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L'ETUDE D'UN RAPPORT ENTRE NOTIONS (méthodo philosophie)

Publié le 03/02/2020

Extrait du document

philosophie

volontés particulières) ; cette distorsion elle-même n’est qu’une représentation suscitée par l’apparence que prend le pouvoir d’une classe sociale. En fin de compte, le concept général de « société » n’est peut-être qu’une mystification, une abstraction vide, puisque tout se ramène au type de société auquel on a affaire. De même, le concept d’individu n’est peut-être qu’une entité, une abstraction, puisque les « intérêts » de l’individu ne se définissent que dans le contexte d’une classe sociale.

En conclusion, l’opposition individu/socïété, mise en œuvre sur le «terrain politique», fait plutôt apparaître des manques, des références nécessaires à d’autres domaines, car les notions qu’elle met en œuvre restent des abstractions vides.

• Domaine pédagogique : l’opposition individu/société est thématisée comme conflit entre une spontanéité originelle qui se suffirait à elle-même (thème de l’individu) et un conditionnement externe mis en œuvre par la société, qui viendrait donc contrarier, limiter, régler l’exercice d’une sorte de liberté première. L’éducation serait alors une «dénaturation» et le rapport individu/société ne pourrait dès lors être pensé que comme conflit.

En fait, l’opposition en question ne nous apprend rien sur le mécanisme même du conflit évoqué. Elle ne fait que postuler un certain type de relation entre individus (qu’elle caractérise comme donnés préconstitués) et société (pensée comme puissance extérieure). On retrouve le postulat d’une essence individuelle, d’un sujet humain précédant le social. La question est posée d’une telle manière que la réponse ne fait aucun doute. Les thèmes des « sociétés répressives » ou de la « société sans école », par exemple, renouent en fait avec l’idéalisme classique de l’essence humaine.

L’opposition individu/société, mise en œuvre au niveau pédagogique, ressuscite toute une problématique de «l’individu en soi», indépendant des conditionnements sociaux.

Conclusion

À l’issue de ces deux analyses, on peut se demander si le rapport pensé comme opposition est bien utile. L’explication des présupposés de l’opposition individu/société conduit à envisager un autre type de rapports : rapport de filiation génétique ou de détermination réciproque. Cette perspective peut aboutir à une problématisation des termes du sujet : par exemple, le fait de parler de « l’individu » (en soi, en général) implique déjà une approche partiale. Il n’y a en fait que des individus historiquement et socialement déterminés. Mettre l’accent sur le rôle formateur et constitutif des déterminismes sociaux revient à faire éclater la fausse unité de la notion d’individu, tout en problématisant l’utilisation de la notion de société comme abstraction qui ne tiendrait pas compte des différents types de société. Le rapport est plutôt un rapport de détermination réciproque, d’interaction. Il faut donc envisager une autre façon de poser le problème.

Souvent, la mise en rapport de deux domaines revient à penser un domaine sur le modèle du second. On a affaire alors à un rapprochement analogique. L’analogie peut alors avoir une valeur explicative réelle, ou n’être que purement descriptive.

Rapport de filiation réelle

Rapports de dérivation, de filiation génétique. Dans le cadre du sujet déjà évoqué « Individu et société » :

L’individu, dans son contenu psychologique ou moral, est-il le produit de la société ou au contraire préexiste-t-il, en tant qu’essence préconstituée, au réseau des relations sociales ?

La société se réduit-elle à une « somme d’individus » (constitution purement additive présupposant, là encore, des individus premiers et qui contracteraient des relations sociales données, qui choisiraient telle ou telle forme de groupement) ? Ou est-elle au contraire, une structure indépendante des individus et déterminant à la fois leur être et leur conscience ?

Rapport de détermination réciproque

Les rapports de filiation, de dérivation qui viennent d’être étudiés sont pensés maintenant non plus dans leur caractère unilatéral, mais comme un aspect d’un processus où l’inverse existe aussi.

Il n’y a pas une cause productrice d’un côté (par exemple, la société comme réseau de déterminismes) et un effet produit de l’autre (par exemple, l’individu comme simple effet de ces déterminismes) mais détermination réciproque, « action » et « réaction » unies dans un même processus. (Cf. les formules : «l’homme fait l’histoire» et «l’histoire fait l’homme».) Dans cette optique, la relation elle-même change : elle devient constitutive ; de même, la contradiction n’est plus exclusion. La cause devient effet, et l’effet lui-même devient cause. Ce type de rapport a une portée plus grande : il est à proprement parler constitutif.

Comment caractériser un rapport entre deux notions ?

Deux techniques de travail peuvent être utiles :

Questionner la raison d'être du rapport

Qu’est-ce qui, dans une des notions, se prête à la mise en rapport avec l’autre ?

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« 94 °[étude séparée des notions est donc méthodologiquement erronée et risque d'engager la réflexion sur des présupposés qui la limitent et la relativisent.

Comment aborder le sujet? La meilleure façon d'aborder ce type de sujet dans la réflexion prélimi­ naire est de se poser la question : quelles sont les raisons qui conduisent à mettre en rapport ces deux notions? Ou encore: pourquoi est-on amené à confronter ces deux notions? Il faut essayer de répondre à cette interrogation à l'aide de deux points de vue différents mais complémentaires : • En quoi l'opposition, le rapprochement, la confrontation des deux notions sont-ils indispensables? Ou encore: dans quelles mesures les deux notions envisagées ne peuvent-elles se définir que dans leurs relations réciproques? En quoi le rapport proposé entre deux notions recouvre-t-il un rapport réel, existant en acte? En quoi ce rapport est-il constitutif? • Dans quel contexte, pour quelles raisons, dans quel but est-on amené à envisager ce rapport? Qu'est-ce qui, dans un contexte historique ou culturel donné, appelle, suscite ce rapport? Sujet « Pouvoir et autorité.

» r opposition (ou le rapprochement) des deux notions proposées pourra être évoquée au sein d'un domaine particulier, par exemple ici, celui de la politique.

On dira schématiquement qu'en politique un pouvoir, pensé sur­ tout comme puissance matérielle de coercition et de direction, ne pourrait subsister longtemps sans autorité, c'est-à-dire sans une sorte d'ascendant psychologique, de force de conviction qui lui donne les attributs de la «légitimité».

Tout pouvoir tend à se constituer en autorité dès qu'il doit, pour sa survie, faire illusion sur sa propre nature (exemple : un pouvoir de classe qui se pose comme« représentant de l'intérêt général»).

Réciproque­ ment, une autorité sans pouvoir serait impuissante, et on ne voit pas à quoi elle correspondrait (exemple : la crise de l'Ancien Régime).

La liaison historique des crises d'autorité et des crises de pouvoir témoigne en faveur du caractère indissolublement lié des deux notions.

Dans le contexte d'une crise de société, le rapport entre les deux notions proposées revêt une importance particulière : tout état de fait, en politique, tend à se présenter comme état de droit, à se parer des allures de la légitimité.

Tout pouvoir tend à se poser d'emblée comme autorité, à produire lui-même ses propres justifications.. »

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