Pourtant, les études sur ces transmissions
sont beaucoup plus difficiles à réaliser
chez l'homme que sur les pois utilisés
par le botaniste autrichien.
Les généticiens ne peuvent contrôler les
croisements entre différents génotypes
humains et doivent donc utiliser les
résultats fournis à la suite d'enquêtes
épidémiologiques.
C'est pour ces
raisons que la génétique humaine
se concentre sur un objectif principal :
la recherche de gènes responsables
des maladies héréditaires.
Alors qu'on
n'en connaissait moins d'une centaine
en 1990, plus de 1 400 sont aujourd'hui
identifiés.
Dans l'avenir, ce sont aussi
les gènes de susceptibilité aux maladies
communes telles que le diabète ou
les maladies cardia-vasculaires qui
pourraient être peu à peu dévoilés.
LES MALADIES GÉNÉTIQUES
Le défaut de fonctionnement d'un gène
engendre les maladies génétiques.
La
maladie est récessive si son expression nécessite
une mutation sur les deux
allèles du gène mis en cause ; elle est
dominante si un seul allèle muté suffit
pour provoquer la maladie.
Elle est gonosomique (ou gonosomale)
si le gène est situé sur la paire de
chromosomes sexuels.
Elle est autosomique (ou autosomale)
lorsque le gène est situé sur une paire
de chromosomes homologues.
Elle se
transmet alors selon les lois de Mendel.
Quelques exemples
• L'hémophilie.
Cette maladie génétique,
liée au chromosome X, est due
à un dysfonctionnement dans l'un
des fadeurs de coagulation.
L'atteinte
du gène du fadeur VIII correspond
à l'hémophilie A ; l'atteinte du gène
du fadeur IX à l'hémophilie B.
Les mutations de ces gènes déterminent
soit une absence totale du fadeur dans
le sang (hémophilie sévère) soit un
déficit partiel (hémophilie modérée ou
mineure).
Les femmes sont conductrices
de la maladie et peuvent transmettre
la mutation à leurs enfants mais
elles n'ont habituellement pas de
manifestations hémorragiques.
Les hémorragies des hémophiles
se localisent le plus souvent dans
les articulations et dans les muscles
(hématomes) mais, à l'occasion d'un
traumatisme, toutes les localisations
sont possibles.
Au cours de ces
accidents, la perte de sang n'est pas
plus rapide mais elle est prolongée
et parfois infinie.
Les femmes sont
très rarement atteintes par cette
maladie.
Elle touche en revanche
1 garçon sur 10 000.
• L'anémie falciforme.
La drépanocytose
est une maladie autosomique récessive
(un individu n'en sera atteint que si ses
deux parents lui transmettent le gène).
Elle est due à une mutation unique,
ponctuelle, du gène B globine situé
sur le chromosome 11.
Ses symptômes
apparaissent vers l'âge de 6 mois
et se manifestent sous la forme de
gonflement de l'abdomen et du cœur
ainsi que des pieds et des mains.
La puberté du sujet est retardée et
il risque de subir des infections et
des ulcères de la jambe.
Cette maladie
touche environ un nouveau-né sur
6 000 et se caractérise par l'altération
de l'hémoglobine (protéine permettant
le transport de l'oxygène dans le sang).
• La mucoviscidose.
C'est la plus
fréquente
de toutes
les maladies
génétiques.
Elle fait donc
l'objet de
nombreuses
recherches.
Elle atteint un
nouveau-né
sur 3 000 en
France.
C'est une pathologie généralisée
à toutes les glandes endocrines
(à sécrétion interne, séreuses et
muqueuses) et dont les symptômes
sont divers.
Les appareils respiratoire
et digestif, mais aussi les glandes
sudoripares, sont les principaux
organes touchés.
Le gène responsable
est localisé sur le chromosome 7.
La transmission s'effectue selon un
mode autosomique récessif.
Les deux
sexes sont atteints de façon égale.
• La myopathie de Duchenne.
C'est une
des formes de dystrophies (anomalie du
développement ev ou dégénérescence) HÉRÉDITÉ
DES GROUPES SANGUINS
Les groupes sanguins sont
génétiquement déterminês par trois
allèles différents : l'allèle A, l'allèle B
et l'allèle O.
Les allèles A et B sont
dominants par rapport à 0 et
codominants entre eux.
Comme
chaque individu possède un couple
d'allèles, quatre groupes sanguins
peuvent être créês :A, B, AB et O.
Le
groupe 0 est donneur universel :
il est compatible avec tous les autres
groupes mais ne peut recevoir que du
sang O.
Le groupe AB peut recevoir A,
musculaires progressives à transmission
récessive.
Elles sont dues à des anomalies
moléculaires du gène de la dystrophine
présent sur le chromosome X.
Dans la dystrophie musculaire
de Duchenne, l'affaiblissement
de la ceinture pelvienne apparaît dans
la petite enfance (dès 2-3 ans).
Le torse
est rejeté en arrière, la marche devient
de plus en plus difficile, puis impossible
entre 10 et 13 ans.
L'évolution se fait
vers une aggravation et une
généralisation de l'atteinte musculaire,
y compris des muscles cardiaques.
À partir de l'adolescence, l'assistance
respiratoire devient nécessaire.
Elle touche un garçon sur 3 500.
Les femmes n'en sont pas atteintes
mais peuvent la transmettre.
• La maladie de Huntington.
La chorée
de Huntington est une maladie héréditaire
neurodégénérative (elle s'attaque au
système nerveux et se développe
progressivement).
Les premiers signes
apparaissent entre 35 et 50 ans et se
caractérisent par des mouvements
involontaires, rapides et saccadés.
Parallèlement à l'évolution progressive
des troubles moteurs qui entraînent
des chutes, des troubles de l'articulation
et de la déglutition, une démence
s'installe.
La maladie a une durée
moyenne de 17 ans et son issue est
fatale.
Le gène responsable de cette
maladie est situé sur le chromosome 4.
Elle touche moins d'1 personne sur
5 ooo en France et se transmet selon le
mode autosomique dominant.
LES ANOMALIES CHROMOSOMIQUES
On parle de maladies chromosomiques
soit lorsqu'un chromosome
supplémentaire se trouve sur une
des paires (trisomie) soit lorsqu'un
chromosome est absent sur une des
paires (monosomie) : cette anomalie
survient au moment de la méiose.
Quelques exemples
• La trisomie 21 ou syndrome de
Down est l'anomalie chromosomique
la plus fréquente {1/750 naissances).
Elle se manifeste par un déficit
intellectuel et par des modifications
morphologiques particulières.
Elle est
due à la présence d'un chromosome 21
supplémentaire.
Le plus souvent,
il s'agit d'un accident lors de la méiose.
Dans quelques cas, des formes familiales
sont observées, liées à une
« translocation » (un assemblage) B,
AB et 0, c'est le receveur universel.
Les groupes A et B sont incompatibles.
Le fadeur Rhésus
Le facteur Rhésus est une substance
antigénique prêsente dans le sang
qui détermine par sa présence ou son
absence les individus à Rhésus négatif
(Rh-) ou positif (Rh+).
Il est génétiquement déterminé par
deux allèles.
L'allèle Rh-est récessif
par rapport à l'allèle Rh+.
En France,
85 % de la population est Rh+.
d'un chromosome 21 avec un autre
chromosome (le plus souvent 13, 14
ou 15}.
Des cardiopathies sont associées
dans un pourcentage important de cas.
La fréquence de survenue de l'anomalie
augmente avec l'âge maternel.
• Le syndrome de Turner.
Il est lié
à l'absence d'un chromosome X en
totalité ou en partie.
Dans 30 % des cas
environ, il existe deux chromosomes X
mais l'un des deux est altéré.
Cela engendre une stérilité de l'Individu.
La prévalence du syndrome de Turner
est estimée à 1/2 500 nouveau-nés
de sexe féminin.
• La maladie de Klinefelter.
Elle regroupe un ensemble d'anomalies
chromosomiques caractérisées par la
présence d'au moins un chromosome X
supplémentaire dans un caryotype
masculi n.
Le plus souvent l'individu
atteint possède 47 chromosomes au
lieu de 46 avec XXV.
C'est une des
anomalies des chromosomes sexuels la
plus fréquente avec une prévalence de
1/600 à 1/700 nouveau-nés de sexe
masculin.
La fréquence augmente avec
l'âge maternel.
• La ma ladie Tripla X se caractérise
par la stérilité de la femme qui possède
3 chromosomes X au lieu de 2.
LES PROMESSES DE LA GÉNÉTIQUE
Le génome humain dont le séquençage
mobilise les équipes de scientifiques
du monde entier est porteur d'espoir.
À terme, l'Isolement d'un gène permettra
de mieux comprendre le déroulement
d'u ne maladie mais égal eme nt
de mettre en place un examen
de dépistage prénatal.
Aujourd'hui,
un simple test sanguin peut par
exemple dépister les porteurs du gène
de Huntington.
Cependant, pour la
plupart des 3 000 maladies génétiques
humaines répertoriées, le gène
responsable de la maladie n'a pas
encore été localisé.
La thérapie génique
a pour but de guérir une maladie
génétique en réparant le gène abîmé
qui en est la cause.
li s'agit d'en
introduire une copie normale dans les
cellules qui portent sa version abîmée.
Les cellules pourront alors de nouveau
fabriquer la protéine qui leur manquait.
Les difficultés de mise au point ont
toutefois freiné considérablement sa
mise en pratique.
Plusieurs essais pré
cliniques (en laboratoire) et cliniques
ont déjà été réalisés, en particulier aux
États-Unis.
Mais de nombreux obstacles
d'ordre scientifique doivent encore être
levés.
Deux problèmes notamment se
posent : celui de la nature du vecteur
susceptible de porter le « transgène »
vers la « cellule-cible » d'une part, celui
de l'innocuité de l'éventuel traitement
d'autre part.
La recherche en est dans
ce domaine encore à ses débuts..
»
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